L’île d’Annobón : un joyau méconnu de l’Atlantique
Située à quelque 700 kilomètres de Malabo, la capitale de la Guinée équatoriale, l’île d’Annobón est un minuscule atoll rocheux de 17 km², peuplé d’environ 5 000 habitants. Isolée au large des côtes gabonaises, elle a une histoire riche et complexe, marquée par la colonisation, l’abandon, et une tentative de gouvernance autonome. Découverte par les Portugais au XVe siècle, l’île a été colonisée successivement par les Portugais et les Espagnols, mais sa distance et son isolement ont conduit à une relative indépendance de fait.
Une histoire d’autonomie oubliée
Après être passée de la domination portugaise à la souveraineté espagnole en 1778, Annobón a connu une période unique d’autonomie. Durant les XVIIIe et XIXe siècles, l’île a fonctionné sous un système démocratique local dirigé par le ‘Vidjil’, un conseil des anciens. Cette forme de gouvernance a été interrompue à la fin du XIXe siècle avec l’arrivée de missionnaires et l’intégration de l’île à une Guinée équatoriale nouvellement indépendante en 1968.
La domination équato-guinéenne et ses défis
Depuis l’intégration d’Annobón à la Guinée équatoriale, l’île a souffert du manque d’investissements de la part du gouvernement central, dirigé depuis 1979 par Teodoro Obiang Nguema. Les infrastructures restent sous-développées, avec des lacunes frappantes dans la santé, l’éducation et les communications. Les habitants dénoncent également le pillage des ressources naturelles et un système corrompu qui profite à la puissante élite, éloignée des besoins des Annobonais.
La quête d’indépendance vouée à l’échec?
En juillet 2022, des Annobonais exilés en Espagne ont proclamé unilatéralement l’indépendance de l’île, cherchant à éveiller l’attention sur leur situation désespérée. Cependant, cette déclaration a été accueillie par une répression sévère du régime équato-guinéen, avec de nombreuses arrestations. Certains Annobonais croient encore en un changement politique à Malabo qui pourrait améliorer leur condition, alors que d’autres s’accrochent au rêve d’une ‘république noire’ indépendante, bien que leur mouvement reste marginal et symbolique, élaboré dans l’ombre de Madrid.