Ce qu’il faut retenir
Réunis le 24 octobre à Brazzaville, les administrateurs du Pôle régional de recherche appliquée au développement des systèmes agricoles d’Afrique centrale ont placé la mobilisation de ressources et le capital humain au cœur de la 17ᵉ session de leur conseil d’administration.
Ils veulent donner à l’institution, ancrée à N’Djamena, les moyens de mettre en œuvre un plan stratégique qui s’étend sur dix ans, tout en consolidant la recherche agronomique et la sécurité alimentaire dans les six États de la Cemac.
Brazzaville, carrefour stratégique
Le choix de la capitale congolaise n’est pas anodin. En accueillant la session, Brazzaville réaffirme son soutien logistique et politique à la recherche régionale, salué par le président du conseil d’administration, le Pr Auguste Emmanuel Issali, pour « l’organisation exemplaire des travaux ».
La proximité des décideurs congolais et des partenaires techniques rend le lieu propice à des échanges pragmatiques sur la mobilisation de fonds publics et privés nécessaires au secteur agricole.
Gouvernance Cemac en filigrane
La réunion s’inscrit dans la dynamique de bonne gouvernance et de redevabilité communautaire prônée par la Cemac. Les administrateurs rappellent que chaque franc dépensé sera suivi d’indicateurs de performance, gage de transparence vis-à-vis des États membres et des bailleurs.
« Les orientations reflètent la détermination du Conseil à doter le Prasac des moyens adéquats », assure le directeur général, Jean Louis Mihindou Doukaga, dans un climat où rigueur budgétaire et ambition scientifique doivent coexister.
Feuille de route décennale du Prasac
Le plan stratégique couvre la période 2024-2033. Il vise à harmoniser les programmes nationaux de recherche, favoriser la diffusion des innovations et améliorer la compétitivité des filières vivrières et d’exportation.
Les administrateurs ont passé en revue les chantiers prioritaires : infrastructures de laboratoire, digitalisation des données agronomiques et partenariats avec les universités de la sous-région. Le calendrier opérationnel reste conditionné aux décaissements attendus.
Mobilisation des ressources financières
La session a disséqué les pistes de financement. Cotisations nationales, partenariats multilatéraux et appels à projets compétitifs forment la colonne vertébrale du futur dispositif.
Conscient de « certaines contraintes budgétaires », Mihindou Doukaga note toutefois un bilan 2024-2025 « globalement satisfaisant » et entrevoit des « perspectives encourageantes pour 2026 », signes que la stratégie de diversification porte déjà ses premiers fruits.
Consolider la recherche agronomique
Dans un contexte de changement climatique et de pression démographique, renforcer la recherche agronomique demeure l’axe numéro un. Les administrateurs ont insisté sur la mutualisation des protocoles expérimentaux pour réduire les coûts et gagner en efficacité.
La consolidation passe aussi par la valorisation des résultats auprès des agriculteurs, afin que le transfert de technologie se traduise, à terme, par une hausse tangible de la productivité et des revenus ruraux.
Recruter, former, retenir les talents
Le second dossier majeur porte sur le recrutement de nouveaux agents. Les profils attendus couvrent la recherche fondamentale, la vulgarisation, la gestion de projet et la finance.
Issali rappelle que « les hommes et les femmes du Prasac demeurent la première richesse de l’institution ». D’où l’importance d’un plan de carrière attractif et de formations continues, levier clé pour fidéliser les experts dans la sous-région.
Scénarios possibles
Si la mobilisation de ressources atteint les niveaux visés, le Prasac pourrait déployer intégralement ses projets pilotes dès 2026, accélérant la diffusion de variétés améliorées et de pratiques durables.
Un scénario intermédiaire verrait le plan avancé par étapes, priorisant les filières vivrières les plus stratégiques. Un scénario plus modéré repousserait certaines ambitions, sans toutefois remettre en cause les acquis scientifiques engrangés depuis vingt ans.
Et après ?
Les administrateurs publieront dans les prochains mois une feuille de route actualisée, assortie d’indicateurs de suivi. Les États membres seront régulièrement informés des décaissements et des livrables techniques.
À court terme, l’organisation d’ateliers nationaux renforcera le dialogue avec les agriculteurs, de façon à ajuster les thèmes de recherche aux réalités du terrain et à maintenir l’élan commun au service de la sécurité alimentaire.
