Au carrefour de l’identité et du développement
Le quartier 120 Mpaka, niché dans la ceinture nord-est de Pointe-Noire, doit son dynamisme à un tissu social longtemps irrigué par l’entraide familiale et l’économie informelle. À présent, cette sociabilité trouve un nouveau relais à l’étranger grâce au réseau 120 Mpaka, né en septembre 2021 sur la messagerie WhatsApp, puis progressivement institutionnalisé. Derrière l’initiative se dessine un constat partagé : la modernisation des villes congolaises requiert l’apport de leurs enfants expatriés, porteurs de capitaux, de compétences et de connexions diplomatiques.
L’adhésion, pivot d’une diplomatie citoyenne
En lançant officiellement sa campagne d’adhésion, le réseau entend transformer un cercle d’amis en véritable plateforme de soft power local. Les statuts, ratifiés lors de l’assemblée constitutive, placent la solidarité intergénérationnelle au cœur des priorités. « Nous voulons convertir l’attachement sentimental au quartier en un levier financier et technique », explique son coordonnateur, Armand Nkounkou, joint depuis Bruxelles. Cette diplomatie citoyenne complète, sans la contredire, l’action des collectivités et s’inscrit dans la vision nationale de renforcement des organisations de la société civile.
Conjuguer ressources de la diaspora et programmes publics
Les autorités de Pointe-Noire multiplient, depuis 2020, les partenariats avec des associations de ressortissants afin d’améliorer les services de base. Dans ce contexte, 120 Mpaka ambitionne de cofinancer la réhabilitation des voiries secondaires et d’appuyer la digitalisation des écoles primaires. Selon le professeur de géographie urbaine Pascal Obamilé, « les flux financiers des diasporas représentent jusqu’à 3 % du PIB national, mais ils restent sous-utilisés pour les infrastructures ». L’association propose de canalyser ces transferts via des projets traçables et contractualisés, démarche qui rassure donateurs et pouvoirs publics.
Une communauté virtuelle, des impacts bien réels
Derrière l’écran, les premiers résultats sont tangibles. En deux ans, les membres ont expédié du matériel scolaire, doté le centre de santé d’un réfrigérateur médical et aidé trente-deux familles fragilisées par la pandémie. Le choix d’un fonctionnement hybride — réunions physiques à Pointe-Noire et visioconférences mensuelles — offre une gouvernance flexible et inclusive. « Nous sommes la preuve que la citoyenneté peut voyager avec le passeport », s’enthousiasme Mireille Ngatsé, membre basé à Montréal.
Défis de croissance et ancrage institutionnel
Le succès accélère toutefois la nécessité d’une structuration robuste : tenue d’une comptabilité certifiée, harmonisation des procédures de vote en ligne, sécurisation juridique dans les pays d’accueil. L’association planche, avec le concours d’un cabinet de compliance parisien, sur la mise en place d’un fonds d’impact local, inspiré des practices de la Banque africaine de développement. Cette démarche prudente garantit la conformité avec les réglementations congolaises et européennes relatives aux transferts de fonds.
Vers un modèle reproductible pour les quartiers émergents
Au-delà de Mpaka, plusieurs maires d’arrondissement observent ce laboratoire social. La capacité d’un réseau diasporique à fédérer compétences et philanthropie pourrait servir de modèle à d’autres quartiers populaires en quête de nouveaux relais de financement. Dans une note interne, la Direction générale de la coopération internationale souligne que « ces initiatives complètent la diplomatie classique en créant des ponts humains permanents ». À terme, les promoteurs envisagent un hub numérique permettant de répliquer l’expérience dans d’autres capitales régionales.
Solidarités transnationales, socle d’une prospérité partagée
La campagne d’adhésion, prévue pour s’étendre sur douze mois, constitue une étape clef vers la massification de cette solidarité transnationale. En mobilisant la fibre affective des Congolais de l’extérieur, le réseau 120 Mpaka démontre qu’un quartier peut devenir un acteur global sans renier son ancrage. Loin de toute posture partisane, il rappelle que le développement national puise aussi sa force dans les initiatives citoyennes capables de dialoguer harmonieusement avec les stratégies publiques existantes.