Un faisceau d’indicateurs macroéconomiques en progression
L’actualité financière africaine du milieu d’année 2025 témoigne d’une conjoncture globalement porteuse, malgré un environnement international encore volatil. De la côte bissau-guinéenne aux plateaux du Mozambique, en passant par les corridors logistiques gabonais et les marchés du Burkina Faso, les gouvernements multiplient les initiatives pour soutenir la compétitivité de leurs économies. La qualité des arbitrages budgétaires, les partenariats public-privé ainsi que la recherche de valeur ajoutée locale structurent un récit régional orienté vers la diversification, enjeu central pour la stabilité macroéconomique du continent.
La filière cajou bissau-guinéenne s’érige en moteur rural
Les exportations de noix de cajou de la Guinée-Bissau ont franchi le seuil symbolique de 208 833 tonnes évacuées au cours de la campagne 2024-2025, selon les chiffres communiqués par le ministère du Commerce. Au-delà de la performance volumique, c’est surtout la progression qualitative qui retient l’attention des observateurs. La mise en place de mesures phytosanitaires plus strictes, l’amélioration des pistes rurales et la montée en compétence des coopératives locales ont réduit les pertes post-récolte et renforcé la traçabilité, critère désormais décisif pour accéder aux marchés européens et asiatiques. Comme le souligne un diplomate ouest-africain à Bissau, « la filière cajou est pour la Guinée-Bissau ce que le cacao représenta longtemps pour la Côte d’Ivoire : un pivot socio-économique capable de stabiliser les zones rurales tout en générant des devises ». L’enjeu consiste désormais à transformer localement une partie de la production afin de capter une fraction plus importante de la chaîne de valeur.
Gabon : 1 700 milliards FCFA pour catalyser la logistique régionale
À Libreville, le gouvernement a annoncé un plan d’investissement public de quelque 1 700 milliards de francs CFA destiné au développement et à la modernisation des infrastructures routières, portuaires et énergétiques. Cette enveloppe, adossée en partie à des financements concessionnels et à des instruments obligataires libellés en devises, a pour vocation première de lever les goulets d’étranglement logistiques qui freinent la compétitivité non pétrolière du pays. D’après un haut fonctionnaire du ministère gabonais de l’Économie, l’accent sera mis sur la réhabilitation de la Transgabonaise, destinée à réduire le temps de transit entre Franceville et Owendo, ainsi que l’extension du port en eau profonde de Port-Gentil, qui pourrait devenir une plateforme de transbordement sous-régionale. Les bailleurs internationaux saluent une orientation jugée cohérente avec la trajectoire de diversification voulue par les autorités, tout en appelant à une exécution budgétaire rigoureuse pour contenir le ratio dette/PIB.
Mozambique : une industrie qui capitalise sur l’accalmie sécuritaire
Maputo anticipe une croissance de 1,2 % de sa production industrielle en 2025, une prévision établie par l’Institut national de la statistique sur la base d’une stabilisation progressive de la situation sécuritaire dans la province de Cabo Delgado. La reprise des chantiers gaziers au large de Rovuma stimule la demande locale en biens intermédiaires et en services connexes, tandis que les programmes d’incubation industrielle lancés dans la zone de Beluluane commencent à porter leurs fruits. Si le taux reste modeste en comparaison de la richesse minérale du pays, il marque néanmoins une inflexion après deux années de contraction. Les partenaires techniques, notamment l’Union européenne et la BAD, insistent sur le renforcement du contenu local afin de maximiser l’impact de ces investissements sur l’emploi qualifié. Pour l’heure, le ministère mozambicain de l’Industrie mise sur des mesures incitatives ciblées, dont des exonérations fiscales temporaires sur l’importation d’équipements productifs.
Burkina Faso : des entreprises publiques au rendez-vous de la performance
À Ouagadougou, le rapport 2024 du portefeuille de l’État révèle que les sociétés publiques ont dégagé un chiffre d’affaires cumulé de 3 090 milliards de francs CFA, soit une hausse significative au regard des aléas sécuritaires auxquels le pays fait face. Les régies d’électricité et d’hydrocarbures représentent plus de la moitié de cette valeur, suivies de près par les entités minières détenues partiellement par l’État. L’amélioration des procédures d’audit interne, la numérisation des régies financières et le suivi contractuel renforcé par le Conseil de participation de l’État expliquent en partie cette résilience. Les autorités burkinabè soulignent que ces résultats constituent un socle utile pour la mobilisation de ressources domestiques, alors que les financements extérieurs deviennent plus sélectifs. Un diplomate sahélien observe toutefois que la capacité de ces entreprises à maintenir la cadence dépendra d’un contexte sécuritaire stabilisé.
Convergences régionales et perspectives diplomatiques
Pris dans leur singularité, ces quatre dossiers illustrent la diversité des trajectoires économiques africaines. Mis en perspective, ils dévoilent une aspiration commune : transformer des opportunités sectorielles en leviers de souveraineté économique. La stabilité politique, l’ouverture maîtrisée aux investisseurs étrangers et la gouvernance institutionnelle demeurent les garants de la crédibilité de ces stratégies. Dans chacun de ces États, les partenaires internationaux restent attentifs aux signaux d’exécution budgétaire et de transparence, facteurs décisifs pour l’afflux de capitaux privés. À moyen terme, la mise en réseau de ces chantiers – depuis la chaîne logistique de la noix de cajou jusqu’aux infrastructures gabonaises et aux zones industrielles mozambicaines – pourrait renforcer l’intégration régionale, un impératif que l’Union africaine place volontiers au cœur de son Agenda 2063.