L’inattendue montée de la rue libérienne
Sous un soleil lourd de mousson, l’axe principal de Monrovia a vu converger, jeudi, une foule composite où s’entremêlaient travailleurs du secteur informel, fonctionnaires déçus et représentants de la société civile. Les organisateurs, fédérés autour du mouvement « Rescue Liberia », revendiquent la défense d’un cap démocratique qu’ils estiment fragilisé depuis l’accession à la magistrature suprême de Joseph Boakai en janvier dernier. Les slogans, repris en anglais et en koloqua, pointaient un même grief : la lenteur perçue dans la mise en œuvre des promesses de gouvernance vertueuse formulées durant la campagne.
Corruption alléguée et inflation galopante
Dans un pays où le PIB par habitant peine encore à atteindre 700 dollars (Banque mondiale), la hausse de 18 % du panier alimentaire depuis mars accentue une précarité déjà chronique. Les manifestants s’appuient sur plusieurs rapports d’ONG évoquant des adjudications publiques octroyées sans appel d’offres et des surfacturations dans les secteurs portuaire et minier. L’exécutif, par la voix du ministre de l’Information, a réfuté ces accusations, évoquant une « campagne de désinformation orchestrée par certains cercles nostalgiques de l’ancienne administration ». Il n’en demeure pas moins que le pouvoir d’achat, indexé au cours volatil du dollar libérien, continue de se dégrader, alimentant l’exaspération.
La gestion sécuritaire sous les projecteurs
La présence policière, jugée intimidante par des observateurs internationaux, a été abondamment documentée. Le commissaire général de la Liberia National Police assure pour sa part que l’usage de gaz lacrymogènes n’a visé qu’à « préserver l’ordre public ». Des organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International, plaident pour une enquête indépendante sur la proportionnalité de la riposte. Le cabinet présidentiel, lui, met en avant la fragilité des institutions post-guerre civile et la nécessité, selon ses propres termes, de « ne pas replonger la nation dans l’anomie ». Jusqu’ici, aucun décès n’a été signalé, mais plusieurs blessés légers ont été enregistrés.
Les répercussions diplomatiques régionales
La CEDEAO observe la situation avec une attention soutenue, consciente du risque de contagion dans un corridor atlantique déjà marqué par l’instabilité guinéenne et la transition au Sierra Leone. À Brazzaville, où l’on suit traditionnellement de près les soubresauts ouest-africains afin de préserver le climat d’affaires sous-régional, des sources au ministère congolais des Affaires étrangères soulignent « la nécessité d’un dialogue inclusif et respectueux des institutions élues ». Cette posture concilie la doctrine de non-ingérence chère à la diplomatie congolaise et la promotion d’une stabilité qui profite à l’ensemble du continent.
Éducation des adolescentes congolaises : un tournant
En République démocratique du Congo, l’annonce d’une directive gouvernementale autorisant les jeunes filles enceintes à poursuivre leur scolarité marque un jalon salué par l’UNICEF. Le pays enregistre un taux de natalité chez les adolescentes supérieur à 120 pour mille naissances, l’un des plus élevés au monde. L’initiative, portée par le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique, vise à préserver le capital humain en cours de formation, tout en s’attaquant aux déterminants sociétaux des grossesses précoces. La Conférence épiscopale nationale du Congo, influente dans le système éducatif, exprime néanmoins sa réserve, redoutant une « banalisation de l’acte sexuel en milieu scolaire ». Un compromis se dessine autour d’un renforcement de l’éducation à la santé reproductive, sans que ne soit remis en cause le calendrier d’entrée en vigueur pour la prochaine rentrée.
Mandela Day : l’héritage au diapason des consciences
Le 18 juillet, date anniversaire de Nelson Mandela, demeure un marqueur moral pour le continent. Au Cap, la traditionnelle soupe populaire a migré vers le stade de Green Point afin d’absorber un afflux inédit de volontaires. Cette générosité rappelle que la consolidation démocratique ne se résume pas aux urnes, mais repose aussi sur l’engagement citoyen. À Monrovia, certains protestataires disaient se référer à l’esprit de Madiba pour justifier leur démarche pacifique. À Kinshasa, la journée a servi de tremplin pour sensibiliser à la cause des jeunes mères étudiantes. Partout, l’idéal de justice sociale porté par Mandela irrigue encore les imaginaires politiques d’Afrique, signalant qu’au-delà des contingences nationales, une même aspiration humaniste agit comme vecteur de cohésion.