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    Du brut aux fruits : l’odyssée d’une ingénieure gabonaise qui réinvente le goût

    Rédaction Centrafrique NewsBy Rédaction Centrafrique Newsjuin 25, 2025Aucun commentaire6 Mins Read
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    Diversification économique et diplomatie du terroir gabonais

    À Libreville comme à Port-Gentil, la formule revient désormais dans les cénacles diplomatiques : « sortir du tout-pétrole ». Depuis la chute des cours en 2014, le Gabon cherche des relais de croissance capables de stabiliser ses comptes publics tout en projetant une image renouvelée sur la scène internationale. Dans ce contexte, l’essor d’acteurs privés misant sur la transformation locale constitue un signal fort pour les bailleurs et pour les partenaires commerciaux. L’itinéraire de Jessica Medza Allogo, devenue ambassadrice officieuse du label « made in Gabon », s’inscrit dans cette stratégie de soft power économique.

    En alliant science, gastronomie et storytelling, son entreprise Les Petits Pots de l’Ogooué transforme des mangues, atangas ou piments en produits premium exportés vers trois continents. Si les volumes restent modestes face aux barils de brut, la valeur symbolique est considérable : chaque pot affirme la capacité du pays à convertir sa biodiversité en richesse tangible, à haute valeur ajoutée et faiblement carbonée.

    De la plate-forme offshore au laboratoire culinaire

    Diplômée de Polytechnique Montréal, Jessica Medza Allogo a passé une décennie à optimiser des unités de séparation sur des champs offshore opérés par Total. Elle y cultive la rigueur du contrôle-procédés, qu’elle transpose en 2016 dans une cuisine devenue atelier pilote. La mue s’opère presque malgré elle : quelques mangues trop mûres suffisent à susciter une introspection que résume son interrogation récurrente : « Quel impact laisserai-je derrière moi ? ».

    Le saut sectoriel déroute alors son entourage, mais séduit rapidement un public friand d’authenticité. L’ingénieure ne répudie pas sa formation ; elle la mobilise pour calibrer la teneur en sucre, maîtriser l’activité de l’eau et garantir la traçabilité – prérequis indispensables à l’exportation vers l’Union européenne ou l’Amérique du Nord. Ce passage d’un secteur capitalistique à une filière encore artisanale matérialise l’idée que la montée en gamme ne suppose pas la taille, mais l’exigence.

    Entrepreneuriat féminin et chaînes de valeur locales

    Selon la Banque mondiale, à peine 5 % des PME gabonaises dirigées par des femmes accèdent au crédit bancaire (Banque mondiale 2022). Jessica Medza Allogo contourne l’obstacle grâce à l’autofinancement initial, puis à des partenariats directs avec des coopératives agricoles. Cette logique d’intégration verticale sécurise ses approvisionnements tout en assurant aux paysans un débouché stable, condition nécessaire à la professionnalisation des filières vivrières.

    Le ministère de l’Agriculture, désireux d’endiguer la dépendance alimentaire évaluée à plus de 60 % des besoins nationaux (FAO 2023), mise sur ces entrepreneurs relais pour structurer la demande. Les Petits Pots de l’Ogooué travaille aujourd’hui avec une quarantaine de producteurs répartis sur trois provinces, sous contrat pluriannuel incluant formation aux bonnes pratiques agricoles et micro-assurance climatique. La démarche illustre une nouvelle alliance public-privé où la PME joue le rôle de pivot logistique et technique.

    Innovation, digital et accès aux marchés extérieurs

    Privée de budgets publicitaires, l’entreprise a investi l’espace numérique dès ses débuts. Instagram sert de vitrine, Facebook de service après-vente et les marketplaces spécialisées de sas logistique. Pendant la pandémie, une opération « crêpes + confiture » livrée à domicile a quadruplé le trafic sur la boutique en ligne, démontrant l’agilité d’un modèle direct-au-consommateur alors même que les chaînes de distribution traditionnelles se contractaient.

    La percée en 2024 dans 250 points de vente Monoprix en France, via la campagne « Bonne Arrivée » portée par Maison Château Rouge, marque un tournant. Pour la première fois, une PME gabonaise non extractive accède aux linéaires d’une grande enseigne européenne. Le cahier des charges – 70 % de fruits, zéro additif chimique – conforte la ligne premium et la narration autour du terroir équatorial. Sur le plan diplomatique, l’opération sert de vitrine aux négociateurs chargés de promouvoir l’accord bilatéral de facilitation des échanges signé avec Paris la même année.

    Quel modèle pour la diplomatie économique gabonaise ?

    Au-delà de la success-story individuelle, l’expérience de Jessica Medza Allogo alimente la réflexion sur la politique d’industrialisation légère défendue par Libreville. Les autorités cherchent à promouvoir un tissu de PME capables de transformer in situ les ressources agricoles, forestières ou halieutiques. L’objectif est double : réduire la vulnérabilité budgétaire au pétrole et projeter une image de partenaire fiable pour l’investisseur étranger.

    Les partenaires techniques, notamment l’Agence française de développement et la Banque africaine de développement, observent avec intérêt ce micro-laboratoire où se conjuguent qualité sanitaire, marketing narratif et équité sociale. La montée en compétence des femmes et des jeunes ruraux, cœur de la stratégie de Les Petits Pots de l’Ogooué, répond aux objectifs 5 et 8 de l’Agenda 2030. « Créer de la valeur là où personne ne l’attend » résume la fondatrice. À l’heure où Libreville négocie de nouveaux quotas carbone et plaide pour la reconnaissance financière de ses puits forestiers, cette valeur immatérielle compte autant que les flux monétaires.

    Le défi reste l’effet d’échelle. Les volumes transformés par l’entreprise demeurent symboliques face aux milliers de tonnes de fruits perdus chaque saison faute d’infrastructures de collecte. Pourtant, l’impact prescriptif est réel : plusieurs start-up, inspirées par le cas d’école, se lancent dans les épices fumées, le chocolat ou les infusions. Cet essaim entrepreneurial, encore fragile, pourrait constituer à terme un cluster agro-industriel, soutenant l’ambition affichée de faire de la diplomatie du goût un axe complémentaire à la diplomatie pétrolière.

    Perspectives et leviers d’action pour les décideurs

    Trois enseignements émergent pour les responsables publics et les bailleurs. D’abord, la formation scientifique des entrepreneurs augmente la crédibilité sanitaire des produits, condition sine qua non de l’accès aux marchés du Nord. Ensuite, l’approche storytelling, trop souvent négligée dans les stratégies nationales, s’avère décisive pour différencier une offre issue de pays encore peu connus pour leur gastronomie. Enfin, la création de fonds de garantie dédiés aux PME féminines pourrait démultiplier les trajectoires similaires, en atténuant le risque perçu par les banques locales.

    La diplomatie économique gabonaise gagnerait ainsi à intégrer ces initiatives dans ses argumentaires, qu’il s’agisse de négocier un accord de protection des investissements ou de promouvoir une image plus diversifiée lors des expositions universelles. Convoquer le récit d’une ancienne ingénieure pétrolière devenue confiturière de renom permet de démontrer, par l’exemple, que la transition économique n’est plus un slogan mais une réalité tangible – et savoureuse.

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