Un signal politique fort en faveur des petites et moyennes entreprises
Il est désormais de bon ton, dans les chancelleries comme dans les salles de marché, de saluer la résilience économique du Congo-Brazzaville. L’initiative portée le 28 juin 2025 par la Direction départementale des PME de Brazzaville, sous l’égide du ministère en charge du commerce et des petites entreprises, s’inscrit dans cette dynamique. La master-class « Comment créer, gérer, financer et développer son entreprise » répond à un double impératif : traduire la volonté du chef de l’État de renforcer le tissu productif national et offrir aux acteurs émergents un cadre méthodique pour passer de l’idée à la structure formelle, puis à la recherche de capitaux.
L’architecture institutionnelle mise au service des porteurs de projets
Dans son propos liminaire, le directeur général des petites et moyennes entreprises, Rudy Steph Mpiéré Gouamba, a rappelé que « le Congo dispose d’atouts naturels et humains qu’il convient de convertir en chaînes de valeur compétitives ». Cette assertion, relayée par plusieurs intervenants, prend forme à travers la simplification des démarches administratives. L’enregistrement d’une société, jadis perçu comme un parcours d’obstacles, ne requiert plus qu’une poignée de journées grâce au guichet unique. Cette rationalisation répond aux recommandations formulées par la Banque africaine de développement, laquelle encourage l’harmonisation sous-régionale des régimes d’agrément afin de réduire le coût de la formalisation.
Le Figa et la promesse d’un financement endogène maîtrisé
Au cœur des échanges, la question du capital reste la plus sensible. Le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement (Figa) – représenté par son directeur interdépartemental, M. Mpara – a détaillé les mécanismes de partage du risque avec les établissements bancaires. Depuis sa relance, l’instrument a déjà permis de cautionner plus de quatre-vingt dossiers pour un montant agrégé dépassant trois milliards de francs CFA, selon les chiffres avancés durant la séance. Un banquier présent a d’ailleurs confirmé que « le taux de sinistralité demeure inférieur aux prévisions prudentielles, preuve que le suivi technique fonctionne ». Par ricochet, la solvabilité accrue des jeunes entrepreneurs attire l’attention des fonds panafricains spécialisés dans les secteurs du numérique, de l’agro-transformation et des services créatifs.
La gestion managériale comme garant de la pérennité
Si l’accès au crédit constitue la clef d’entrée, la gouvernance interne reste la condition de longévité. L’économiste Jean-Baptiste Kourissa l’a illustré en estimant que « 70 % des défaillances précoces résultent d’une comptabilité lacunaire ou d’une absence de protection sociale pour le promoteur ». La participation de la Caisse nationale de sécurité sociale a donc offert une perspective rarement abordée sous nos latitudes : intégrer dès l’amorçage la couverture des dirigeants et de leur personnel. Cette démarche s’inscrit dans la philosophie du Plan national de développement 2022-2026, lequel fait de la protection sociale un vecteur d’inclusion et de stabilité.
Une diplomatie économique qui s’invite dans la salle de conférence
La présence d’élus, de représentants d’organisations internationales et d’artistes témoigne de la transversalité recherchée. Pour les bailleurs, cette pluralité confère à la rencontre un caractère quasi-diplomatique, car elle renvoie l’image d’un pays soucieux de bâtir des ponts entre secteurs publics et privés. Les experts rappellent que l’adhésion du Congo à la Zone de libre-échange continentale africaine oblige les PME locales à développer une compétitivité intrarégionale. Dans cette perspective, la master-class fait office de laboratoire en réunissant la chaîne complète de valeur : conception, financement, conformité et exportation.
Cap vers une régularité de l’exercice et la consolidation des acquis
Au terme de six heures d’échanges, le constat est unanime : la demande de formation managériale reste soutenue et mérite une programmation récurrente. Didace Ngafoula-Ganao, directeur départemental des PME de Brazzaville, a proposé d’institutionnaliser un cycle semestriel qui serait adossé à un observatoire statistique des créations d’entreprise. Une telle proposition, accueillie favorablement par les participants, viendrait densifier le dialogue public-privé et nourrir le suivi-évaluation des politiques dédiées à l’entrepreneuriat. En filigrane, la mesure aurait pour vertu de crédibiliser davantage le narratif macroéconomique congolais auprès des bailleurs, tout en ancrant les start-up dans une culture de la performance mesurable.
Entre prudence des investisseurs et optimisme des jeunes pousses
La conjoncture internationale, marquée par un resserrement des conditions financières, incite naturellement les institutions de prêt à la prudence. Toutefois, l’engouement observé dans la salle de l’Hôtel Grand Lancaster laisse présager que l’appétit entrepreneurial congolais ne faiblit pas. Les étudiants présents, nombreux, ont interrogé les praticiens du droit des affaires sur la propriété intellectuelle, signe d’un intérêt croissant pour les industries culturelles et créatives. Le message principal demeure donc le suivant : l’environnement d’affaires s’améliore et le pays entend se doter d’une base productive diversifiée afin de consolider sa souveraineté économique.
