Cap sur la résilience nationale
Au cœur d’un amphithéâtre ministériel animé, l’atelier tenu du 8 au 10 juillet 2025 à Brazzaville a scellé l’adoption définitive de la Stratégie nationale de relèvement post-catastrophes et de préparation aux crises futures 2025-2030. Initié en 2021 puis enrichi des expériences douloureuses des inondations de 2023 et 2024, ce cadre d’action ambitieux traduit la volonté du gouvernement congolais, sous l’impulsion du président Denis Sassou Nguesso, de forger une réponse systémique aux aléas climatiques, technologiques et humains.
Leçon des intempéries récentes
Les eaux qui ont submergé les bassins du fleuve Congo ont rappelé avec acuité la vulnérabilité des infrastructures sociales et productives. L’évaluation post-catastrophe conduite avec l’expertise technique du PNUD a chiffré à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA la valeur des pertes agricoles, routières et éducatives. C’est ce diagnostic, éprouvé sur le terrain par les préfets et consolidé par les données de la Croix-Rouge, qui a guidé la version révisée de la stratégie. Elle ambitionne désormais de replacer la sécurité des communautés au centre du développement, tout en intégrant les normes du Cadre de Sendai, référence internationale en matière de réduction des risques.
Architecture institutionnelle consolidée
La stratégie conforte l’autorité de la plateforme nationale de gestion des risques, tout en clarifiant les synergies entre ministères sectoriels, agences onusiennes et société civile. Mme Carine Ibatta, directrice de l’assistance humanitaire, a insisté sur la « responsabilité collective » d’une coordination fluide, appuyée par un système d’alerte précoce multirisques couvrant l’ensemble du territoire. La création d’un fonds d’urgence, réactivable sous 48 heures, répond à l’exigence de célérité formulée par les partenaires techniques. Dans le même élan, la dimension genre et le souci d’inclure les personnes en situation de handicap ont été intégrés dès la phase de planification, gage de cohésion sociale.
Paramètres budgétaires et partenaires
Évalué à 156,7 milliards de FCFA pour la période 2025-2026, l’enveloppe couvrirait la reconstruction d’écoles parasismiques, la réhabilitation de corridors routiers stratégiques, l’électrification solaire de centres de santé et la relance des filières vivrières. La part la plus substantielle proviendra du budget national, tandis que l’appui du PNUD, des agences spécialisées de l’ONU et de la Croix-Rouge viendra consolider les capacités techniques et financières. Au terme des débats, Joseph Pihi, expert du bureau régional, a salué « l’alignement rare entre volonté politique et planification budgétaire », tout en exhortant à un suivi-évaluation trimestriel afin de garantir la traçabilité des décaissements.
Une gouvernance du risque à l’épreuve du temps
La montée en cadence des phénomènes extrêmes impose de conjuguer urgence et durabilité. Les participants ont rappelé que la réussite du plan dépendra d’une appropriation communautaire, de la pérennisation des financements et de la mise à niveau continue des compétences locales. Dans un contexte où la diversification économique reste une priorité nationale, la stratégie de relèvement apparaît comme un vecteur d’innovation : infrastructures vertes, agriculture intelligente face au climat, solutions numériques pour la cartographie des risques. Si le chantier est vaste, l’objectif demeure limpide : d’ici 2030, faire du Congo une nation résolument résiliente, à la hauteur de son potentiel hydrographique et de la confiance réitérée par ses partenaires internationaux.