Ce qu’il faut retenir de Harare 2025
Harare a été désignée pour abriter la Société de la Foire Commerciale Intra-Africaine, organe permanent de l’IATF, à l’issue d’un vote du conseil consultatif présidé par Olusegun Obasanjo. Ce pas institutionnel vise à inscrire dans la durée la plateforme phare du commerce continental.
Harare décroche le siège de l’IATFCO
En compétition avec six capitales, le Zimbabwe a convaincu grâce à son centre de conférences récemment modernisé, à son accès aérien multiréseau et à un parc hôtelier en croissance. « Les conditions sont réunies pour un rayonnement durable », s’est félicité Obasanjo lors de la proclamation des résultats.
Le gouvernement zimbabwéen a promis un terrain de quinze hectares à proximité de l’aéroport Robert-Gabriel-Mugabe afin de bâtir un campus dédié aux expositions, aux formations et à l’incubation de PME régionales.
Un choix stratégique pour la ZLECAf
La localisation à Harare étend la géographie commerciale de la ZLECAf vers l’Afrique australe, complément naturel des corridors littoraux de Durban et de Walvis Bay. Les promoteurs espèrent fluidifier les chaînes logistiques nord-sud et offrir une vitrine aux producteurs enclavés.
Le secrétariat de la Zone, basé à Accra, voit dans cette décision « un maillon essentiel pour densifier les échanges intra-africains, évalués à seulement 16 % des flux du continent », selon une note interne partagée à Alger.
Contexte : la montée en puissance de l’IATF
L’édition 2025 d’Alger a accueilli 2 148 exposants et 112 000 visiteurs issus de 132 pays. Les 48,3 milliards de dollars d’engagements signés illustrent l’effet catalyseur de la foire sur les secteurs agro-industriels, pharmaceutiques et tech.
Depuis sa première édition au Caire en 2018, l’IATF a misé sur une rotation géographique pour fédérer les opérateurs africains. L’instauration d’un siège permanent répond désormais à la nécessité de capitaliser sur un réseau institutionnel stable.
Le rôle clé d’Afreximbank
La banque panafricaine, cheville ouvrière de l’IATF, a validé une capitalisation initiale de 28 millions USD pour la nouvelle société. Son président, Benedict Oramah, parle d’un « signal de confiance qui doit entraîner des participations des États et du secteur privé ».
Outre cette enveloppe, Afreximbank mettra à disposition des lignes de crédit pour les entrepreneurs souhaitant exposer ou investir dans le futur campus d’Harare, consolidant ainsi son mandat de facilitation commerciale.
Scénarios de développement économique
À court terme, l’implantation du siège devrait générer un regain d’activité dans le BTP, l’hôtellerie et les services de transport au Zimbabwe, avec des retombées régionales pour la SADC. Les estimations avancent 3 000 emplois directs durant la phase de construction.
À moyen terme, les experts anticipent la création d’un hub de données commerciales et d’une académie de formation aux normes de la ZLECAf, afin de réduire les barrières non tarifaires et d’harmoniser les procédures douanières.
Et après pour les entreprises africaines ?
La présence d’un siège permanent offre aux PME un guichet unique pour l’inscription, la préparation logistique et la recherche de partenaires. Cela réduit les coûts d’accès à la foire, souvent pointés comme un frein par les associations patronales.
Pour les grandes entreprises, le campus d’Harare constituera une base avancée pour tester de nouveaux marchés, organiser des démonstrations industrielles et négocier des co-investissements sans attendre la tenue triennale de la foire itinérante.
Le point juridique et financier
La Société de la Foire Commerciale Intra-Africaine sera structurée en entité à but non lucratif, avec un conseil d’administration panafricain et un directoire opérationnel recruté par appel à candidatures. Un statut extraterritorial, négocié avec Harare, garantira un régime douanier simplifié.
Le financement reposera sur un modèle hybride : dotation publique, revenus de location d’espaces, parrainages et services numériques. Afreximbank pilotera un fonds de garantie pour couvrir les risques liés aux premières années d’exploitation, jugées cruciales par Oramah.