Une condamnation aux ramifications politiques
Le verdict tombé jeudi condamnant Sahbi Atig à quinze ans de prison a suscité des remous au cœur de la scène politique tunisienne. Le tribunal de première instance d’Ariana a jugé cet ancien député du parti Ennahda coupable de blanchiment d’argent. Selon les déclarations de son avocat, le procès incarne une tentative transparente de faire taire un opposant politique. Les charges retenues incluent la formation d’une entente dans le but de blanchir de l’argent, l’exploitation de ses fonctions, la possession illégale de devises et le faux témoignage. Cependant, Atig et ses soutiens dénoncent une plot orchestrée, dénuée de fondements tangibles.
Une manipulation judiciaire présumée
Sahbi Atig et ses avocats critiquent ouvertement la justice tunisienne. Pour Mokthar Jmaayi, avocat de la défense, le verdict aurait pour principal objectif de déstabiliser le parti Ennahda en exacerbant la fracture sociale et politique du pays. Il avance que les accusations manquent de crédibilité et qualifie l’affaire de purement politique, camouflant ainsi les enjeux socio-économiques réels auxquels le pays est confronté.
Retour sur une affaire complexe et son contexte politique
La genèse de cette affaire remonte à 2016, lorsqu’un vol a été dossier chez Sahbi Atig. Il a fallu attendre 2023 pour que l’affaire prenne un tournant crucial suite aux révélations d’un suspect affirmant avoir été victime de menaces. Alors que la Cour de cassation avait déjà réfuté des pourvois en mai 2025, elle a renvoyé l’affaire devant la chambre criminelle pour examen. Cette décision a été perçue par beaucoup comme un élément stratégique dans un jeu d’échecs politique plus vaste, visant à éclipser l’opposition par le biais du système judiciaire.
Des antécédents judiciaires non négligeables
Il est important de rappeler que Sahbi Atig n’en est pas à sa première escarmouche judiciaire. Il avait déjà été condamné à treize ans de réclusion dans le cadre d’une affaire controversée, pour complot présumé contre l’État. Son arrestation en mai 2023 à l’aéroport de Tunis-Carthage avait soulevé un tollé auprès des partisans d’Ennahda, estimant que ces accusations avaient pour but ultime de perturber l’équilibre politique déjà fragile de la Tunisie.