Ce qu’il faut retenir
Dans la moiteur de l’Arena Kilamba, les Diables rouges dames ont tenu tête à l’Angola, géant africain du handball, avant de s’incliner 25-21 lors du match inaugural du tournoi « Angola 50 ans ». Un écart minime riche d’enseignements.
Un choc d’ouverture serré
Dès l’engagement, les Congolaises ont mis la pression, forçant trois pertes de balle successives dans les rangs angolais. À la 15e minute, l’affichage indiquait 6-6, reflet d’une défense haute orchestrée par la capitaine Sara Kinzounza.
La sélection angolaise, surnommée les Palancas, a répliqué par un jeu plus rapide sur les ailes, prenant un court avantage 10-9 à la pause. Le public de Luanda, bruyant, mesurait alors la progression technique de ses visiteuses.
L’enjeu symbolique du cinquantenaire
Ce tournoi, voulu par la Fédération angolaise dans le cadre du cinquantenaire de la République, dépasse la simple préparation sportive. Il célèbre la coopération lusophone et africaine, en invitant Portugal, Lituanie et Congo à partager parquet et cérémonies protocolaires.
Pour Brazzaville, l’invitation représente aussi un clin d’œil historique : en 1976, lors des Jeux d’Afrique centrale, l’Angola et le Congo s’étaient déjà affrontés en finale. Quarante-sept ans plus tard, la rivalité se teinte d’une sincère complicité.
Préparation congolaise, un nouveau cycle
Privée de regroupement pendant dix mois, la sélection de Younes Tatby a dû condenser ses séances à Brazzaville avant l’envol pour Luanda. Les joueuses ont aligné deux entraînements quotidiens, privilégiant l’explosivité et la cohésion défensive.
Le staff a par ailleurs sollicité l’appui du Centre national de médecine sportive pour des tests biomécaniques, gage d’une reprise sans blessure. Selon Tatby, « le groupe a répondu au défi avec sérieux », un avis partagé par la présidente fédérale Linda Noumazalayi.
Une sélection mixte et ambitieuse
La feuille de match aligne quatorze joueuses, dont huit issues des championnats européens et six évoluant en élite congolaise. Ce mélange diaspora-terroir permet, selon la fédération, de transmettre de bonnes pratiques tout en valorisant le vivier local.
À l’aile droite, la Franco-Congolaise Léa Sita, pensionnaire de D2 française, a marqué quatre buts, tandis que la Brazzavilloise Lucie Ovangha s’est illustrée dans les interceptions. L’équilibre réputation-potentiel séduit les recruteurs présents dans les travées.
Discours officiel et soutien institutionnel
Dans le vestiaire, la délégation a reçu un message du ministre congolais des Sports saluant « l’esprit de combativité » des Diables rouges et réaffirmant l’engagement de l’État à moderniser les infrastructures handball. Un signal positif pour la prochaine Coupe d’Afrique 2024.
Scénarios techniques pour la suite du tournoi
Le staff table sur une défense 6-0 consolidée face au Portugal, deuxième adversaire. La clé sera de remonter plus vite les ballons pour éviter la densité portugaise dans l’axe, estime l’entraîneur adjoint Ismaël Mabiala.
En cas de succès, le Congo pourrait viser la finale, un résultat crédible car la Lituanie, encore en rodage, a concédé onze pertes de balle face au Portugal. Les calculs seront affinés après la séance vidéo matinale.
Le point économique de la compétition
Les organisateurs angolais estiment à un million de dollars les retombées directes pour l’hôtellerie et le transport. Pour Brazzaville, ce chiffre rappelle l’importance d’une ligue professionnelle capable d’attirer des flux similaires lors de tournois domestiques à venir.
Les joueuses clés à la loupe
La gardienne Christelle Diamouangana a réalisé neuf arrêts, dont un double à bout portant face à la pivot angolaise. Sa lecture des épaules adverses a permis de lancer plusieurs contre-attaques, soulignée comme « décisive » par l’entraîneur angolais Filipe António.
En attaque placée, la demie-centre Eliane Ngouabi a dirigé le trafic avec cinq passes décisives, démontrant un sang-froid inspiré de son passage à Valence. Son association avec Sita offre un double impact, vitesse et fixation, que le staff veut pérenniser.
Le handball facteur de cohésion
Sur les réseaux sociaux, la diffusion en direct du match a réuni près de 60 000 spectateurs virtuels, record national pour un sport collectif féminin. Les commentaires célébraient l’unité d’une diaspora branchée à Brazzaville par la magie du streaming.
Dans les écoles de la capitale, plusieurs professeurs d’EPS ont organisé des rediffusions pédagogiques pour encourager les vocations. « Voir des joueuses issues de nos quartiers affronter l’Angola motive les adolescentes », confie M. Mavoungou, responsable d’une académie municipale.
Perspective internationale
La Fédération internationale suit le tournoi via son département développement, intéressé par la capacité angolaise à organiser un événement multilatéral hors calendrier officiel. Un rapport sera transmis à Lausanne, susceptible d’inspirer d’autres nations d’Afrique centrale, dont le Congo pour 2025.
Et après ?
À court terme, l’objectif reste la qualification pour les Jeux africains d’Accra. Le billet passera par le championnat d’Afrique 2024, prévu à Yaoundé, où les cinq premières places offriront une route directe vers le Ghana.
À moyen terme, la fédération souhaite installer un centre de performance à Kintélé, financé via un partenariat public-privé. Des négociations sont en cours avec un équipementier européen afin d’assurer la formation des entraîneurs locaux.
« Le talent est là, il faut la structure », résume Linda Noumazalayi. Son credo est simple : capitaliser sur l’élan actuel pour hisser les Diables rouges dans le top 5 continental, tout en inspirant les jeunes filles du pays.