Close Menu
    Derniers Articles

    Pointe-Noire à l’heure du Wi-Fi : les pirates iront-ils encore à l’abordage ?

    Sénateurs et milliards : Brazzaville parie sur un élan budgétaire durable

    Kinshasa au banc des accusés : le plaidoyer choc de Jean-Jacques Wondo à Bruxelles

    Facebook X (Twitter) Instagram
    centrafrique.news
    • Accueil
    • Politique
    • Économie
    • Éducation
    • Environnement
    • Santé
    • Culture
    • Sport
    Facebook X (Twitter) Instagram
    Abonnez-vous !
    centrafrique.news
    • Accueil
    • Politique
    • Économie
    • Éducation
    • Environnement
    • Santé
    • Culture
    • Sport
    Environnement

    Panique au pas de l’âne : l’Afrique se coalise pour préserver son moteur rural

    Rédaction Centrafrique NewsBy Rédaction Centrafrique Newsjuin 27, 2025Aucun commentaire5 Mins Read
    Share Facebook Twitter Pinterest Copy Link Telegram LinkedIn Tumblr Email
    Share
    Facebook Twitter LinkedIn Pinterest Email

    L’âne, pivot discret des économies rurales africaines

    Dans l’imaginaire collectif, l’âne occupe rarement le devant de la scène. Pourtant, dans les savanes du Sahel comme dans les plaines verdoyantes du bassin du Congo, il reste l’auxiliaire essentiel de millions de petits exploitants. Il transporte céréales, bois de chauffe ou bidons d’eau sur des pistes souvent impraticables aux engins motorisés. Là où la mécanisation demeure un luxe, l’âne incarne la continuité d’un tissu socio-économique fragile qui assure la mobilité, l’accès au marché et, in fine, la sécurité alimentaire des communautés paysannes. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO 2020), l’Afrique abrite près des deux tiers des 51,7 millions d’ânes recensés dans le monde. Cette suprématie numérique n’est pas anecdotique : elle reflète la place centrale de l’animal dans les chaînes de valeur agricoles du continent.

    Un déclin fulgurant documenté par les statistiques régionales

    Derrière la façade rassurante de ces chiffres, la réalité s’assombrit. Le Kenya a vu son cheptel passer de 1,8 million d’individus en 2009 à moins de 500 000 en 2024, soit une contraction supérieure à 70 % en quinze ans. Des dynamiques similaires sont observées au Ghana, en Tanzanie ou encore au Niger, où les services vétérinaires peinent à suivre la cadence des abattages illégaux. Le phénomène n’épargne pas l’Afrique centrale : plusieurs ONG signalent un recul marqué des populations rurales d’ânes au Cameroun et en République du Congo, bien que les données y soient plus fragmentaires. Cette tendance, confirmée par des missions d’experts mandatées par la Banque africaine de développement, laisse craindre un collapse biologique et économique si rien n’est entrepris.

    Le commerce des peaux, symptôme d’une mondialisation asymétrique

    Au cœur de l’hémorragie se trouve une marchandise inattendue : la peau d’âne. Transformée en gelatine pour la production d’ejiao – un ingrédient prisé par l’industrie pharmaceutique et cosmétique d’Asie de l’Est – cette matière première a vu sa valeur quadrupler en une décennie. Des réseaux transcontinentaux collectent annuellement entre quatre et six millions de peaux, soit près de 10 % de la population mondiale d’ânes, selon le Brookings Institution. Les gangs organisés profitent des porosités frontalières tandis que des abattoirs clandestins se multiplient autour des axes routiers reliant ports maritimes et marchés intérieurs. La main-d’œuvre rurale, souvent en proie à l’endettement, cède ses animaux à des prix dérisoires, précipitant l’érosion du capital productif local. La mondialisation, bénéfique pour certains flux agricoles, se double ici d’un coût social inavoué : la disparition d’un outil de travail indispensable.

    Vers un front diplomatique panafricain

    Face à cette urgence, Abidjan s’est muée en capitale diplomatique de la cause asine. Plus de deux cents décideurs – ministres, vétérinaires, économistes du développement et partenaires techniques – s’y sont réunis pour examiner des contre-mesures. « Préserver l’âne, ce n’est pas simplement sauver une espèce ; c’est protéger les millions de familles rurales », a affirmé Laurent Tchagba, ministre ivoirien des Eaux et Forêts. Les participants ont souligné la nécessité d’un cadre normatif harmonisé afin d’éviter l’effet de vases communicants entre pays aux règles disparates. Le représentant du Tchad, Abderrahim Awat Atteib, a insisté sur « une approche holistique et inclusive » de l’élevage, capable de juguler la pauvreté tout en respectant la biodiversité sahélienne.

