Une résurgence sous surveillance renforcée
Le numéro 5 du rapport de situation établi par le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé dresse, pour la mi-août 2025, un tableau nuancé de la résurgence du choléra en République du Congo. Douze districts sanitaires, principalement riverains du fleuve Congo, concentrent encore l’essentiel des cas suspects, tandis que la létalité moyenne demeure contenue à moins de deux pour cent, un indicateur jugé « satisfaisant au regard des standards internationaux » par les épidémiologistes de l’OMS.
Loin d’adopter une posture attentiste, les autorités sanitaires congolaises ont activé dès le mois de juin le Centre national des opérations d’urgence de santé publique, instituant une collecte quotidienne de données qui alimente désormais la plateforme régionale d’alerte précoce. Cette articulation rend possible une cartographie en temps quasi réel, permettant de cibler les campagnes de chloration de l’eau potable et de vaccination orale préventive dans les zones de forte promiscuité.
Coordination nationale et soutien international
Sous l’égide du ministère de la Santé et de la Population, la task-force interministérielle a privilégié une approche intégrée combinant sensibilisation communautaire, renforcement du diagnostic biologique et mise en place de « points d’hydratation » aux abords des marchés. « La courbe épidémique affiche un palier encourageant qui témoigne de l’efficacité des mesures concertées », souligne le docteur Florent Baende, directeur général de la santé publique.
Les partenaires bilatéraux, parmi lesquels la Banque mondiale et l’Agence française de développement, ont rééchelonné leurs lignes de crédit pour couvrir l’achat de sels de réhydratation orale et le financement des équipes mobiles de réponse rapide. Ce concours financier, associé aux cargaisons de kits WASH arrivées du Centre logistique d’Accra, illustre l’importance de la diplomatie sanitaire active que déploie Brazzaville dans les enceintes multilatérales.
Enjeux diplomatiques autour de la réponse sanitaire
La gestion de l’épidémie s’inscrit dans un contexte où le Congo-Brazzaville, fort de son expérience face au COVID-19, aspire à consolider son statut de hub régional de sécurité sanitaire. Lors de la 77ᵉ Assemblée mondiale de la Santé, la délégation congolaise a rappelé la nécessité d’un fonds africain de riposte rapide, argument recevant un écho favorable auprès des États riverains du bassin du Congo, zone humide propice aux flambées hydriques.
Cette posture proactive renforce l’image d’un exécutif soucieux de prévenir les externalités négatives transfrontalières. Elle nourrit également des convergences avec l’agenda continental de l’Africa Centres for Disease Control and Prevention, lequel promeut une mutualisation des laboratoires de référence et le partage d’expertise en matière de surveillance épidémiologique.
Perspectives de résilience du système de santé
Au-delà de l’urgence, la crise actuelle sert de catalyseur pour accélérer des réformes structurelles. Le plan national de développement sanitaire 2022-2026, déjà aligné sur les objectifs de couverture sanitaire universelle, prévoit l’extension du réseau d’adduction en eau potable à 85 % des ménages urbains d’ici trois ans. La Banque africaine de développement vient en appui à ce chantier d’infrastructures critiques, considéré comme la clé de voûte de la prévention du choléra.
Les observateurs diplomatiques notent enfin que la planification budgétaire intègre désormais un mécanisme d’achats groupés de vaccins, sécurisé par la Plateforme africaine pour l’approvisionnement en vaccins. Cette orientation, jugée réaliste par les analystes de Global Health Strategies, pourrait réduire de près d’un tiers le coût unitaire des doses, tout en consolidant l’autonomie stratégique du pays dans la préparation aux crises futures.
