Barrage de drones et de missiles russes sur l’ensemble du territoire
Au cœur de la nuit, les sirènes anti-aériennes ont une nouvelle fois rythmé le ciel ukrainien. Selon l’état-major de l’armée de l’air, 363 drones Shahed et huit missiles de divers types, dont deux engins hypersoniques Kinjal, ont été lancés depuis plusieurs points de la Fédération de Russie. Les opérateurs de défense aérienne affirment avoir neutralisé 211 drones ainsi que six missiles Kalibr, performance remarquable au regard de la saturation délibérément recherchée par Moscou. L’ampleur de cette salve traduit une volonté persistante de tester l’endurance des batteries antimissiles occidentales déployées autour de Kyiv et des principales villes industrielles.
Samar et Kharkiv, épicentres d’un bilan humain et énergétique lourd
La ville de Samar, dans l’oblast de Dnipropetrovsk, a payé un tribut particulièrement lourd : cinq civils ont péri et vingt-trois autres ont été blessés, dont quatre se trouvent dans un état critique, d’après le gouverneur régional. Plus au nord-est, Kharkiv a enregistré la mort d’un résident et quatre blessés après plusieurs explosions. Les installations électriques de la région de Kherson ont également été visées, faisant craindre de nouvelles coupures en plein hiver. Les autorités locales, tout en saluant la résilience des services de secours, redoutent un impact différé sur la distribution d’eau et de chauffage si les réparations devaient s’éterniser.
Commandement ukrainien et réalités du front autour de Pokrovsk
Sur la ligne de contact, l’attention se concentre actuellement sur le secteur de Pokrovsk, point d’appui stratégique au nord-ouest d’Avdiïvka. « La situation est sous contrôle », a voulu rassurer le commandant en chef Oleksandr Syrsky, avant de concéder que près de 111 000 soldats russes seraient massés dans le saillant. Les rotations effectuées par Moscou depuis le théâtre syrien et, selon Kyiv, depuis la péninsule coréenne, visent à maintenir une pression constante. L’état-major ukrainien, sans triomphalisme, souligne que l’artillerie et les systèmes Himars continuent de dissuader toute avancée mécanisée de grande ampleur.
Bruxelles reconduit ses mesures coercitives, message vigilant de Zelensky
Réunis à Bruxelles, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne ont voté à l’unanimité la prolongation pour six mois des sanctions économiques frappant les secteurs bancaire, énergétique et technologique russes. Intervenant par visioconférence, Volodymyr Zelensky a remercié les Vingt-Sept pour « leur rôle essentiel afin d’empêcher la guerre russe de se propager », soulignant néanmoins que « tout relâchement serait interprété comme un feu vert à de nouvelles conquêtes ». La décision européenne, bien que prévisible, conforte Kyiv dans sa stratégie d’étouffement financier de la machine de guerre adverse.
Variables américaines et débats sur l’allocation de l’aide militaire
À Washington, le Congrès entame une session cruciale portant sur l’enveloppe d’assistance à l’étranger. Si la Maison Blanche assure que « le soutien à l’Ukraine demeure prioritaire », certaines commissions s’inquiètent de la concurrence budgétaire avec les livraisons destinées à Israël. Kyiv redoute que le report de munitions calibrées pour les batteries Patriot ne réduise son parapluie anti-aérien à moyen terme. Les diplomates européens en poste dans la capitale fédérale multiplient les entretiens pour rappeler la portée transatlantique du conflit.
Incidents périphériques : journaliste chinois blessé et sanctions contre la désinformation
La guerre d’information connaît également des prolongements tangibles. Dans l’oblast russe de Koursk, un journaliste de la chaîne Phoenix TV a été blessé par un éclat de drone attribué aux forces ukrainiennes, confirmant l’exposition croissante des correspondants étrangers aux zones frontalières. Parallèlement, l’activiste helvético-camerounaise Nathalie Yamb fait désormais l’objet de sanctions européennes pour diffusion de récits considérés comme pro-Kremlin. Bruxelles justifie cette mesure par « la nécessité de contrer les campagnes de désinformation qui sapent les positions communes ».
Vers une guerre prolongée : risques régionaux et incertitudes diplomatiques
À mesure que la confrontation s’inscrit dans la durée, les scénarios de déstabilisation régionale se multiplient. Kyiv évoque l’arrivée présumée de quelque 11 000 soldats nord-coréens aux côtés des forces russes, information impossible à confirmer de manière indépendante mais qui nourrit l’inquiétude de Séoul et de Tokyo. De son côté, l’ambassadrice américaine à Moscou, Lynne Tracy, achève une mission marquée par la raréfaction des canaux de dialogue bilatéral. Faute de percée diplomatique, les capitales occidentales parient sur un double axe : épuisement économique de la Russie et consolidation de la défense ukrainienne. Dans l’intervalle, les habitants de Samar, Kharkiv ou Kherson continuent de vivre au rythme des alertes aériennes, témoignant d’une résilience que l’hiver, la guerre d’usure et le temps n’ont pas encore entamée.