Ce qu’il faut retenir
La dixième session budgétaire de la quinzième législature s’ouvre dans une atmosphère de recueillement, marquée par la disparition de figures politiques et de Casques bleus congolais. Sous la houlette d’Isidore Mvouba, l’Assemblée entend examiner un projet de finances 2026 axé sur la mobilisation des ressources et la digitalisation.
Un Parlement entre deuil et devoir budgétaire
L’hémicycle observe d’abord une minute de silence pour André Georges Mouyabi et Joseph Mbossa. Les obsèques, organisées en présence du président Denis Sassou Nguesso, rappellent la continuité des institutions malgré l’épreuve. « Notre émotion ne doit pas entamer notre détermination républicaine », confie un député du Pool, la voix voilée.
Élu de longue date, Isidore Mvouba insiste sur la nécessité d’un travail serein : « Le pays attend de nous une gestion exemplaire des deniers publics. » Le président du Sénat, Pierre Ngolo, acquiesce, évoquant douze affaires majeures pour chaque chambre, dont le vote décisif du budget 2026.
Les priorités de la loi de finances 2026
Le texte gouvernemental ambitionne de renforcer la collecte fiscale en élargissant la base, tout en digitalisant la chaîne de dépense pour réduire les délais. L’option partenariats public-privé demeure privilégiée pour financer routes, énergie et télécoms, créant un effet de levier non négligeable.
Isidore Mvouba plaide pour « ingéniosité et discipline » afin de soutenir les réformes enclenchées. Le Parlement compte auditionner successivement les ministres des Finances, du Plan et du Numérique pour éclairer les projections de croissance, données clefs d’une programmation budgétaire jugée réaliste par plusieurs analystes locaux.
Sécurité intérieure et hommage aux forces engagées
La lutte contre le banditisme urbain reste prioritaire. Mvouba salue le rôle de la Direction générale de la sécurité présidentielle et de la Garde présidentielle, dont les patrouilles mixtes avec la police ont permis une baisse sensible des braquages à Brazzaville, selon des chiffres communiqués par l’état-major.
En République centrafricaine, cinq Casques bleus congolais ont péri lors d’une opération. « Devant une telle tragédie, nos cœurs sont lourds », déclare le président de l’Assemblée, promettant que « leur œuvre restera gravée ». Le Parlement étudie déjà un projet de fonds de soutien aux familles endeuillées.
L’enrôlement électoral, clé de la stabilité
Alors que la révision des listes se poursuit, les élus exhortent les citoyens à s’enrôler massivement. L’objectif affiché est un fichier fiabilisé avant les municipales de 2026. Des kits biométriques supplémentaires ont été déployés dans le Kouilou et la Cuvette afin de réduire les files d’attente.
Rentrée scolaire et continuité publique
Malgré les deuils successifs, la rentrée s’est déroulée dans les délais sur l’ensemble du territoire. Mvouba y voit la preuve « de la résilience des institutions ». Des cours de rattrapage sont financés par le budget rectificatif 2025 pour compenser les perturbations post-Covid, salués par les parents d’élèves.
Partenaires financiers et infrastructures d’énergie
Dans l’hémicycle, les bancs de la majorité soulignent l’appui constant du FMI, de la BAD et de la Banque mondiale. Leur concours technique a permis d’accélérer le projet de transport d’électricité Pointe-Noire–Brazzaville, destiné à réduire de 30 % les pertes en ligne dès 2027.
« Ces investissements créent des emplois directs et stabilisent la fourniture aux PME », résume un expert du ministère de l’Énergie. Le Parlement veut garantir, par des clauses de transparence, que les retombées profitent aussi aux communes rurales traversées par la ligne haute tension.
Scénarios pour la session d’automne
Plusieurs députés évoquent une adoption du budget avant la mi-décembre, scénario optimiste permettant un décaissement précoce des crédits. Un second scénario retarde le vote à fin décembre pour affiner le ciblage social. Les groupes parlementaires entendent éviter tout dérapage des délais constitutionnels.
La discipline de vote, traditionnellement forte, pourrait être assortie d’amendements techniques sur la fiscalité minière, juge un chercheur de l’Université Marien Ngouabi. L’opposition parlementaire, minoritaire, mise surtout sur des interventions de fond pour documenter ses propositions sans bloquer le calendrier.
Et après ? Les chantiers du Parlement
Une fois le budget adopté, députés et sénateurs plancheront sur les avant-projets relatifs à la cybersécurité et au statut de l’entrepreneur individuel. Objectif : attirer de nouveaux investisseurs et sécuriser les jeunes pousses locales, moteurs attendus d’une diversification économique durable.
Isidore Mvouba conclut qu’il attend « des initiatives constructives et positives », souhaitant que cette session incarne « le dialogue, la responsabilité partagée et le progrès collectif ». Dans les couloirs, l’ambiance reste studieuse : entre deuil et ambition, le Parlement veut donner le ton d’une gouvernance apaisée.
