Kintélé célèbre la réussite académique 2025
À quelques kilomètres de Brazzaville, le campus de Kintélé s’est paré, le temps d’une matinée, des couleurs de la solennité universitaire. Dans l’amphithéâtre principal, 405 étudiants de la troisième promotion, baptisée Professeur Théophile Obenga, ont reçu leurs parchemins de licence ou de master sous les applaudissements d’une assemblée mêlant familles, diplomates et acteurs économiques. L’enthousiasme était à la mesure des chiffres : un taux global de réussite supérieur à quatre-vingt-dix-huit pour cent, culminant à cent pour cent pour l’Institut supérieur d’architecture, d’urbanisme, de bâtiment et des travaux publics. Ngantso Anne Laure Emmanuelle et Malonga Mpoussika Beldon, majors respectifs de licence et de master, incarnent cette dynamique d’excellence qui s’enracine peu à peu dans le paysage académique national.
Le capital humain au cœur de la stratégie nationale
Présidant la cérémonie, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a salué « l’engagement d’un peuple qui entend épouser l’excellence pour mieux conduire le pays vers l’émergence ». Dans le sillage du Plan national de développement 2022-2026, l’exécutif voit dans le renforcement des compétences locales un prérequis à la diversification économique. Les 95 nouveaux titulaires de master, formés en architecture paysagère, ingénierie géographique ou sciences appliquées, représentent un vivier immédiatement mobilisable sur des projets structurants. La ministre de l’Enseignement supérieur, Emmanuelle Delphine Edith, a rappelé que l’Université Denis Sassou-Nguesso « atteint son rythme de croisière », signe d’une stabilisation organisationnelle trois ans seulement après son inauguration.
Innovation pédagogique et recherche appliquée
Le président de l’université, le professeur Ange Antoine Abena, a détaillé une politique de recherche articulée autour de quatre axes, dont la résilience environnementale et la transformation numérique. L’ouverture récente de l’École des mines, hydraulique et énergie témoigne de la volonté de répondre aux besoins identifiés dans le secteur extractif et dans la transition énergétique. Les mémoires de master, consacrés à la mobilité urbaine ou à l’érosion côtière, illustrent une approche pragmatique : former en situation réelle afin de générer des solutions transposables à l’échelle du territoire.
Passerelles avec le secteur productif congolais
Au-delà de la remise de diplômes, l’enjeu est l’insertion professionnelle. Le président de l’Association des étudiants, Thierry Ngouama, a adressé un appel explicite aux entreprises publiques et privées afin qu’elles recrutent cette « génération Obenga ». Les trois meilleurs diplômés de chaque master, ainsi que la première de la promotion, intégreront dès la rentrée prochaine le personnel académique comme attachés techniques, consolidant le corps enseignant tout en ouvrant la voie à un modèle vertueux de formation par la recherche.
Les grands opérateurs du BTP, de l’énergie et des géosciences ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt, conscients du bénéfice d’un capital humain formé localement, adapté aux réalités nationales et apte à dialoguer avec les normes internationales. Dans un contexte où le chômage des jeunes demeure un défi, ces passerelles offrent une perspective tangible d’employabilité.
Rayonnement régional et diplomatie académique
Grâce à des protocoles signés récemment avec l’Université de Yaoundé I et l’Université Cheikh Anta Diop, l’établissement de Kintélé ambitionne de devenir un hub scientifique d’Afrique centrale. Des missions d’échanges de professeurs et des codirections de thèses sont programmées dès l’an prochain, renforçant l’intégration académique et favorisant la circulation des savoirs.
Dans son allocution, l’ambassadeur de l’Union africaine accrédité à Brazzaville a salué une « diplomatie du savoir » qui concourt également à la paix régionale, la coopération scientifique étant reconnue comme un vecteur de stabilité. L’université capitalise ainsi sur son positionnement géographique et la symbolique de son nom pour consolider une influence mesurée mais significative sur la scène continentale.
Perspectives et défis pour la prochaine décennie
Alors que les regards se tournent vers la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, la consolidation d’un enseignement supérieur de qualité demeure un impératif stratégique pour la République du Congo. L’accès à des financements de recherche, la production scientifique indexée dans les bases internationales et la maîtrise des technologies émergentes figurent parmi les défis recensés par les experts présents à Kintélé.
Les succès enregistrés lors de cette cérémonie n’éludent pas la nécessité de maintenir l’effort budgétaire, d’améliorer les services aux étudiants et de promouvoir l’égalité de genre dans les filières scientifiques. Toutefois, la cohérence observée entre les programmes de l’Udsn et les priorités nationales laisse augurer une montée en régime progressive. Le pays se dote ainsi d’une jeunesse hautement qualifiée, prête à contribuer à la transformation économique annoncée.