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    Bootcamp musical à Douala : le soft power africain se met enfin au diapason

    Rédaction Centrafrique NewsDe Rédaction Centrafrique Newsjuin 24, 2025Aucun commentaire5 Mins de Lecture
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    À Douala, la partition d’une diplomatie culturelle

    Réunir en huis clos, quatre jours durant, vingt-deux mixeurs, compositeurs et ingénieurs du son venus de cinq pays d’Afrique centrale et de l’Ouest n’a rien d’un simple atelier technique. Derrière le bootcamp « Malongue », porté par l’auteur-compositeur camerounais Blick Bassy et orchestré par la promotrice culturelle Paola Yoko, transparaît une ambition singulière : placer la création musicale au cœur d’un projet de souveraineté et de rayonnement régional. À l’heure où l’Union africaine défend l’idée d’un marché unique de la culture (Agenda 2063), l’initiative doualaise inscrit la production sonore dans un registre éminemment diplomatique, celui du soft power.

    Les dessous géopolitiques de la création sonore

    Longtemps, les œuvres audiovisuelles africaines se sont approvisionnées auprès de catalogues européens ou nord-américains. Cet état de dépendance, souvent masqué par la dimension créative, s’est révélé coûteux – les redevances à l’importation représentent jusqu’à 35 % du budget musical d’un film francophone, selon une étude de l’UNESCO publiée en 2022. En dotant le continent d’une librairie musicale « moderne mais enracinée », « Malongue » aspire à renverser ce rapport de forces. Il s’agit, pour employer les mots de Paola Yoko, de « créer une matière sonore que l’on ne quémande plus à l’étranger », mais que l’on exporte, reflet d’un imaginaire collectif assumé.

    Formation intensive : un investissement stratégique

    Les master-classes dispensées par le Français Loris Bernot, le Ghanéen Thibault Kienz Agyeman et l’Espagnol Armand Pujol n’avaient pas seulement pour objet le perfectionnement d’outils de mixage. Elles visaient à intégrer les normes internationales – Dolby Atmos, immersion 3D, calibration streaming – afin que les créations africaines circulent sans friction sur Netflix, Canal+ ou Spotify. « Transmettre la capacité d’associer le visuel à une trame sonore dense et douce, c’est donner aux réalisateurs locaux une égalité de traitement sur le marché mondial », soutient Loris Bernot. En termes diplomatiques, la compétence technique devient vecteur d’égalité souveraine.

    Économie créative : le continent cherche la bonne fréquence

    Au-delà de l’esthétique, la librairie musicale envisagée ambitionne d’alimenter films, publicités, podcasts ou jeux vidéo, autant de segments en pleine expansion. Le cabinet PwC évalue à 8,5 milliards de dollars le potentiel des industries créatives africaines à l’horizon 2030. Or, sans propriété intellectuelle endogène, ces revenus glissent hors du continent. « Détenir les masters, c’est capturer la valeur », rappelle un conseiller au ministère camerounais de la Culture, convaincu que l’initiative pourrait inspirer une politique fiscale incitative, à l’image des tax rebates sud-africains pour le cinéma.

    Soft power et narratifs alternatifs

    À l’instar du K-pop coréen ou de la série turque exportée, la musique à l’image participe à la fabrication d’un récit national. En confiant aux créateurs africains la bande-son de leurs histoires, « Malongue » renforce une diplomatie d’influence que les chancelleries considèrent de plus en plus sérieusement. Le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a ainsi cofinancé des résidences sonores à Abidjan en 2024, jugeant qu’« il faut compter avec l’audio dans le jeu d’équilibre géopolitique ». La démarche camerounaise s’inscrit dans cette logique : multiplier les vecteurs émotionnels pour peser dans les imaginaires globaux.

    Entre coopération régionale et rivalités nationales

    La présence d’artistes du Togo, du Tchad ou de la République centrafricaine illustre une volonté de mutualisation des talents, mais elle révèle aussi des tensions latentes. Plusieurs participants ont reconnu, sous couvert d’anonymat, que la question du partage des droits numériques restait sensible. Les législations sur le copyright divergent encore fortement d’un État à l’autre, et l’absence d’un guichet unique continental complique la rémunération transfrontalière. Autrement dit, la belle harmonie créative doit composer avec la cacophonie juridique, condition sine qua non pour éviter que la librairie naissante ne se mue en arène concurrentielle.

    Vers une souveraineté culturelle africaine

    Le véritable enjeu réside peut-être moins dans la production que dans la gouvernance du catalogue. Blick Bassy plaide pour un modèle coopératif où chaque compositeur demeure actionnaire de la plateforme. Une perspective alignée sur la Charte de la culture de l’UA, qui promeut la propriété collective des ressources créatives. Si l’objectif est atteint, l’Afrique pourra non seulement réduire sa dépendance aux bibliothèques musicales occidentales, mais aussi imposer une esthétique sonore susceptible de rééquilibrer les flux symboliques Nord-Sud.

    De Douala à Hollywood : un chemin pavé de contraintes

    Reste la question de l’accès aux marchés. Pour qu’un spot publicitaire californien mise demain sur un track né à Douala, il faudra des agents, des agreements de sync et une robustesse administrative. Le Nigerian Economic Summit Group rappelle que seuls 12 % des catalogues africains disposent aujourd’hui d’ISRC conformes aux standards de la Recording Industry Association of America. Les organisateurs du bootcamp se disent prêts à financer un pôle légal dédié, financé par une dotation initiale de 250 000 euros promises par un fonds privé basé à Johannesburg.

    Une première note, mais pas le final

    En posant la première pierre d’une librairie musicale panafricaine, le bootcamp « Malongue » démontre que la créativité peut s’ériger en instrument de puissance autant qu’en levier économique. Pourtant, la réussite se mesurera à la capacité de transformer cet élan ponctuel en écosystème pérenne : formation continue, harmonisation juridique et partenariats de distribution demeurent au programme. Pour l’heure, les fréquences captées à Douala résonnent comme une promesse – celle d’un continent qui, enfin, se réapproprie sa bande sonore et envisage de la faire résonner sur les scènes du monde.

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