    Du plaidoyer aux actes : stratégies nationales émergentes

    La Côte d’Ivoire a marqué les esprits par un décret interdisant depuis 2023 l’abattage et l’exportation d’ânes, décision saluée comme un signal fort. Le Burkina Faso expérimente, quant à lui, des quotas d’abattage assortis de licences contrôlées. La République du Congo, sans être directement au centre du trafic, a annoncé la mise en place d’un observatoire national des équidés pour prévenir toute dérive similaire. Ces initiatives, variées mais convergentes, témoignent d’une volonté de conjuguer réglementation, sensibilisation et création d’alternatives économiques pour les éleveurs. Les experts mettent toutefois en garde : sans coordination régionale, les trafiquants se rabattent sur les territoires les moins protégés.

    Financement, innovation et partenariats internationaux

    La viabilité des plans nationaux dépendra des ressources mobilisées. L’Union africaine, via son Centre panafricain pour les ressources animales, propose un fonds d’urgence alimenté par la Banque africaine de développement et l’Agence française de développement. Les projets pilotes incluent la micro-assurance animale, des écuries communautaires et des plateformes numériques de traçabilité des équidés. Parallèlement, des laboratoires vétérinaires kenyans développent des vaccins adaptés pour réduire la mortalité néonatale, tandis que des start-up nigérianes testent des colliers connectés permettant de signaler en temps réel les mouvements suspects de bêtes. Cette synergie entre bailleurs, chercheurs et entrepreneurs pourrait transformer la lutte contre le trafic d’ânes en catalyseur d’innovations rurales.

    Un indicateur de la résilience rurale africaine

    Au-delà de l’émotion suscitée par le sort d’un animal familier, la crise de l’âne offre un miroir fidèle de la vulnérabilité des économies rurales africaines face aux appétits d’une demande mondiale peu régulée. Qu’il s’agisse de l’accès à l’eau, du transport des récoltes ou de l’autonomisation des femmes – principales utilisatrices de l’animal –, la disparition annoncée de l’âne menacerait la cohésion sociale et la stabilité alimentaire de vastes territoires. Les décisions prises à Abidjan, si elles sont concrétisées, pourraient poser les jalons d’un nouveau multilatéralisme « par le bas », fondé sur la protection d’un patrimoine vivant certes modeste, mais à la valeur stratégique incontestable. La sauvegarde de l’âne, en définitive, dépasse la seule question de la biodiversité : elle interroge les modèles de développement, la solidarité continentale et la capacité de l’Afrique à dessiner ses propres règles dans la mondialisation.

    Follow on Google News Follow on Flipboard
    Share. Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Tumblr Email Copy Link
    Previous ArticleDiplomatie à Washington: Kigali et Kinshasa échangent la guerre pour le cobalt
    Next Article BGFIBank débarque en Bourse : Libreville teste le bain financier CEMAC
    Rédaction Centrafrique News

    Related Posts

    Douala à l’offensive : la diplomatie verte accélère la fin des PCB

    juin 27, 2025

    Dans la fournaise de Kakuma, la diplomatie verte cultive des chaises en espoir

    juin 25, 2025

    Brazzaville s’érige en tribunal des illégalités forestières : Espoir ou utopie ?

    juin 22, 2025

    Comments are closed.

    Publicité
    Derniers Articles

    Pointe-Noire à l’heure du Wi-Fi : les pirates iront-ils encore à l’abordage ?

    Sénateurs et milliards : Brazzaville parie sur un élan budgétaire durable

    Kinshasa au banc des accusés : le plaidoyer choc de Jean-Jacques Wondo à Bruxelles

    Washington réinvente la paix : accord RDC-Rwanda, un Nobel sur simple tweet présidentiel ?

    Facebook X (Twitter) Instagram

    Actualités

    • Politique
    • Économie
    • Éducation
    • Environnement
    • Santé
    • Culture
    • Sport

    Articles Récents

    Pointe-Noire à l’heure du Wi-Fi : les pirates iront-ils encore à l’abordage ?
    Sénateurs et milliards : Brazzaville parie sur un élan budgétaire durable
    Kinshasa au banc des accusés : le plaidoyer choc de Jean-Jacques Wondo à Bruxelles

    Abonnez-vous !

    Recevez les dernières actualités créatives de centrafrique.news sur la culture, le design et l’innovation en Afrique centrale.

    Centrafrique News 2025 – Tous Droits réservés.

    • Données Personnelles
    • Conditions Générales d'Utilisation
    • Accessibilité

    Type above and press Enter to search. Press Esc to cancel.