Une sortie prématurée malgré des signes d’espoir
La défaite 0-2 face au Nigeria, le 19 août, a scellé le sort des Diables rouges dans la poule D du Chan 2024, laissant le Congo quatrième derrière le Soudan, le Sénégal et les Super Eagles.
Avec deux points glanés lors des deux premiers nuls, les Congolais devaient gagner par deux buts d’écart pour voir les quarts, objectif demeuré plausible jusqu’à la 56e minute.
Le réalisme d’Anas Yusuf, puis d’Alimi dans le temps additionnel, a transformé l’équation théorique en élimination concrète, malgré la volonté offensive affichée par le sélectionneur Isaac Ngata.
Le vestiaire est sorti dépité, pourtant applaudi par un public de Bouaké conscient que l’équipe n’a jamais renoncé, signe d’une combativité reflétant la résilience nationale.
Les causes sportives d’une élimination
Les techniciens interrogés citent d’abord le déficit de temps de jeu : le championnat national s’était interrompu plus de six semaines avant le tournoi, émoussant la forme acquise en stage.
Le manque de matchs amicaux de haut niveau a également privé le groupe de repères tactiques, indispensable face à des adversaires disposant de compétitions régulières et d’effectifs étoffés.
Plusieurs joueurs ont admis un relâchement physique en seconde période, conséquence directe d’une préparation tronquée et d’un calendrier continental resserré.
Un but annulé contre le Soudan et une égalisation sénégalaise concédée à la 85e minute nourrissent des regrets, mais révèlent surtout une fragilité dans la gestion des temps faibles.
La question des primes, réglée tardivement, a pu brouiller la concentration ; toutefois, le capitaine Chancel Nziengui assure que « le groupe est resté solidaire, conscient de représenter un pays entier ».
Le rôle des structures nationales
Depuis 2021, le gouvernement congolais a consacré d’importants moyens à la rénovation des infrastructures, en particulier le stade de Kintélé, argument majeur pour accueillir des compétitions régionales.
Le ministère des Sports travaille, avec la Fédération, à la professionnalisation progressive de la Ligue 1 : l’édition 2024-2025 doit intégrer une cellule de performance et un calendrier harmonisé.
Un centre technique national, cofinancé par la FIFA, sortira de terre à Oyo début 2025 ; il offrira quatre terrains, un laboratoire médical et des hébergements adaptés aux équipes nationales.
Ces investissements montrent une volonté politique de transformer le football en vecteur de cohésion et de rayonnement, tout en créant un vivier de talents exportables vers les grands championnats.
Les observateurs estiment que la continuité de cette politique, couplée au soutien des entreprises publiques, peut combler le retard structurel observé au Chan.
Perspectives pour les Diables rouges
Le staff propose de maintenir la majorité de l’effectif jusqu’aux éliminatoires de la CAN 2025 afin de préserver les automatismes acquis pendant le Chan.
Un programme de micro-cycles étalé sur dix mois placera les joueurs sous monitoring physique, limitant l’impact des pauses domestiques.
La Fédération projette également des stages tournants au Maroc, au Rwanda et à Abidjan, favorisant l’exposition à des styles de jeu variés.
Plusieurs jeunes, repérés dans le championnat U-20, rejoindront le groupe pour créer une concurrence saine et préparer la relève sur les contours d’un projet à long terme.
La priorité sera d’installer une identité de jeu claire, basée sur la transition rapide, secteur où le Congo a montré des fulgurances prometteuses malgré l’élimination.
Impacts diplomatiques et image du pays
À l’ère du soft power sportif, la performance internationale d’un onze national dépasse le seul cadre du terrain et influence la perception globale d’un État.
Même éliminés, les Diables rouges ont projeté une image d’engagement, saluée par la presse ivoirienne et par plusieurs chancelleries présentes au Chan.
Le Congo a profité de l’événement pour nouer des contacts avec des fédérations partenaires en vue d’accords de formation croisée, témoignant d’un usage diplomatique du football.
En marge des rencontres, Brazzaville a signé un protocole d’entraide en matière d’arbitrage avec Dakar, renforçant la coopération sportive au sein d’une diplomatie africaine pragmatique.
Le revers sportif devient ainsi l’occasion de consolider des alliances et de préparer une prochaine campagne où résultats techniques et influence régionale pourraient converger.