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    Kabila en terrain rebelle : pèlerin de la paix ou stratège d’un retour orchestré ?

    Rédaction Centrafrique NewsDe Rédaction Centrafrique Newsjuin 24, 2025Aucun commentaire6 Mins de Lecture
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    Aux confins des Kivus, un symbole en mouvement

    Le fracas des armes ne s’est jamais vraiment tu dans les collines du Kivu. C’est pourtant dans ce décor saturé d’incertitudes que Joseph Kabila, discret depuis la fin de son mandat en 2019, a choisi de réapparaître. Après une arrivée remarquée à Goma, l’ancien président a rallié Bukavu par voie lacustre, ponctuant une traversée du lac Kivu que ses proches qualifient d’« impératif sécuritaire ». Les populations riveraines, persuadées de voir se rejouer un épisode de l’histoire récente, observent le ballet de vedettes rapides escortées par des éléments armés, tandis que la coalition rebelle AFC/M23 contrôle la quasi-totalité des points d’accès routiers.

    Si la scène semble relever d’un protocole officiel, elle n’en demeure pas moins inédite : jamais un ancien chef d’État congolais n’avait poursuivi une tournée publique dans des villes tenues par un groupe rebelle. Ce paradoxe nourrit déjà les conversations dans les chancelleries africaines, où l’on s’interroge sur la portée réelle de ce déplacement inattendu.

    La logistique discrète d’un voyage hautement symbolique

    Deux jours durant, le port de Bukavu a été verrouillé par un dispositif qualifié d’« exceptionnel » par une source humanitaire locale. Des pêcheurs ont raconté avoir été priés de garder leurs embarcations au rivage, tandis que les marchés voisins restaient fermés. À l’intérieur de la ville, des éclats d’obus émaillent encore les façades depuis l’attentat qui avait visé un meeting de Corneille Nangaa, chef politique de l’AFC/M23, le 27 février. Dans ce décor fragilisé, la venue de Kabila se voulait apaisante : visite d’un hôpital, échange à huis clos avec des notables banyamulenge, prière œcuménique dans un temple protestant. « Nous voulons écouter avant de proposer », a glissé un membre de sa garde rapprochée, soucieux de démontrer la vocation consultative de la tournée.

    Pourtant, la discrétion affichée est contredite par l’ampleur des moyens mobilisés. Des officiers de l’ancienne Garde républicaine, encore loyaux à l’ex-président, sécurisent chaque périmètre. Plusieurs experts, dont le chercheur Jason Stearns, notent que cette protection n’aurait pu être tolérée sans un accord tacite des commandants de l’AFC/M23, soulignant de facto la dualité d’une opération autant humanitaire que politique.

    Entre suspicion de collusion et quête de légitimité

    À Kinshasa, la présidence de Félix Tshisekedi observe la scène avec un mélange de prudence et d’irritation. Le Sénat a déjà levé, en mai, l’immunité parlementaire de Kabila, ouvrant la voie à d’éventuelles poursuites pour « complicité avec un mouvement insurrectionnel ». La ministre de la Justice a rappelé que « nul n’est au-dessus de la loi, fût-il ancien chef d’État ». Dans l’entourage présidentiel, on soupçonne l’ancien raïs de chercher un levier de négociation avec Kigali, voire de se poser en sauveur de l’unité nationale.

    Joseph Kabila, lui, s’abstient de toute déclaration publique frontale. Il invoque la nécessité de « ramener la confiance entre les communautés » et se réclame du dialogue prôné par les Églises catholique et protestante. L’argument n’est pas nouveau, mais il trouve un écho auprès de la société civile locale, lassée des promesses non tenues de Kinshasa. « Nous savons qu’il a encore de l’influence sur certains groupes armés », admet un chef coutumier, « alors qu’il use de cette influence pour pacifier ».

    La dimension régionale d’une crise sans répit

    La caravane de Kabila se déplace au moment même où les diplomates américains multiplient les navettes entre Washington, Kigali et Kinshasa. L’administration américaine, qui préside actuellement le Conseil de sécurité, pousse à un cessez-le-feu avant la saison des pluies. Mais sur le terrain, l’AFC/M23 consolide ses positions et, selon un rapport des Nations unies, bénéficie d’un soutien logistique venu du Rwanda voisin, allégation que Kigali continue de démentir.

    Au-delà des frontières congolaises, Kampala et Luanda restent à l’affût. Un diplomate ougandais confie qu’« un Kabila réhabilité pourrait servir de pont de dialogue avec Kigali ». Luanda, de son côté, voit dans cette séquence un test grandeur nature du mécanisme de médiation prévu par l’Accord de Nairobi, dont l’Angola est garant. Pour la plupart des capitales régionales, la question n’est pas tant de savoir si l’ancien président reviendra au pouvoir, mais s’il peut contribuer à un arrangement sécuritaire permettant la réouverture des principaux axes commerciaux.

    Scénarios diplomatiques et politiques en gestation

    Plusieurs scénarios se dessinent. Le premier, jugé improbable mais pas impossible par l’International Crisis Group, verrait l’ancien président se muer en médiateur officiel, sous l’égide des Églises, avec la bénédiction de l’Union africaine. Le deuxième, plus sombre, évoque une fragmentation accrue de l’est congolais : le M23 transformerait sa victoire militaire en administration de fait, avec Kabila comme figure d’équilibre tolérée. Enfin, un troisième scénario, défendu par certains diplomates européens, miserait sur une intégration du M23 dans une future coalition politique à Kinshasa, à condition que Kabila renonce à toute ambition électorale et que Kigali retire son soutien armé.

    Dans cette équation, la rue congolaise conserve un rôle crucial. Des manifestations hostiles, sporadiques certes, rappellent que la figure de Kabila reste associée à des années de présidence contestée. « Il marche sur un fil très mince », résume un analyste congolais, « entre l’image de l’homme de paix et celle de l’homme de l’ombre ».

    Le pari repose donc sur sa capacité à convaincre que ses échanges, pour l’instant tenus à l’écart des caméras internationales, servent un agenda national plutôt qu’une revanche personnelle.

    Vers un nouveau chapitre incertain

    Avant de quitter Bukavu pour, dit-on, une retraite brève dans les Hauts-Plateaux du Sud-Kivu, Joseph Kabila aurait glissé à un leader communautaire : « La paix véritable naît de la confiance, pas des ultimatums ». La formule, soigneusement relayée par ses partisans, sonne comme un programme, mais n’efface ni les griefs judiciaires ni les suspicions de collusion qui l’entourent.

    L’ancien président semble pourtant convaincu qu’il peut, à défaut de redevenir l’arbitre, se rendre incontournable. Dans un contexte où la diplomatie régionale cherche encore ses repères, sa marge de manœuvre dépendra autant de Kinshasa que de Kigali et de Washington. À l’heure où les villes de l’est congolais vivent au rythme des couvre-feux et des flux de déplacés, l’ombre de Kabila plane ainsi sur un échiquier plus volatile que jamais. Reste à savoir si ce retour en zone rebelle prélude à un compromis historique ou, au contraire, à une nouvelle ère d’ambiguïtés politiques.

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