Visite présidentielle et message d’unité
Le 19 juillet 2025, sous un soleil déjà lourd de la saison sèche, le Centre technique d’Ignié a vu converger le président de la Fédération congolaise de football, Jean Guy Blaise Mayolas, et l’ensemble du Comité exécutif. Leur déplacement, plus protocolaire qu’anodin, se voulait un signal fort envoyé aux Diables Rouges A’ en pleine préparation pour le Championnat d’Afrique des nations. Loin d’une simple inspection, la délégation fédérale a délivré un discours où se mêlaient encouragements, fermeté et appel à la cohésion. « Nous portons ensemble l’honneur d’une nation qui croit en son football », a notamment déclaré le président Mayolas, rappelant la nécessité de conjuguer discipline collective et enthousiasme patriotique.
Enjeux sportifs et soft power régional
Le Chan demeure la seule compétition continentale réservée aux joueurs évoluant dans leurs championnats nationaux. Pour Brazzaville, y figurer n’est pas seulement une affaire de trophées : c’est l’opportunité d’affirmer la vitalité d’une filière locale parfois jugée fragile. Au-delà du rectangle vert, la délégation congolaise cherchera à projeter une image d’organisation et de résilience, gages de stabilité institutionnelle. La programmation du premier match contre le Soudan, puis la confrontation attendue avec le Sénégal, champion en titre, place d’emblée la sélection dans une posture de test grandeur nature vis-à-vis des observateurs régionaux.
Ignié, laboratoire d’excellence technique
Installé au nord de la capitale, le Centre technique d’Ignié ressurgit aujourd’hui comme la pierre angulaire de la politique de formation. La suspension de la Fécofoot par la FIFA, désormais levée, avait gelé plusieurs projets d’infrastructure. La présence du Comex dans ces murs symbolise la normalisation institutionnelle et une relance pragmatique des investissements. Les pelouses rénovées, la salle de musculation modernisée et les équipements de suivi biométrique témoignent d’un souci accru de professionnalisation. Pour le sélectionneur Barthélemy Ngatsono, « Ignié n’est plus un simple camp d’entraînement ; c’est un laboratoire où l’on évalue la préparation physique, la psychologie de compétition et l’identité de jeu ».
Stratégie fédérale : lever les écueils administratifs
Au cœur des propos du président Mayolas, la question d’un changement de site d’internement atteste d’une volonté de sécuriser la logistique avant le déplacement en Tanzanie. Les derniers Chan avaient mis au jour des retards dans la délivrance des visas et dans la mise à disposition des primes. Cette fois, le Comex anticipe : dossiers administratifs bouclés, partenariats sanitaires activés, calendrier de matches amicaux accéléré. Il s’agit, pour les dirigeants, d’éviter le piège d’une préparation tronquée qui avait tant pesé sur les éditions précédentes. Les joueurs seront ainsi soulagés d’un poids organisationnel pour se concentrer sur l’aspect technique.
Mental collectif et projection d’avenir
Au terme de la rencontre, l’encadrement n’a pas éludé la réalité d’un effectif en manque de confrontations internationales. La mise en place d’au moins deux matches tests, évoquée par le vice-président sportif, s’inscrit dans une montée en puissance progressive. L’objectif déclaré reste clair : franchir la phase de groupes, condition sine qua non pour envisager un retour durable de la sélection dans le gotha continental. Mais, au-delà de la compétition elle-même, c’est la capacité du football congolais à produire un récit commun autour des valeurs de rigueur, de solidarité et de fierté nationale qui est recherchée. La diplomatie sportive brazzavilloise, discrète mais constante, entend capitaliser sur le rayonnement des Diables Rouges A’ pour consolider les liens avec les partenaires régionaux et internationaux.
Cap sur Zanzibar, ambitions calibrées
À deux semaines du coup d’envoi à Zanzibar, le climat au sein du camp d’entraînement oscille entre sérénité maîtrisée et compétitivité assumée. Les joueurs, tous issus du championnat local, savent qu’ils porteront les attentes d’une jeunesse passionnée. Le staff médical veille à la récupération, tandis que les analystes vidéo peaufinent des rapports détaillés sur les adversaires soudanais et sénégalais. Dans cette atmosphère studieuse, la prudence stratégique se conjugue à une confiance entretenue par la fédération. Un quart de finale ouvrirait déjà des perspectives notables en matière d’investissements futurs ; une demi-finale ou un sacre propulserait le Congo sur le devant de la scène, offrant au pays une plateforme supplémentaire de valorisation de son image.
Vers un héritage durable du Chan
Au-delà de l’échéance tanzanienne, la Fécofoot semble vouloir inscrire sa démarche dans le temps long. Le chantier de professionnalisation des clubs, la réforme de la gouvernance fédérale et la redynamisation des championnats de jeunes figurent déjà à l’agenda post-Chan. Soutenue par les autorités nationales, cette feuille de route répond à un double impératif : garantir l’émergence de talents locaux et consolider la cohésion sociale par le sport. En cela, la campagne des Diables Rouges A’ dépasse le cadre strict de la compétition pour devenir un levier d’image et de développement. Dans l’immédiat, toutefois, l’heure est à l’entraînement intensif, à la gestion experte des détails et à l’espoir lucide de voir la bannière tricolore flotter haut dans le ciel de Zanzibar.
