Dolisie face à un cycle budgétaire exigeant
Dans la douce moiteur de la Niari, la cité de Dolisie, carrefour ferroviaire et poumon logistique du sud-ouest congolais, vient de conclure une session extraordinaire qui, à bien des égards, dessine la physionomie financière de son prochain exercice. Présidés par le maire Marcel Koussikana, les travaux municipaux tenus du 5 au 14 juin 2025 se sont refermés sur une enveloppe globale de 3,014 milliards de francs CFA, soit un recul d’un peu plus de 300 millions par rapport au budget antérieur. Dans un contexte national de consolidation des dépenses publiques, la prudence affichée par les conseillers résonne comme un signal de responsabilité budgétaire plutôt que de renoncement.
Un recalibrage motivé par la réalité des recettes
En retraçant les courbes de ses recettes, la municipalité constate un tassement des droits de marché, des taxes de stationnement et, surtout, une moindre contribution des régies assujetties à la fiscalité locale. Les analystes y voient l’effet mécanique du ralentissement conjoncturel mondial, qui a affecté la demande intérieure et, par ricochet, la manne commerciale de la ville. « Il convenait de refléter la capacité réelle d’absorption de nos services, afin d’éviter toute illusion d’optique comptable », confie un haut fonctionnaire, soulignant que la démarche s’inscrit dans la ligne directrice prônée par les autorités nationales en matière de soutenabilité des finances locales.
Comptes 2024 : l’ombre des tensions salariales
Le rapport administratif 2024, adopté en séance plénière, ne contourne pas les épisodes de grève observés à l’automne dernier. L’intersyndicale des agents municipaux avait alors suspendu le service pour réclamer trois mensualités sur les treize restées en suspens. Grâce à l’arbitrage de la tutelle et à un versement forfaitaire accordé par l’exécutif local, le climat social s’est apaisé. Marcel Koussikana reconnaît néanmoins « la période de turbulence », tout en saluant la diligence du gouvernement et la « confiance renouvelée dans le dialogue ». À l’heure du bouclage, la municipalité s’engage à absorber progressivement les arriérés sans dévier de sa trajectoire budgétaire.
Fonctionnement et investissement : un balancier délicat
Sur la structure du budget, 2,6 milliards, soit près de 84 %, iront au fonctionnement. Cette proportion élevée traduit la priorité accordée à la continuité du service public, à la rémunération du personnel et à l’entretien courant des équipements. Les 493 millions dédiés à l’investissement représentent 16 % de l’enveloppe globale, un ratio jugé « raisonnable » par les élus au regard des contraintes de trésorerie. Pour les observateurs externes, la clé réside dans la capacité de la commune à sanctuariser ces crédits afin de maintenir un minimum d’effort d’équipement, indispensable à l’attractivité territoriale.
Cap sur les infrastructures structurantes
Malgré la cure d’amaigrissement, le Conseil municipal n’entend pas différer les chantiers jugés prioritaires : bitumage des artères principales, pavage des voiries secondaires, drainage des eaux pluviales et construction de marchés domaniaux avec zones de stockage et aires de stationnement. Ces projets, relève un urbaniste de la place, répondent à un double impératif : prévenir l’érosion pendant la saison des pluies et fluidifier les échanges commerciaux sur l’axe Pointe-Noire-Brazzaville. Les autorités locales comptent, pour partie, sur les programmes de coopération décentralisée et sur les partenariats public-privé afin de sécuriser les financements complémentaires.
Mobiliser les ressources internes sans fragiliser le tissu économique
Consciente de la nécessité d’élargir son assiette fiscale, la mairie planche sur une batterie de mesures incitatives visant à formaliser l’économie informelle tout en veillant à ne pas comprimer la petite entreprise. La révision des tarifs de stationnement, l’actualisation du cadastre et la digitalisation des procédures d’impôt local figurent parmi les pistes à l’étude. Un conseiller municipal observe que « la mobilisation des recettes propres est le premier jalon de la souveraineté financière des collectivités », avant de saluer l’engagement de l’État, déterminant, notamment via la subvention d’équilibre annoncée par le ministère de l’Intérieur.
Une solidarité municipale en phase avec la vision nationale
Dans son discours de clôture, Marcel Koussikana a insisté sur la dimension collective du succès : élus, administration et partenaires sociaux sont appelés à « tenir le même cap ». La formule épouse les orientations gouvernementales qui promeuvent la synergie des échelons territorial et central pour accélérer la décentralisation et la croissance inclusive. Plusieurs délibérations complémentaires, notamment l’adoption du compte administratif 2024, viennent asseoir la crédibilité financière de Dolisie sur la scène nationale, consolidant ainsi sa capacité à dialoguer avec les bailleurs de fonds.
Perspectives : entre rigueur budgétaire et ambition urbaine
À l’orée de 2025, la troisième ville du Congo se trouve dans l’obligation vertueuse de concilier discipline budgétaire et développement urbain. Le léger rétrécissement de sa marge de manœuvre pourrait, paradoxalement, stimuler l’innovation managériale et l’optimisation des recettes. Les partenaires techniques pressentent déjà une gouvernance plus data-driven susceptible d’inspirer d’autres communes. Pour nombre d’analystes, si la collectivité parvient à concrétiser ses investissements structurants tout en honorant progressivement ses engagements sociaux, elle offrira la démonstration tangible qu’une réduction de budget n’équivaut pas forcément à une régression de l’action publique, mais qu’elle peut aussi être le catalyseur d’une administration plus agile et responsable.