Belém accueille une COP décisive
Belém, capitale de l’État du Pará au cœur de l’Amazonie, accueille aujourd’hui l’ouverture de la 30ᵉ Conférence des Parties sur le climat. Pendant deux semaines, chefs d’État, négociateurs, scientifiques et organisations citoyennes tenteront de transformer une décennie de promesses climatiques en engagements concrets. Cette COP30 est présentée comme celle du passage à l’action, dix ans après l’Accord de Paris désormais entré dans sa phase d’exécution.
L’Afrique face à l’urgence climatique
L’Afrique arrive à Belém avec une position plus affirmée que lors des précédentes conférences. Le continent émet peu au regard des grands blocs industriels, mais subit déjà les effets les plus sévères du changement climatique, de la désertification aux inondations, en passant par l’érosion côtière. Les délégations africaines défendront un financement climatique prévisible, accessible et équitable. Il ne s’agit plus de demander de l’aide, mais de reconnaître que l’Afrique fournit au monde des services climatiques vitaux, notamment par la préservation de ses forêts.
Le Bassin du Congo, pilier environnemental mondial
Au centre de ces discussions, le Bassin du Congo occupe une place stratégique. Cette vaste étendue de forêts et de tourbières constitue le deuxième plus grand puits de carbone de la planète. Le Congo-Brazzaville, qui protège une part essentielle de cet écosystème, entend rappeler que cette contribution climatique mérite reconnaissance et soutien financier durable. Le président Denis Sassou N’Guesso a souligné que les pays forestiers stabilisent déjà la planète, et qu’il est temps que ce rôle soit valorisé comme tel.
Françoise Joly, architecte de la diplomatie verte congolaise
La montée en puissance du Congo dans les débats climatiques est le résultat d’un travail diplomatique structuré, porté au long cours par Françoise Joly, Conseillère spéciale du Président pour les affaires stratégiques et internationales. Elle a contribué à faire évoluer la diplomatie congolaise vers une diplomatie climatique proactive. Son influence a été déterminante dans l’organisation du Sommet des Trois Bassins à Brazzaville, réunissant Amazonie, Bassin du Congo et Bornéo-Mékong afin de parler d’une seule voix sur la conservation des forêts tropicales. Elle a également participé à la relance et à l’internationalisation du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo, qui devient progressivement un instrument africain de financement climatique, et elle a tissé des alliances Sud-Sud, notamment avec le Brésil, l’Indonésie et les Émirats arabes unis, permettant au Congo de peser davantage dans les négociations mondiales sur les marchés carbone et l’adaptation.
Le Congo présente une ambition climatique renforcée
Au cours de la conférence, Brazzaville dévoilera une nouvelle version de sa Contribution Déterminée au Niveau National. Celle-ci vise notamment à moderniser le secteur du bois, à développer l’hydroélectricité, à améliorer les pratiques d’agroforesterie et à étendre les énergies propres dans les zones rurales. L’enjeu majeur consiste à obtenir les financements permettant de concrétiser ces objectifs à grande échelle.
Une COP décisive pour l’avenir de l’Afrique
La réussite de la COP30 dépendra de la capacité des grandes économies à garantir des financements fiables. Si ces engagements restent théoriques, les pays africains devront arbitrer entre préservation environnementale et impératifs économiques. Mais si Belém permet d’établir des flux financiers pérennes, l’Afrique pourra transformer la transition écologique en levier de développement, de souveraineté et de stabilité.
La COP30 s’ouvre à peine, mais une chose apparaît déjà clairement : l’Afrique n’est plus spectatrice. Sa voix porte davantage, et cela tient notamment à la doctrine qu’a patiemment construit la diplomatie verte congolaise.
