Pointe-Noire en effervescence culturelle
Du 12 au 14 septembre, Pointe-Noire accueillera la 12e édition du Festival international de musique et des arts, rendez-vous majeur de la scène culturelle congolaise. L’événement, porté par l’ONG Mb Production, ambitionne d’offrir une vitrine sonore et diplomatique aux créateurs d’Afrique centrale, tout en valorisant leur diversité artistique.
Implanté dans le quartier 418 Makayabou, cœur palpitant de Mongo-Mpoukou, le festival bénéficie d’un solide accompagnement des autorités municipales et d’un environnement sécuritaire renforcé, reflet de l’importance accordée par le gouvernement au rayonnement culturel et à la cohésion sociale dans la cité océane depuis plusieurs éditions consécutives déjà.
Une programmation intergénérationnelle
Sur trois soirées gratuites, les scènes mêleront figures emblématiques de la rumba, virtuoses du coupé-décalé et collectifs tradi-modernes. Ce brassage témoigne d’une volonté constante de démocratiser l’accès à la création musicale, sans sacrifier l’exigence artistique recherchée par les professionnels en tournée sur le continent et auprès la diaspora.
Les programmateurs, guidés par Médard Mbongo, ont scruté les plateformes numériques pour détecter les talents émergents. Plusieurs jeunes voix, repérées uniquement sur TikTok ou Audiomack, vivront ici leur première prestation scénique, signe tangible du nouveau pont entre l’économie créative digitale et la scène live congolaise, pour le public.
Pour les observateurs, ce dialogue générationnel nourrit la résilience du secteur musical national, fragilisé par la pandémie puis le ralentissement économique mondial. Offrir un cadre professionnel, proche des standards internationaux, participe à retenir les artistes à domicile et à renforcer l’attractivité de Pointe-Noire aux yeux des bailleurs étrangers.
Musique et transition numérique
Le thème choisi, La musique à l’heure du numérique, orientera débats et ateliers organisés chaque après-midi. Chercheurs, producteurs et responsables publics confronteront leurs perspectives sur les droits d’auteur, la monétisation du streaming et la sécurisation des données, sujets devenus centraux dans les négociations culturelles multilatérales en Afrique centrale.
Selon Flora Mavoungou, conseillère au ministère en charge de l’Économie numérique, « la montée en puissance des plateformes ne doit pas marginaliser les créateurs congolais ». Elle plaide pour un guichet unique régional facilitant le dépôt d’œuvres, proposition que la communauté diplomatique suit avec attention depuis les dernières consultations ministérielles.
Les échanges devraient aboutir à une feuille de route partagée entre acteurs privés et pouvoirs publics. Soutenue par l’Organisation internationale de la Francophonie, cette démarche illustre la capacité du Congo à initier des solutions concertées, renforçant ainsi son image de médiateur constructif dans les enceintes culturelles continentales actuelles.
Un vecteur de soft power
Au-delà des enjeux musicaux, le Fima sert de plateforme d’influence douce, mettant en lumière la stabilité du Congo-Brazzaville et l’engagement des autorités pour la jeunesse. Les ambassades accréditées à Brazzaville profitent du festival pour rencontrer entrepreneurs créatifs et responsables locaux, afin d’esquisser de futures coopérations dans le domaine culturel.
L’arrivée récente d’investisseurs brésiliens intéressés par le marché des instruments et le soutien continu de sociétés pétrolières implantées sur la côte montrent la complémentarité entre diplomatie économique et initiatives artistiques. Le festival devient ainsi laboratoire d’affaires, ouvert à ceux qui misent sur la créativité comme facteur de croissance inclusive.
Dans ce contexte, plusieurs partenaires onusiens envisagent de profiter de la dynamique pour lancer des programmes d’incubation régionale. Une responsable du PNUD confie que « le Fima favorise une synergie rare entre culture, innovation et développement durable, conforme à l’Agenda 2063 de l’Union africaine », adopté par les États membres.
Gestion locale et sécurité
La mairie du cinquième arrondissement a déployé un dispositif de sécurité articulé avec la force publique, garantissant fluidité et sérénité pour les milliers de festivaliers attendus. La coopération avec les comités de quartier renforce l’appropriation citoyenne et réduit les risques parfois associés aux grands rassemblements urbains nocturnes notamment.
Le préfet du département souligne que cette synergie incarne la nouvelle approche territoriale promue par le président Denis Sassou Nguesso, fondée sur l’écoute des populations et la prévention. Les partenaires européens présents lors des éditions précédentes saluent ce climat, condition essentielle à la pérennisation des investissements culturels extérieurs.
Perspectives régionales
À moyen terme, Médard Mbongo souhaite élargir le Fima à un réseau de villes partenaires, de Cabinda à Kinshasa. Cette ambition s’appuie sur l’idée d’un corridor musical régional, capable de générer des tournées rentables et de renforcer l’intégration culturelle promue par la Communauté économique des États d’Afrique centrale.
En attendant, la douzième édition servira de banc d’essai pour de nouveaux protocoles verts : recyclage des déchets plastiques, billetterie dématérialisée malgré la gratuité, et compensation carbone pour les artistes invités. Ces initiatives devraient inspirer d’autres festivals d’Afrique subsaharienne en quête de modèles écoresponsables crédibles et financièrement accessibles demain.
Si le succès annoncé se confirme, le Fima 2024 pourrait s’ériger en référence continentale, tout en consolidant l’image d’un Congo-Brazzaville ouvert, créatif et sûr. Pour les diplomates déjà en poste, le rendez-vous de septembre constituera un baromètre précieux de l’attractivité culturelle et de la stabilité institutionnelle du pays.
