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    Lumumba revient sans corps : cent ans après, le Congo dialogue enfin avec son ombre

    Rédaction Centrafrique NewsDe Rédaction Centrafrique Newsjuillet 2, 2025Aucun commentaire5 Mins de Lecture
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    Une figure tutélaire aux résonances toujours vives

    Patrice Émery Lumumba, né le 2 juillet 1925 dans la province du Sankuru, demeure l’incarnation la plus saillante de la revendication congolaise d’indépendance. Son ascension fulgurante, de fonctionnaire des postes à chef du Mouvement National Congolais puis Premier ministre en juin 1960, a cristallisé les espoirs d’un peuple soumis à soixante-quinze années de régime colonial. Le caractère charismatique du dirigeant, sa rhétorique anticoloniale sans ambages et sa volonté de restaurer la dignité africaine ont fait de lui, dès le premier jour de l’indépendance, une figure à la fois célébrée par les masses et scrutée avec inquiétude par les chancelleries occidentales.

    Le discours du 30 juin 1960 : matrice d’une postérité

    Rarement un texte improvisé n’aura autant façonné la mémoire politique d’un pays. En dénonçant depuis la tribune de Léopoldville « l’esclavage dégradant imposé au canon du fusil », Lumumba brise la liturgie d’une passation de pouvoir que Bruxelles voulait solennelle mais pacifiée. L’historien Ludo De Witte rappelle que « jamais un Africain noir ne s’était adressé ainsi à un souverain européen » (De Witte, 2000). Cet instant, où l’on entend encore les salves d’applaudissements d’une foule exaltée, constitue la ligne de fracture entre l’utopie d’un Congo souverain et la realpolitik de la Guerre froide. Le ton employé, dans une salle emplie de casques coloniaux encore présents, scellera le destin du jeune chef de gouvernement.

    Assassinat, disparition corporelle et résilience mémorielle

    Le 17 janvier 1961, loin des caméras, Lumumba est exécuté près d’Élisabethville avec ses compagnons Mpolo et Okito. Les opérations macabres de dissolution chimique et de crémation, conduites par des officiers belges, visaient à annihiler la preuve physique de son existence. Pourtant, l’aveu tardif du commissaire Gérard Soete puis la restitution solennelle d’une dent en or à la famille, en 2022, ont replacé la question mémorielle au cœur du débat international. L’ex-ministre belge des affaires étrangères Louis Michel en avait posé les jalons dès 2002 en exprimant des « regrets sincères » au nom du Royaume. La démarche, si elle signale une avancée diplomatique notable, ne saurait clore le chantier de la réconciliation historique.

    Un héritage disputé au prisme des enjeux régionaux

    Le destin de Lumumba dépasse les frontières de la République démocratique du Congo. Au-delà du fleuve, Brazzaville observe l’évolution du débat mémoriel avec un souci d’équilibre. La stabilité politique voulue par le président Denis Sassou Nguesso, ardent défenseur du dialogue permanent entre États de la CEEAC, s’appuie en partie sur une lecture apaisée du passé colonial et sur la promotion d’une diplomatie de bon voisinage. Dans ce cadre, la figure lumumbiste sert de rappel à la vigilance stratégique : le jeu des puissances extérieures, jadis matérialisé par l’intervention belge et l’implication de la CIA, reste un paramètre que les capitales d’Afrique centrale intègrent à leurs calculs. Le retour, depuis 2018, d’investissements russes dans la région et la concurrence sino-occidentale sur les métaux stratégiques du Katanga soulignent la pertinence de cet héritage.

    Transmission aux jeunes générations et diplomatie culturelle

    Un demi-siècle de programmes scolaires a tour à tour sanctifié, édulcoré ou passé sous silence le parcours de Patrice Lumumba. Naguère considéré comme subversif, il est désormais inscrit au Panthéon des héros africains. Les universités de Kinshasa, de Brazzaville et de Dakar organisent, pour ce centenaire, colloques et expositions itinérantes qui valorisent l’esprit panafricain tout en interrogeant les défis contemporains : gouvernance inclusive, diversification économique et transition énergétique. À l’instar de la diplomatie culturelle congolaise, la Francophonie soutient ces initiatives pour promouvoir un récit partagé qui transcende les clivages. L’enjeu est double : nourrir l’imaginaire civique de la jeunesse et consolider un socle mémoriel susceptible d’orienter des choix politiques moins polarisés.

    Vers une consolidation de la coopération transfrontalière

    Le centenaire offre l’occasion de consolider la coopération tripartite entre Kinshasa, Brazzaville et Bruxelles. La restitution d’archives militaires belges, annoncée pour 2024, doit permettre aux chercheurs congolais d’accéder à des sources primaires longtemps classifiées. Dans le même temps, le Programme de développement intégré du bassin du Congo, soutenu par la Banque mondiale, intègre une dimension patrimoniale en finançant la réhabilitation de lieux de mémoire liés à l’indépendance. Ces actions s’inscrivent dans la diplomatie de proximité prônée par les chefs d’État d’Afrique centrale, convaincus que le récit commun constitue un levier de stabilité régionale autant qu’un vecteur d’attractivité pour l’investissement étranger.

    Un centenaire, des leçons et une projection vers l’avenir

    À cent ans de la naissance de Lumumba, l’Afrique centrale n’est plus le théâtre fragmenté de 1960 : les institutions régionales se sont étoffées, la jeunesse est hyperconnectée et l’économie se diversifie. Pourtant, l’interrogation lancinante sur la souveraineté, l’exploitation des ressources et la place des influences extérieures demeure. Les diplomates s’accordent à reconnaître que la lucidité de l’ancien Premier ministre éclaire encore la scène internationale. La reconnaissance progressive de ses idéaux, conjuguée à l’engagement d’États tels que le Congo-Brazzaville pour une gouvernance apaisée, compose un socle sur lequel bâtir une coopération renouvelée. Ainsi, en dépit de l’absence de dépouille, la pensée lumumbiste poursuit son travail silencieux : inviter les dirigeants et les peuples à un dialogue permanent avec l’ombre portée de l’histoire.

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