Ce qu’il faut retenir
Les investissements directs étrangers au Cameroun ont bondi à 529 milliards de FCFA, soit environ 929 millions de dollars, selon le rapport 2024 de la Cnuced.
La hausse annuelle de 10,8 % confirme l’attractivité retrouvée du marché camerounais, porté par un agenda d’infrastructures, une stabilité macroéconomique relative et des réformes ciblées sur la facilitation des affaires.
Le taux d’IDE sur PIB atteint désormais 2,4 %, son plus haut niveau depuis 2015, et reflète la confiance retrouvée des investisseurs après la parenthèse pandémique.
Pourquoi la Cnuced salue Yaoundé
Le rapport souligne l’amélioration progressive du cadre réglementaire, notamment l’adoption d’un guichet unique numérique pour l’enregistrement des sociétés et la rationalisation des incitations fiscales jugées auparavant opaques.
« Le délai moyen de création d’entreprise est passé de quinze à quatre jours », rappelle Martha Okeke, analyste Afrique Centrale à Genève, estimant que cet indicateur envoie un signal positif aux investisseurs institutionnels.
Énergie et infrastructures en tête
Plus de la moitié des flux auraient visé l’énergie, avec la mise en service des barrages de Nachtigal et de Memve’ele, ainsi que le closing financier du projet gazier Gazel Energie à Kribi.
Le corridor routier Douala-Bangui, cofinancé par la Banque africaine de développement, concentre également des capitaux émiratis et sud-africains, soucieux de sécuriser les chaînes logistiques vers l’hinterland.
Impact sur le tissu économique
Selon le ministère de l’Économie, chaque tranche de 100 milliards de FCFA d’IDE génère environ 8 000 emplois directs et 12 000 indirects, principalement dans le BTP, la maintenance industrielle et les services aux entreprises.
Les PME locales profitent de transferts de compétences, à l’image de la start-up Agrix Tech, désormais prestataire pour un consortium asiatique de drones agricoles.
Le point juridique/éco
L’entrée en vigueur du nouveau code des investissements, soutenu par la CEMAC, abaisse l’impôt sur les sociétés à 25 % pour les projets verts et offre un moratoire douanier de cinq ans sur les équipements importés.
Les juristes saluent aussi la clause de stabilité fiscale de dix ans, jugée déterminante dans un contexte régional marqué par la volatilité des matières premières.
Regards d’experts régionaux
Pour José Olangi, économiste congolais, « la montée des flux vers le Cameroun ne se fait pas au détriment des voisins ; elle crée plutôt un halo de confiance susceptible de bénéficier également au Congo-Brazzaville ».
Cette lecture est partagée à Brazzaville, où le Conseil national du dialogue public-privé anticipe de nouveaux partenariats sur le corridor Ouesso-Kribi afin de maximiser les complémentarités logistiques.
Scénarios 2025
La Cnuced envisage trois trajectoires: un maintien du rythme actuel, un scénario de rattrapage à 1,2 milliard de dollars si le climat sécuritaire s’améliore dans le Nord-Ouest, ou un ralentissement lié à une conjoncture mondiale défavorable.
Le gouvernement mise sur la première option, arguant de la poursuite des réformes et de l’entrée en production de nouvelles mines de bauxite à Minim-Martap.
Et après ?
Yaoundé veut capitaliser sur le sommet Invest in Cameroon prévu en novembre pour présenter un pipeline de projets évalué à 4 milliards de dollars, couvrant l’agro-industrie, l’hydrogène vert et la transformation numérique.
Une mission conjointe Cnuced-OIF accompagnera la structuration d’instruments de financement en devises locales, afin de réduire la dépendance au dollar et de soutenir la stabilité du FCFA.
Ce que cela signifie pour les décideurs
Pour les dirigeants d’entreprises, la dynamique actuelle traduit un changement de perception du risque pays, désormais inférieur à celui de plusieurs marchés voisins, selon l’assureur Coface.
Les bailleurs bilatéraux, eux, voient dans cette embellie un levier pour promouvoir les chaînes de valeur régionales, renforçant ainsi la résilience de l’ensemble de la zone CEMAC.
