Miss Mayele, un rendez-vous de diplomatie culturelle
Les lambris feutrés du rectorat de l’Université Marien-Ngouabi ont, le 30 juillet, offert leur solennité à la seconde édition du concours littéraire Miss Mayele. Au-delà de l’apparente simplicité d’un questionnaire de grammaire, l’événement orchestre une stratégie de rayonnement qui s’inscrit dans la tradition congolaise de diplomatie culturelle. Le pays, membre actif de l’Organisation internationale de la francophonie, trouve dans cette joute académique un vecteur de projection douce, associant prestige universitaire et narration positive sur la place des femmes dans la cité.
Le français comme levier d’autonomisation féminine
À l’origine du concours, l’universitaire congolaise Sylvia Djouob, aujourd’hui professeure de lettres à Paris, réaffirme que « le cerveau n’a pas de sexe » et que la langue de travail constitue le socle de toute autonomie professionnelle. Vingt participantes – élèves, étudiantes, fonctionnaires – se sont confrontées, durant une heure dense, à l’accord du participe passé ou aux subtilités du passé simple. Bien plus qu’un jeu érudit, l’exercice entend rappeler que la maîtrise linguistique demeure un outil d’ascension socio-économique pour celles qui, demain, occuperont les hautes fonctions publiques ou privées du pays.
Un soutien institutionnel assumé au plus haut niveau
La résonance nationale de Miss Mayele tient largement à l’appui affiché des autorités. Depuis la première édition de la Semaine de la dictée, placée sous l’égide d’un « Grand prix Denis-Sassou-Nguesso », la présidence encourage ces initiatives vouées à célébrer la langue française. En capitalisant sur cet adoubement, le concours tisse un partenariat exemplaire entre société civile, établissements d’enseignement supérieur et pouvoir public. L’État trouve là un relais efficace à sa politique d’inclusion, tandis que les organisatrices disposent de moyens logistiques et symboliques qui amplifient leur message d’émancipation.
Un instrument de soft power régional en devenir
La tenue, au lendemain des épreuves, d’une remise de prix assortie de dictionnaires et d’ouvrages de référence, témoigne de la volonté d’inscrire l’initiative dans la durée. Dans les couloirs feutrés du rectorat, plusieurs diplomates africains invités ont déjà esquissé l’idée d’exporter le format vers d’autres capitales francophones. En cultivant un français de haute tenue, Brazzaville consolide son rôle historique de carrefour intellectuel en Afrique centrale et aspire à fédérer un réseau de compétitions sœurs, à la manière des Olympiades internationales de la langue.
Une dynamique à consolider
Le succès populaire et médiatique de cette deuxième édition ne saurait occulter les défis à venir : extension du concours aux zones rurales, numérisation des supports, diversification des épreuves ou encore constitution d’un fonds de bourses dédié. Dans un climat international où l’influence se mesure aussi à la capacité d’irriguer les esprits, Miss Mayele offre au Congo-Brazzaville une occasion renouvelée de conjuguer ambition éducative et diplomatie d’influence. Si, comme le rappelle Sylvia Djouob, « le développement d’un pays passe aussi par ses femmes », alors l’exigence grammaticale déployée dans les salles du rectorat vient, discrètement mais sûrement, renforcer la grammaire même de la cohésion nationale.