Ce qu’il faut retenir
La 4ᵉ étape du Beach-volley Tour Zone 4 s’est tenue les 4 et 5 octobre 2025 à Kintélé. Vingt-huit duels intenses ont couronné la paire congolaise Mazengo-Douala et, côté dames, le tandem camerounais Nzali-Dang. Les deux finalistes de chaque tableau empochent médailles et trophées officiels.
Le classement régional reste dominé par le Cameroun, mais le Congo conforte sa place de challenger grâce à l’or masculin et au bronze féminin. Les Centrafricains complètent un podium sous-régional qui concentre désormais la majorité des talents d’Afrique centrale.
Contexte régional du Beach-volley
Depuis cinq ans, la Confédération africaine de volley-ball promeut un circuit itinérant pour faire du sable un creuset de cohésion régionale. La Zone 4, qui regroupe six pays d’Afrique centrale, voit son calendrier s’étoffer et attire des partenariats publics-privés centrés sur la jeunesse et le tourisme.
Brazzaville, hôte historique d’événements panafricains, capitalise sur l’héritage des Jeux africains 2015. Les courts du Complexe La Concorde, homologués par la Fédération internationale, servent de référence pour la sous-région et renforcent la diplomatie sportive prônée par les autorités congolaises.
Brazzaville, capitale sportive
Sous l’impulsion du ministère des Sports, les infrastructures de Kintélé accueillent chaque année près de 30 compétitions fédérales. Le choix de Brazzaville pour cette étape répond à une stratégie de valorisation du corridor fluvial et à l’objectif de faire rayonner la ville comme hub de sport-spectacle.
Le public, composé de nombreux étudiants, a répondu présent malgré une météo changeante. « L’enthousiasme des tribunes a galvanisé nos athlètes », confie Parfait Malonga, directeur départemental des Sports, pour qui ces rencontres créent un modèle d’engagement citoyen.
Déroulement des matches
La demi-finale masculine entre le Congo et la Centrafrique a offert un suspense haletant, la paire Mazengo-Douala renversant la tendance après un premier set accroché. En finale, les Congolais ont imposé un service agressif, neutralisant la réception d’Abba et Adji pour boucler en vingt-six minutes.
Chez les dames, l’affiche 100 % camerounaise a souligné la profondeur de banc des Lionnes indomptables. Après avoir cédé le premier set, Nzali et Dang ont haussé le rythme au filet, profitant d’un vent latéral pour varier les trajectoires et surprendre Irina et Nina au tie-break décisif.
Atouts congolais et coaching
Le succès masculin congolais doit beaucoup au binôme formé par l’entraîneur Félix Obambi et au préparateur physique brésilien Paulo Silva, recruté cette saison par la Fédération. Leur programme allie pliométrie et analyse vidéo, deux leviers qui ont permis d’améliorer la lecture de jeu sur le sable.
« Nous avons misé sur la régularité du side-out et la sérénité mentale », explique Mazengo, saluant aussi l’effort du corps médical. Les performances témoignent de la politique de détection des talents conduite dans les départements côtiers, financée par le Fonds national pour la promotion du sport.
Une marraine engagée
Présente sur le bord de terrain, la colonel Christelle Colombe Bouaka Milandou, marraine de l’étape, a remis les médailles en soulignant « le rôle de la discipline dans la cohésion armée-nation ». Coordonnatrice du club D.G.S.P., elle milite pour la féminisation des sports de plage, à l’image du programme « Sable pour toutes ».
Son engagement illustre la convergence entre structures de sécurité et encadrement de la jeunesse. Plusieurs cadets du Centre national d’instruction sportive étaient mobilisés comme ramasseurs de balle, une initiative saluée par l’inspecteur général Charles Dinga pour sa « rigueur et sa valeur pédagogique ».
Dimension diplomatique et intégration CEMAC
La présence de Mme Fonkou, première conseillère de l’ambassade du Cameroun, et d’officiels centrafricains a donné un relief diplomatique à l’événement. Les matches se sont déroulés dans un esprit de fair-play salué par le président de la Ligue de Brazzaville, Antoine Rodriguez Zinga.
Au-delà de l’enjeu sportif, la compétition sert de plateforme de dialogue pour l’harmonisation des visas sportifs CEMAC. Les délégations ont convenu de proposer un laissez-passer régional dédié aux compétitions de moins de dix jours, afin de fluidifier la circulation des équipes et des équipements.
Retombées économiques et touristiques
Les hôtels de Kintélé affichaient un taux d’occupation de 85 %, selon l’Office du tourisme, avec un pic le soir des finales. Les artisans locaux ont écoulé près de 1 200 articles dérivés, des sandales aux drapeaux, générant une micro-économie estimée à 22 millions de francs CFA.
Le comité d’organisation évoque également l’impact médiatique. Les directs diffusés par la télévision publique et deux plateformes de streaming ont touché environ 500 000 spectateurs cumulés, offrant aux sponsors, dont la Banque postale du Congo, une visibilité régionale accrue.
Le point juridique / éco
La récente loi relative à la gestion des infrastructures sportives confie à des sociétés de droit privé la maintenance des sites hors calendrier international. Cette forme de concession ouvre des marges de rentabilité et garantit un entretien conforme aux normes fixées par la C.A.V.B.
Sur le plan fiscal, l’exonération de TVA sur l’importation de sable siliceux destiné aux terrains sportifs, prorogée en juillet 2025, a permis de réduire de 18 % les coûts de préparation. Les fédérations entendent pérenniser cette mesure pour soutenir la pratique, notamment dans les zones fluviales.
Et après ?
La prochaine étape est attendue à Douala en février 2026. Les Congolais doivent confirmer en terrain adverse, mais la dynamique enclenchée à Kintélé nourrit l’espoir d’un doublé. Le président fédéral, Jean-Robert Bindélé, envisage déjà un camp de préparation commun avec le Cameroun, gage d’intégration régionale.
À plus long terme, la fédération ambitionne d’organiser une étape continentale qualificative pour le circuit mondial. Un dossier est à l’étude, porté par les autorités congolaises, qui voient dans le beach-volley un vecteur de rayonnement soft power et un relais de croissance pour le sport-business national.
