Ce qu’il faut retenir
Le Groupe de la Banque mondiale désigne Alexandra Célestin, 49 ans, pour diriger le bureau de Brazzaville à compter du 1ᵉʳ octobre 2025. Elle succède à la Dre Louise-Pierrette Mvono. Sa mission s’inscrit dans un portefeuille de 766,72 millions USD et un dialogue constant avec les autorités congolaises.
Un relais stratégique au sein de la Banque mondiale
La nomination, annoncée le 18 août 2025, s’inscrit dans la volonté de l’institution de mutualiser, pays par pays, les divisions BIRD, IDA, SFI et AMGI. À Brazzaville, ce choix doit fluidifier la coordination des instruments financiers et garantir une même voix auprès des décideurs publics et privés.
Une économiste à la formation transaméricaine
Titulaire d’une maîtrise en finance de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, Alexandra Célestin a débuté dans la banque commerciale en Haïti avant de rejoindre, en 2006, le siège de Washington. Elle a dirigé des équipes sur les marchés des Caraïbes, d’Afrique de l’Est puis du Sahel, consolidant une expertise opérationnelle.
Continuité et synergies avec Louise-Pierrette Mvono
Louise-Pierrette Mvono, saluée pour avoir étendu le guichet congolais de 575 à 766 millions USD entre 2023 et 2024, retourne au Gabon afin d’assumer d’autres responsabilités régionales. « La passation a été soigneusement préparée afin d’assurer la continuité des programmes en cours », précise une source interne.
Trois priorités structurantes à Brazzaville
La nouvelle représentante cite d’abord le renforcement des relations de confiance avec le gouvernement, le secteur privé et les partenaires techniques. Ensuite, l’élaboration participative d’une stratégie pays 2026-2030. Enfin, la gestion quotidienne du bureau avec, selon elle, « un leadership ancré dans l’excellence et l’esprit d’équipe ».
Portefeuille en forte croissance
Le portefeuille congolais finance quatorze projets actifs touchant l’énergie, les routes, le numérique, l’éducation, la santé, l’agriculture et la protection sociale. La hausse des engagements reflète, selon Brazzaville, la crédibilité retrouvée des réformes budgétaires engagées depuis 2022 et saluées par plusieurs agences de notation.
Infrastructures et connectivité régionale
Le projet de réhabilitation de la RN1, corridor Pointe-Noire-Brazzaville, mobilise à lui seul 180 millions USD et illustre l’ambition de renforcer la position du Congo comme plateforme logistique du Golfe de Guinée et de la CEMAC. Des cartes interactives seront publiées dans nos prochaines éditions.
Numérique et transformation économique
Un programme de 90 millions USD soutient la modernisation des télécommunications et l’expansion de la fibre optique. L’objectif est de porter la couverture haut débit à 70 % de la population en 2028, condition cruciale pour l’essor des start-up et la diversification hors pétrole, selon le ministère de l’Économie numérique.
Santé et capital humain
En santé, la Banque mondiale finance la construction de laboratoires régionaux et l’achat d’équipements de télémédecine. Ces investissements complètent les efforts nationaux pour accroître la couverture maladie universelle et réduire la mortalité maternelle, actuellement estimée à 290 décès pour 100 000 naissances vivantes, d’après les données officielles.
Appui budgétaire pour la croissance inclusive
En juin 2025, le Conseil d’administration a approuvé un prêt de 80 millions USD destiné à améliorer la gestion des finances publiques et à accroître l’accès des PME au crédit. Ce soutien s’inscrit dans la feuille de route gouvernementale visant un taux de croissance de 6 % en 2026.
Contexte régional et dynamique CEMAC
La représentation congolaise interagit étroitement avec les bureaux voisins de Douala et Libreville afin de suivre la convergence macroéconomique CEMAC et le projet de monnaie digitale régionale. La future stratégie pays devrait intégrer ces paramètres pour optimiser les effets d’entraînement sur le marché commun.
Collaboration renforcée avec le secteur privé
La SFI prépare trois lignes de crédit vertes destinées aux banques locales pour financer l’énergie solaire hors réseau. Une première tranche de 25 millions USD pourrait être signée début 2026, après validation par la Commission bancaire régionale, confie un banquier congolais ayant requis l’anonymat.
Réceptions officielles à Brazzaville
Le 2 octobre 2025, Alexandra Célestin présentera ses lettres de créance au ministre des Finances, Rigobert Roger Andely, avant une visite de courtoisie auprès du Premier ministre. Un cocktail à la résidence du représentant de l’ONU permettra de réunir diplomates, investisseurs et société civile autour des nouveaux axes de coopération.
Paroles d’experts locaux
Pour Cédric Okouango, enseignant-chercheur à l’Université Marien Ngouabi, « l’augmentation du portefeuille reflète la confiance dans la gouvernance actuelle et ouvre des marges pour accélérer la transformation économique ». De son côté, la Chambre de commerce se dit prête à co-construire des mécanismes de garantie pour les PME.
Scénarios à moyen terme
Les projections internes de la Banque mondiale envisagent un accroissement des engagements jusqu’à 1 milliard USD en 2027, conditionné à la poursuite des réformes fiscales et à la stabilisation des cours pétroliers. Une hausse de 0,8 point de la croissance annuelle pourrait en découler, selon des simulations préliminaires.
Le point juridique et réglementaire
L’entrée en vigueur, en janvier 2026, de la nouvelle loi sur les partenariats public-privé est perçue comme un catalyseur pour les projets cofinancés par l’AMGI. Les équipes d’Alexandra Célestin participent déjà aux ateliers d’application des décrets, en lien avec le ministère chargé des Grands travaux.
Et après ?
Le premier semestre 2026 sera consacré à des consultations nationales devant nourrir la stratégie pays. Les acteurs attendent beaucoup de ce processus participatif pour aligner objectifs financiers et priorités sociales. « Notre ambition est de bâtir une croissance résiliente, verte et inclusive », rappelle la nouvelle cheffe de bureau.