Un tournant pour la communication économique
En scellant, le 27 août à Brazzaville, un accord stratégique, le Congrès des chefs d’entreprise du Congo et le groupe de presse La Nouvelle République ont posé un jalon notable dans la consolidation de l’écosystème entrepreneurial congolais, en privilégiant l’articulation entre visibilité médiatique et dynamisme privé.
Pour les parties prenantes, la coopération répond à une exigence partagée : renforcer le narratif d’un Congo-Brazzaville qui s’appuie sur l’innovation et l’investissement national afin d’accélérer la diversification économique prônée par les autorités de Brazzaville depuis la stratégie de développement 2022-2026.
La signature, présidée par le directeur de cabinet du ministère de la Communication, confère également au dispositif une caution institutionnelle, témoignant de la volonté gouvernementale de mobiliser médias publics et acteurs privés autour d’un objectif commun : hisser la marque Congo parmi les destinations d’affaires les plus crédibles d’Afrique centrale.
Synergies public-privé et gouvernance
Le président du Ccec, Paul Nestor Mouandzibi, rappelle que l’organisation représente plus de 2 000 entreprises, actives de Pointe-Noire à Ouesso. « Notre priorité est de créer un dialogue franc avec les institutions afin de transformer la résilience entrepreneuriale en croissance inclusive », affirme-t-il.
De son côté, Anasth Wilfrid Mbossa insiste sur le principe du partenariat gagnant-gagnant : en bénéficiant d’analyses sectorielles fournies par le patronat, la rédaction pourra affiner ses contenus tandis que les entreprises profiteront d’une tribune professionnelle susceptible d’attirer investisseurs, banques et partenaires techniques.
Au plan institutionnel, la convergence répond aux orientations du Plan national de développement, lequel encourage le renforcement de la gouvernance économique et la promotion d’un secteur privé robuste. Le dispositif médiatique apparaît ainsi comme un instrument supplémentaire d’appui aux politiques publiques sans mobiliser de ressources budgétaires additionnelles.
Impact attendu sur l’entrepreneuriat national
Selon les estimations internes du Ccec, huit entreprises sur dix peinent encore à accéder aux marchés internationaux faute de visibilité. La campagne d’information conjointe devrait favoriser la certification, la normalisation et l’attraction de capitaux, trois variables jugées décisives pour améliorer la compétitivité.
Pour les PME installées en zones semi-rurales, le partenariat ouvre un canal vers un public urbain et vers la diaspora congolaise, particulièrement active dans le financement participatif. Cette dimension diasporique, encore marginale, pourrait se transformer en levier de transfert de technologies et de remises d’expatriés.
Plus largement, l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine, à laquelle Brazzaville se prépare, confère à la transparence des entreprises un caractère stratégique. Un flux constant d’informations crédibles contribuera à rassurer les homologues du continent et à négocier des partenariats transfrontaliers équilibrés.
Le rôle croissant des médias numériques
Créé en 1998, le groupe La Nouvelle République a épousé l’évolution technologique : édition numérique, télévision en ligne et réseaux sociaux. Cette infrastructure permet d’atteindre une audience jeune, connectée et exigeante, segment que les études du ministère du Numérique décrivent comme moteur de consommation d’informations économiques.
L’accord avec le Ccec inclut la production de capsules vidéo, de podcasts et de dossiers interactifs. Cette diversification éditoriale répond aux standards d’organismes tels que l’Union africaine de radiodiffusion, qui plaide pour des contenus multicanaux afin de stimuler la participation citoyenne aux chantiers de développement.
Les spécialistes de la communication observent qu’un récit économique cohérent, relayé sur mobile, augmente l’adhésion aux réformes. À terme, cette dynamique pourrait soutenir l’inclusion financière par une meilleure connaissance des services bancaires numériques, un objectif convergent avec la stratégie nationale d’éducation financière.
Perspectives régionales et internationales
Au-delà des frontières, le Ccec entend capitaliser sur les réseaux panafricains de La Nouvelle République, dont certains contenus sont diffusés via l’Agence panafricaine d’information. De facto, les entreprises congolaises disposeront d’une vitrine régionale qui peut faciliter leur insertion dans les chaînes de valeur continentales.
Les bailleurs multilatéraux, attentifs aux initiatives favorisant la transparence, pourraient trouver dans cette alliance un indicateur positif de gouvernance. Le Fonds africain de développement met régulièrement en avant les médias comme partenaires clés pour le suivi citoyen des projets financés, gage de performance et de redevabilité.
À moyen terme, les analystes estiment que la démarche pourrait inspirer d’autres États de la Communauté économique des États d’Afrique centrale. Brazzaville confirme ainsi son positionnement de hub sous-régional pour les services, en cohérence avec la politique de zones économiques spéciales promue par le gouvernement.
Pour reprendre les mots de Paul Nestor Mouandzibi, « la communication est un actif aussi déterminant que le capital financier ». En dotant le secteur privé d’une voix structurée, le partenariat participe à l’édification d’un Congo prospère, moderne et respecté, ambition soutenue par les autorités nationales.
Les prochaines étapes incluent la mise en place d’un observatoire commun pour mesurer l’impact des campagnes médiatiques sur la création d’emplois. Les données collectées, publiées chaque semestre, offriront aux décideurs publics et aux partenaires extérieurs des indicateurs précis sur l’efficacité de l’écosystème entrepreneurial congolais.
À l’horizon 2025, un forum annuel pourrait être organisé sous l’égide du ministère de la Communication, pour confronter chercheurs, journalistes et chefs d’entreprise autour des meilleures pratiques de promotion économique.