Ce qu’il faut retenir
A Dakar, l’information a circulé comme une traînée de poudre : menacé de poursuites pour la conduite de son second mandat, clos en 2024, l’ancien président Macky Sall a mandaté l’avocat pénaliste français Pierre Olivier Sur pour préparer une stratégie de défense.
Dans le châpo « Ce qu’il faut retenir », les observateurs soulignent que ce recours précoce confirme le sérieux des menaces mentionnées par plusieurs voix politiques sénégalaises, sans qu’aucune mise en examen formelle n’ait encore été annoncée à ce stade.
Contexte et cadre légal
Le contexte rappelle que le second quinquennat de Macky Sall, entamé en 2019, a été jalonné de débats intenses autour de la gouvernance et de la gestion des ressources publiques, thèmes désormais scrutés par une partie de l’opinion qui demande des comptes.
Dans un encadré « Contexte », nos colonnes rappellent toutefois qu’aucune procédure définitive n’est amorcée ; l’expression « menace de poursuites » renvoie, pour l’heure, à des déclarations générales d’élus et d’acteurs de la société civile.
Dans l’encadré « Le point juridique », nous rappelons que l’ancien chef de l’État bénéficie, comme tout citoyen, de la présomption d’innocence tant qu’aucune juridiction ne s’est prononcée.
Le choix Pierre Olivier Sur
Pierre Olivier Sur, cofondateur du cabinet FMTS Avocats, s’impose depuis deux décennies comme une référence parisienne du pénal des affaires ; il partage actuellement la défense de l’ex-président gabonais Ali Bongo avec son confrère François Zimmeray, autre figure reconnue.
Le choix de cet avocat symbolise, selon un juriste dakarois interrogé, une volonté d’adosser la stratégie à un cabinet international capable de naviguer entre les systèmes de droit français et sénégalais, proches mais distincts dans leurs procédures.
Stratégie en coulisses
L’entourage de Macky Sall, joint par la presse, n’a pas détaillé les contours exacts de la mission confiée à Pierre Olivier Sur ; certaines sources insistent simplement sur la nécessité de préparer des éléments de preuve et de discours avant tout signalement officiel.
Du côté de Dakar, certains commentateurs voient dans cette démarche un signe de professionnalisation de la défense politique ; d’autres y décèlent un message adressé aux éventuels plaignants : le dossier sera vigoureusement contesté s’il franchit la phase préjudiciaire.
Scénarios procéduraux envisagés
Dans la rubrique « scénarios », plusieurs issues sont évoquées sans prédiction : classement sans suite, audition simple, instruction approfondie puis éventuel procès, ou encore accord transactionnel, chacun impliquant un calendrier et une charge probatoire différents.
Pour l’heure, aucun commentaire émanant de l’appareil d’État sénégalais n’a confirmé l’ouverture effective d’une enquête ; l’initiative reste donc cantonnée à l’espace public et médiatique.
Résonances régionales
Le dossier trouve un écho particulier en Afrique centrale, zone où plusieurs anciens dirigeants se sont récemment entourés de conseils étrangers pour affronter de potentielles procédures, à l’image d’Ali Bongo défendu par la même équipe.
Ces convergences, soulignent des analystes, illustrent l’essor de cabinets transnationaux capables de suivre des affaires complexes sur plusieurs territoires francophones, tendance appelée à se consolider sous l’effet d’une opinion publique plus exigeante.
Les spécialistes interrogés évoquent également la dimension communicationnelle : une défense internationale offre, selon eux, un accès direct aux relais médiatiques européens, susceptibles d’atténuer d’éventuelles campagnes négatives sur les réseaux sociaux.
Regards croisés des juristes
Dans plusieurs facultés de droit de la sous-région, des enseignants citent déjà le « cas Sall » pour illustrer l’évolution de la responsabilité des gouvernants ; ils soulignent que l’opinion n’accepte plus que les présidences se terminent sans un audit public de leur action.
Certains praticiens, cependant, rappellent que la Constitution sénégalaise n’instaure aucune juridiction d’exception pour juger les anciens chefs d’État : tout justiciable passe par les tribunaux de droit commun, une garantie essentielle pour la lisibilité institutionnelle.
Impacts diplomatiques
Au-delà de la procédure, l’affaire nourrit déjà la sphère diplomatique ; plusieurs chancelleries suivent attentivement le dossier, estimant qu’il pourrait influencer la perception du Sénégal comme pôle de stabilité et d’État de droit dans la région.
D’autres voix, enfin, rappellent qu’à ce stade aucune autorité judiciaire n’a communiqué le moindre chef d’inculpation ; le débat actuel relève donc davantage du champ politique que de la procédure pénale proprement dite.
Et après ?
Dans le bloc « et après ? », la prudence domine : tant que la justice sénégalaise ne se saisit pas formellement du dossier, Macky Sall demeure un ancien chef d’État jouissant de sa liberté de mouvement et de parole.
Pour les investisseurs comme pour les partenaires institutionnels, l’enjeu majeur sera la stabilité du cadre politique ; à ce stade, rien ne permet de conclure à une déstabilisation de l’environnement des affaires.
En définitive, l’arrivée de Pierre Olivier Sur aux côtés de Macky Sall illustre la judiciarisation croissante de la vie publique ouest-africaine ; elle rappelle surtout que même hors du pouvoir, un président se prépare désormais très tôt aux éventuelles batailles procédurales.
Les observateurs concluent que la mobilisation rapide d’une défense expérimentée traduit une tendance de fond : les responsables sortants s’emploient désormais à anticiper d’éventuels contentieux plutôt qu’à les subir, signe d’une maturation de la scène politique ouest-africaine selon plusieurs académiciens.
Reste à voir si l’initiative dissuadera les potentielles actions futures.