Cap sur l’anglais à Brazzaville
À Brazzaville, vingt-cinq nouveaux bacheliers franchissent cet été un pas décisif vers l’international en suivant une formation gratuite d’anglais dispensée du 25 août à fin septembre, initiative portée par Parfait Iloki, secrétaire permanent chargé de la communication et des nouvelles technologies au Parti Congolais du Travail.
Le Foreign Languages Training Center, situé dans le 9ᵉ arrondissement Djiri, héberge le programme qui entend doter les apprenants d’atouts linguistiques recherchés sur le marché régional et panafricain, marqué par une intégration croissante et des échanges commerciaux où l’anglais s’impose progressivement comme lingua franca.
En réunissant l’univers politique, l’expertise pédagogique et l’énergie de la jeunesse, cette initiative offre une vitrine de la diplomatie sociétale que prône le pays : mobilisation des acteurs publics et privés autour de projets concrets favorisant la montée en compétence d’une génération appelée à représenter le Congo sur diverses scènes.
Un pari sur la jeunesse brazzavilloise
Le coordonnateur adjoint du centre, Roland Ondzelo Ngoua, souligne que l’offre d’apprentissage répond à un besoin identifié lors des examens d’entrée à l’université : la maîtrise de l’anglais reste marginale malgré la réforme LMD, freinant l’accès aux ressources scientifiques et aux opportunités de mobilité académique continentale.
En sélectionnant des bacheliers issus de filières variées, le programme favorise un brassage interdisciplinaire qui stimule la créativité et prépare les stagiaires aux interactions professionnelles où l’agilité linguistique se conjugue à la polyvalence technique, conformément aux lignes directrices du Plan national de développement 2022-2026.
Parfait Iloki justifie son implication personnelle par une volonté de transmettre le capital symbolique accumulé au sein des organisations internationales qu’il côtoie lors de missions officielles, rappelant que « la diplomatie commence souvent par la capacité à comprendre et à être compris ».
Le rôle stratégique du Parti Congolais du Travail
Pour le Parti Congolais du Travail, promouvoir l’anglais relève d’une stratégie d’influence douce destinée à renforcer la visibilité du pays dans les forums multipartites, sans rompre avec la tradition francophone ; il s’agit plutôt d’ajouter un canal de communication conforme aux orientations de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Cette démarche consolide le lien entre formation et insertion socioprofessionnelle, thématique régulièrement rappelée dans les discours du président Denis Sassou Nguesso en faveur d’une jeunesse autonome, consciente des exigences d’un monde globalisé et apte à participer à la diversification économique nationale.
Sans verser dans le militantisme, le projet illustre la capacité des partis à proposer des solutions concrètes adossées à une expertise locale, répondant aux attentes d’une opinion publique attentive à l’impact direct des engagements politiques sur la vie quotidienne.
Le FLTC, un incubateur linguistique
Les formateurs, majoritairement diplômés de grandes universités anglophones, expliquent que la proximité culturelle entre participants favorise la prise de parole sans complexe, élément crucial pour surmonter le syndrome de l’apprenant passif souvent évoqué dans les études sur l’enseignement des langues en Afrique centrale.
Au-delà des cours en présentiel, une plateforme numérique interne permet de réviser via podcasts, quiz et forums d’entraide, démonstration que la digitalisation de l’éducation n’est plus l’apanage des métropoles majeures et qu’elle peut être adaptée aux réalités de connexion locales.
L’anglais, levier d’employabilité régionale
Une récente analyse de la Banque africaine de développement indique que posséder un anglais opérationnel accroît d’un tiers l’employabilité des diplômés congolais dans le pétrole, la logistique et la fintech, secteurs clés du golfe de Guinée.
Plusieurs stagiaires notent déjà un regain de confiance : profils LinkedIn en anglais, contacts sur des plateformes freelance et premiers échanges concluant avec des clients étrangers pour des contrats de traduction, de code ou de conception graphique.
Les entreprises locales, dont plusieurs sociétés d’exploitation forestière et start-up numériques basées à Kintélé, ont signifié leur intérêt pour accueillir les lauréats en stage, anticipant une demande accrue de compétences capables d’assurer la liaison avec des partenaires issus d’Afrique de l’Est, d’Inde ou des États-Unis.
Perspectives d’élargissement du programme
Roland Ondzelo Ngoua évoque la possibilité de prolonger la session jusqu’en novembre, conditionnée à la motivation des inscrits et à l’appui financier d’éventuels sponsors, parmi lesquels des organisations internationales attentives aux Objectifs de développement durable axés sur l’éducation de qualité et l’égalité des chances.
À moyen terme, les concepteurs ambitionnent de créer au sein du FLTC un pôle de certification TOEFL et IELTS, étape qui consacrerait Brazzaville comme hub linguistique sous-régional, complémentaire des institutions existantes à Douala ou Libreville et susceptible d’attirer un public étudiant issu de la diaspora.
Une dynamique à consolider
Bien que limité en effectif, le projet pilote témoigne d’une dynamique orientée vers la valorisation du capital humain, levier que les partenaires techniques et financiers présentent régulièrement comme clef de la résilience économique post-pandémie dans les économies d’Afrique centrale.
En multipliant les passerelles entre politique publique, engagement partisan et innovation pédagogique, la République du Congo montre qu’elle peut déployer des solutions endogènes pour préparer sa jeunesse aux défis de la concurrence régionale, tout en consolidant son image positive sur la scène diplomatique.