Ce qu’il faut retenir sur la sécurité des nouveau-nés
La Journée mondiale de la sécurité des patients, célébrée le 17 septembre à Brazzaville, a placé la barre haute : aucun nouveau-né, aucun enfant ne devrait courir le moindre risque au moment même où la vie commence.
Sous le thème « Des soins sûrs pour chaque nouveau-né et chaque enfant », l’OMS-Afrique rappelle la vulnérabilité biologique des plus petits et la nécessité d’une attention constante, depuis la salle d’accouchement jusqu’au suivi postnatal.
Contexte mondial et régional OMS
Vingt-et-un pays africains disposent déjà de politiques de qualité intégrant la sécurité des patients, tandis que sept autres finalisent leurs stratégies, preuve que l’approche régionale produit des résultats tangibles malgré la diversité des systèmes de santé.
La Journée mondiale, instaurée en 2019, vise aussi à créer une communauté de pratique reliant hôpitaux, facultés de médecine et associations de patients, afin que les solutions éprouvées dans un pays puissent être reproduites ailleurs sans délai.
Engagement du Congo pour la qualité des soins
Au Congo, le ministère de la Santé, les sociétés savantes et le bureau pays de l’OMS travaillent de concert pour adapter les protocoles, renforcer les plateaux techniques et former les équipes, avec un accent renouvelé sur la maternité et la pédiatrie.
Le professeur Donatien Moukassa, directeur de cabinet du ministre, insiste sur « des stratégies durables pour les soins les plus sûrs » et sur l’implication active des parents, convaincu que la participation familiale augmente l’adhésion thérapeutique et réduit les incidents évitables.
Les défis persistants en néonatologie
Les données régionales montrent que la qualité, plutôt que l’accessibilité brute, détermine désormais la moitié des décès maternels et néonatals enregistrés dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, rappelant l’urgence de procédures standardisées.
Au plan opérationnel, l’absence de check-list systématique lors de l’accouchement reste une faille recensée dans plusieurs maternités périphériques, malgré son faible coût et son efficacité prouvée pour la détection précoce des complications.
Prématurité, asphyxie périnatale, septicémies et malformations restent les menaces principales pour le nouveau-né, tandis que l’hémorragie, les infections ou les dystocies mettent encore les mères en danger lorsque les médicaments d’urgence manquent ou que la chaîne d’alerte se grippe.
Témoignages et parole d’experts
Mohamed Yakub Janabi, directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, rappelle que « des vies que nous pouvons sauver » dépendent d’investissements constants dans les soins primaires et d’une responsabilité morale partagée par chaque professionnel.
Au CHU de Brazzaville, une infirmière chevronnée confie que la formation pratique sur le contrôle des infections a réduit les septicémies néonatales, tandis que l’introduction de registres numériques améliore la traçabilité des actes et la remontée d’alerte.
Financement, infrastructures et numérique
Les infrastructures suivent le rythme : réhabilitation des blocs obstétricaux, installation de couveuses à haute performance et modernisation des laboratoires de bactériologie placent désormais plusieurs centres congolais au niveau des standards régionaux.
La télésanté gagne du terrain : des spécialistes de Pointe-Noire supervisent désormais, via des plateformes sécurisées, des réanimations néonatales à Ouesso, réduisant les distances géographiques et ouvrant la voie à une prise en charge en temps réel.
Le budget national dédié à la santé maternelle et infantile a été renforcé, et des bailleurs multilatéraux soutiennent la chaîne d’approvisionnement en médicaments essentiels, sécurisant notamment l’oxygène médical, encore critique dans nombre de districts.
Scénarios à court terme pour 2025
À l’horizon 2025, le Congo ambitionne de ramener la mortalité néonatale sous le seuil de vingt décès pour mille naissances vivantes, objectif aligné sur la cible des Objectifs de développement durable et jugé « techniquement atteignable » par les experts.
La feuille de route prévoit également la généralisation des audits de décès maternels afin d’identifier les ruptures de chaîne de soins et d’alimenter un tableau de bord national ouvert aux partenaires.
Les organisations communautaires sensibilisent les mères aux signes de danger durant le post-partum et aux gestes élémentaires d’hygiène, comblant les écarts entre l’hôpital et le foyer, surtout dans les quartiers périphériques de Brazzaville et des zones rurales.
Et après ? Construire un système apprenant
Pour les observateurs, le défi réside dans la continuité : former sans cesse, superviser, corriger, mais aussi retenir le personnel qualifié face à l’attractivité des cliniques privées et à la mobilité régionale.
Le Plan d’action mondial pour la sécurité des patients 2021-2030 sert de boussole ; il recommande de créer un système apprenant qui documente chaque incident, partage les retours d’expérience et intègre l’innovation technologique pour prévenir la répétition des erreurs.
En misant sur des partenariats solides et une gouvernance sanitaire rigoureuse, Brazzaville espère transformer la résolution symbolique en résultats mesurables, réaffirmant que la santé des nouveau-nés est un investissement stratégique pour le futur démographique et économique du pays.
Parallèlement, les universités congolaises multiplient les protocoles de recherche clinique sur les infections néonatales, avec le soutien éthique de l’OMS et le financement de la Banque africaine de développement, gage d’une base de preuves adaptée au contexte local.