Ce qu’il faut retenir
Grâce à une démonstration offensive face au Niger lors de la 7e journée des éliminatoires, les Lions de l’Atlas ont composté leur ticket pour la Coupe du monde 2026, troisième qualification d’affilée et septième participation historique, confortant ainsi la dynamique née depuis Russie 2018.
Les Marocains totalisent désormais 18 points sur 18 possibles, laissant Tanzanie, Zambie, Niger et Congo hors de portée. Le succès, célébré par plus de 60 000 spectateurs à Rabat, illustre la régularité d’un effectif rompu aux joutes africaines et mondiales.
Un festival offensif scelle le billet mondial
Ismael Saibari a débloqué la partie d’une frappe croisée avant de s’offrir un doublé neuf minutes plus tard. L’ailier, formé aux Pays-Bas, confirme sa montée en puissance dans un secteur offensif où Hakim Ziyech et Sofiane Boufal étaient préservés.
Au retour des vestiaires, Ayoub El Kaabi a inscrit son huitième but des éliminatoires, profitant d’un service millimétré d’Achraf Hakimi. Hamza Igamane puis Azzedine Ounahi ont parachevé la démonstration, portant à quinze le total de buts inscrits par le Maroc dans ce groupe.
« Nous avons respecté l’adversaire tout en restant fidèles à notre identité de jeu », a commenté Walid Regragui en conférence de presse, soulignant la profondeur de banc qui a permis de garder l’intensité jusqu’aux arrêts de jeu.
La patte Regragui: discipline et profondeur de banc
Nommé après la CAN 2021, le technicien franco-marocain a bâti un collectif où la solidarité défensive se conjugue avec la verticalité offensive. Sous sa conduite, le Maroc affiche 72 % de victoires et n’a encaissé que quatre buts en compétition officielle depuis le Mondial qatari.
Le staff mise sur l’intégration précoce des binationaux issus des centres européens, mais valorise aussi les talents locaux comme Igamane, révélation du dernier championnat. Cette stratégie hybride, soutenue par la Fédération royale marocaine de football, alimente un vivier jugé « inédit » par plusieurs analystes.
Le Complexe Moulay Abdellah, vitrine d’une ambition nationale
Inauguré la veille après deux années de travaux, l’enceinte de 65 000 places associe pelouse hybride, écrans 4K et loges premium. Le ministère de la Jeunesse et des Sports y voit la preuve d’une politique publique qui fait du sport une vitrine diplomatique et économique.
Les recettes billetterie de cette rencontre ont dépassé 12 millions de dirhams, selon la FRMF, un record national. Pour l’économiste Najib Akesbi, « la modernisation des stades s’inscrit dans un mouvement plus large de diversification des revenus touristiques », particulièrement crucial à l’ère post-Covid.
Scénarios avant la CAN 2025 à domicile
Désormais qualifiés, les Lions pourront utiliser les deux dernières journées éliminatoires pour tester de nouveaux schémas, voire donner du temps de jeu aux doublures. L’idée, confie un membre du staff, est de « préserver les cadres tout en maintenant la compétitivité interne ».
Le calendrier propose un choc amical face au Brésil en mars prochain, puis un stage altitude à Ifrane. Regragui souhaite reproduire la recette qui avait mené les siens en demi-finale au Qatar : travailler l’endurance, la gestion des temps faibles et la finition.
Le point économique: retombées du sport business marocain
Selon le cabinet Deloitte, la qualification pourrait générer un surplus de 1,2 % du PIB touristique marocain entre 2024 et 2026, via l’afflux de supporters, la vente de produits dérivés et les droits télé. Les clubs locaux espèrent capter une partie de cette manne.
Casablanca se positionne déjà pour accueillir des fan-zones géantes, tandis que Royal Air Maroc annonce des liaisons directes vers les villes américaines retenues pour 2026. Le sport devient ainsi un vecteur majeur de l’agenda « Maroc Now » centré sur l’investissement et la décarbonation.
Contexte régional et africain
En Afrique, seul le Sénégal a également sécurisé son billet à ce stade des éliminatoires. Pour l’ancien international congolais Paul Koulibaly, « ces performances tirent vers le haut l’ensemble du football continental et encouragent les fédérations à investir dans la formation et l’infrastructure ».
Le Congo-Brazzaville, quatrième du groupe E avec un point, peut encore viser les barrages de la CAN 2025. La Fédération congolaise salue « le modèle marocain » en matière de planification, un exemple qui pourrait inspirer les futures rénovations du stade de Kintélé.
Le regard des supporters
Dans les travées flambant neuves, les tifos rouges et verts se sont déployés dès l’échauffement. Salma, 23 ans, confie avoir parcouru 400 kilomètres depuis Ouarzazate pour « vivre en direct l’histoire ». Pour elle, le football « unit un pays bien au-delà des clivages » socioculturels, selon la jeune étudiante marocaine.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #RoadTo2026 a généré plus de 30 millions d’interactions en 24 heures, d’après Socialbakers. Les influenceurs sportifs y voient la confirmation du « soft power » marocain, capable d’associer performances, hospitalité et marketing digital calibré pour la génération Z du continent et ailleurs.
Et après ? Objectif constance au sommet
La qualification précoce offre au Maroc un luxe rare : planifier sur le long terme. Reste à consolider la relève pour éviter le creux générationnel constaté après 1998. Regragui l’assure : « La route est longue, mais nous voulons installer le Maroc durablement parmi les huit meilleurs mondiaux ».