Ce qu’il faut retenir de la session de Brazzaville
Sous les lambris du Palais des Congrès, l’Assemblée plénière de la Cndh déroule jusqu’au 26 septembre un agenda dense : adoption d’un règlement intérieur modernisé, création de sous-commissions spécialisées et finalisation d’un plan stratégique 2025-2028 destiné à transformer les ambitions en résultats concrets.
Les délégués, dont des représentants de la société civile et des partenaires techniques, saluent une opportunité de doter la jeune institution d’outils opérationnels. Le président Casimir Ndomba fixe une ligne : transparence, rigueur et ouverture pour faire de la Cndh un pivot national du respect des droits fondamentaux.
Une session clé pour la gouvernance des droits humains
Contexte. Créée par la Constitution, la Cndh a la charge de veiller à la promotion et à la protection des droits humains dans tout le territoire de la République du Congo. Trois ans après son installation, l’organe veut franchir une nouvelle étape de maturité institutionnelle.
Pendant cinq jours, les commissaires examinent les rapports d’activité, évaluent les lacunes et calibrent des objectifs mesurables. « Nous devons formuler des recommandations pertinentes et veiller à leur mise en œuvre », souligne Casimir Ndomba, appelant à un esprit d’écoute afin de refléter l’intérêt général.
Un règlement intérieur pour davantage de transparence
L’un des premiers textes soumis au vote porte sur le règlement intérieur, socle d’une gouvernance plus lisible. Le document précise les modalités d’organisation, la gestion des ressources et les mécanismes de reddition de comptes, un point suivi de près par les bailleurs.
En internalisant des procédures de contrôle et un code éthique, la Cndh entend bâtir la confiance du public. Les observateurs notent que cette démarche s’inscrit dans les recommandations internationales qui conditionnent souvent l’accès aux financements dédiés aux institutions nationales des droits humains.
Synergie avec la société civile et les partenaires
Casimir Ndomba réaffirme la volonté de maintenir un dialogue permanent avec ONG, syndicats et associations communautaires. Il insiste sur la complémentarité des actions de sensibilisation menées sur le terrain, notamment dans les quartiers populaires des grandes villes et les zones rurales.
Saluant l’appui multiforme des agences onusiennes, il appelle à « un partenariat stratégique fondé sur la confiance mutuelle et l’efficacité ». Pour la Cndh, l’appropriation locale des programmes reste la clé d’une amélioration tangible des indicateurs de droits humains.
L’enjeu de la conformité aux Principes de Paris
Le Coordonnateur résident du Système des Nations unies, Abdourahamane Diallo, soutient une réforme législative visant à aligner pleinement la Cndh sur les Principes de Paris, standard international d’indépendance et de pluralisme. « Cette évolution renforcera sa crédibilité et élargira son accès aux fonds dédiés », plaide-t-il.
Pour les commissaires, l’obtention du statut A constituerait un label de qualité tout en ouvrant la voie à des programmes de coopération sud-sud. Une cellule technique planche déjà sur les amendements à soumettre au Parlement avant la fin de l’année.
Scénarios de financement et d’impact
Si le budget national finance l’essentiel du fonctionnement, la mise en œuvre du plan 2025-2028 exige des ressources additionnelles. Trois pistes sont à l’étude : mobilisation de nouvelles lignes onusiennes, contributions ciblées des partenaires bilatéraux et partenariats avec le secteur privé pour des projets de sensibilisation.
Le point juridique/éco. Les textes prévoient que toute dotation extérieure respecte l’autonomie de décision de la Cndh. Les juristes de l’institution travaillent à un cadre contractuel qui sécurise à la fois la transparence financière et la conformité aux normes de passation publique.
Impact attendu sur le terrain
Les scénarios présentés chiffrent une hausse de 40 % du nombre de missions d’investigation dans les départements et la mise en place d’un système numérique de plaintes accessible via téléphone portable. Objectif : réduire les délais de traitement et améliorer le suivi des recommandations.
Un accent particulier est mis sur la formation des forces de l’ordre, avec des modules sur l’usage proportionné de la force et la prévention de la torture. La commission envisage de collaborer avec l’École nationale de police et les centres de formation militaire pour intégrer ces modules dans les cursus de base.
Et après ? La feuille de route 2025-2028
La validation du plan stratégique ouvrira une phase de lancement pilotée par un comité de coordination restreint. Chaque axe – protection, promotion, coopération – sera assorti d’indicateurs trimestriels transmis au Parlement et publiés sur le site de la Cndh pour favoriser la redevabilité.
Une évaluation indépendante est programmée à mi-parcours en 2027 afin d’ajuster les objectifs. « Faire de cette première session le point de départ d’une dynamique nouvelle », insiste Casimir Ndomba, qui voit dans cette planification un outil de modernisation de l’action publique au bénéfice des citoyens.
Regards et symboles
La photo officielle montrant le président de la Cndh ouvrant les travaux illustre la volonté d’incarner une institution proche des réalités nationales. Dans la salle, drapeaux congolais et emblèmes onusiens se côtoient, rappelant le double ancrage national et international de la commission.
En clôture, un communiqué final résumera les décisions et annoncera la date de publication du document stratégique. Les acteurs de la société civile se déclarent prêts à accompagner la mise en œuvre, convaincus que la réussite du plan 2025-2028 renforcera l’État de droit dans le Congo-Brazzaville.