Un rendez-vous stratégique pour la jeunesse congolaise
Du 4 au 8 août, le Palais des congrès de Brazzaville a résonné des conversations d’élèves fraîchement bacheliers, de parents en quête de repères et de pédagogues soucieux d’aligner l’offre éducative sur les impératifs de développement. Conçu par le ministère de l’Enseignement supérieur, le Salon national de l’information et de l’orientation s’est affirmé comme un carrefour décisif de la politique publique congolaise en faveur du capital humain. Présidant la cérémonie, la ministre Delphine Édith Emmanuel a rappelé « l’urgence de connecter chaque projet d’études aux axes de diversification économique définis par le gouvernement », soulignant la cohérence d’une telle démarche avec le Plan national de développement 2022-2026.
L’Académie des sciences et des arts, un laboratoire d’innovation
Parmi la quarantaine d’établissements présents, l’Académie des sciences et des arts du Congo, université privée agréée, a retenu l’attention par l’ampleur de son stand interactif. Son fondateur, le colonel Maurice Itous Ibara, a multiplié les échanges avec les visiteurs, défendant une approche pédagogique axée sur « l’anticipation des métiers qui accompagneront l’après-pétrole ». Selon lui, la réforme continue des programmes, associant enseignants congolais et experts issus du réseau des universités partenaires d’Afrique centrale, constitue la meilleure garantie pour arrimer l’institution aux standards internationaux. Cette dynamique participe de l’élan général imprimé par les autorités, qui encouragent les opérateurs privés à étoffer une offre de formation complémentaire à celle du secteur public, tout en demeurant placés sous un contrôle qualité renforcé.
Des filières au diapason de la diversification économique
Les nouveaux curricula, exposés en détail durant le salon, illustrent cette volonté de réduire la dépendance aux hydrocarbures. Outre les filières classiques comme le génie civil, l’architecture ou la comptabilité, l’Académie promeut des parcours en environnement et règlementations climatiques, réseaux et télécommunications, audiovisuel, infographie, ainsi qu’en administration et gestion d’entreprises culturelles. La création d’un département d’ethnomusicologie et d’arts plastiques, adossé à un futur centre de recherche sur les industries créatives, met en lumière le potentiel d’une économie culturelle encore sous-exploitée. Ces programmes s’inscrivent pleinement dans l’objectif gouvernemental de stimuler les secteurs porteurs que sont le tourisme, l’hôtellerie, la finance ou les énergies renouvelables.
Vers un écosystème de formation articulé aux ambitions nationales
La fréquentation soutenue du salon par près de quinze mille visiteurs, dont plus de la moitié de lycéens finalistes, atteste de la confiance renouvelée envers les initiatives d’orientation institutionnelle. Les entretiens tri-partites réunissant familles, représentants d’entreprises et responsables académiques ont permis de clarifier les attentes du marché du travail et de préciser les compétences transversales recherchées : maîtrise numérique, rigueur scientifique mais aussi sensibilisation aux enjeux climatiques et éthiques. Pour le colonel Itous Ibara, « l’enjeu dépasse la simple insertion professionnelle ; il s’agit d’armer la jeunesse pour qu’elle participe activement aux chantiers nationaux, de la modernisation des infrastructures à la consolidation de la cohésion culturelle ». À l’heure où Brazzaville consolide ses partenariats avec les institutions régionales et multilatérales, l’alignement d’un enseignement supérieur de qualité sur les priorités du pays apparaît comme un levier diplomatique majeur, apte à accroître l’attractivité du Congo et à conforter la stabilité de son modèle de développement.
