Ce qu’il faut retenir
Au Palais du parlement, la dixième session budgétaire 2025 s’ouvre sous la houlette d’Isidore Mvouba. Le calendrier prévoit l’examen d’un budget marqué par la prudence et la relance, dans un contexte de reprise graduelle des cours du pétrole et de diversification économique.
Le président de l’Assemblée nationale insiste sur la « résilience de nos institutions » face aux contraintes budgétaires mondiales. Partenaires au développement, secteur privé et société civile sont invités à consolider cet élan, gage de stabilité pour l’ensemble de la CEMAC.
Budget 2025 et continuité du service public
Les parlementaires devront évaluer un projet de loi de finances centré sur la reprise de la croissance non pétrolière et la préservation des équilibres sociaux. Mvouba rappelle que l’État a assuré la rentrée scolaire sur toute l’étendue du territoire malgré un contexte budgétaire exigeant.
L’accent est mis sur la rationalisation des dépenses et la mobilisation des recettes internes. Les élus évoquent déjà l’optimisation du recouvrement fiscal, la digitalisation des procédures douanières et un meilleur encadrement des exonérations pour financer prioritairement santé, éducation et infrastructures.
Contexte : hommages et mémoire nationale
Avant d’aborder les chiffres, Isidore Mvouba rend hommage aux anciens députés André Georges Mouyabi et Joseph Mbossa, saluant leur « patriotisme exemplaire ». L’Assemblée observe une minute de silence pour ces figures de l’hémicycle.
La mémoire s’étend aux cinq casques bleus congolais disparus en République centrafricaine. Le rappel de leur sacrifice éclaire la contribution du Congo aux opérations de paix régionales. Les survivants reçoivent le soutien moral de la représentation nationale.
Sécurité régionale et diplomatie de paix
L’accident de Damara rappelle les risques inhérents aux engagements extérieurs. Mvouba réaffirme la détermination de Brazzaville à soutenir la stabilité centrafricaine, pilier d’une CEMAC sécurisée et prospère.
Il souligne la coordination permanente entre la Force multinationale et les autorités militaires congolaises, notant que les leçons tirées amélioreront la logistique et la protection des contingents futurs.
Voix du Congo à l’ONU
Revenant sur le discours du président Denis Sassou-Nguesso à la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, le chef du parlement salue une « voix de paix, de dialogue et de responsabilité ». Il insiste sur la nécessité d’une réforme du Conseil de sécurité afin d’offrir à l’Afrique la place qui lui revient.
Selon lui, la crédibilité des institutions internationales passe par une représentativité équilibrée. Le Congo, ajoute-t-il, continuera de plaider pour un multilatéralisme inclusif, compatible avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Élection à la tête de la CEMAC
La récente désignation de Denis Sassou-Nguesso à la présidence de la CEMAC est accueillie comme un jalon stratégique. Mvouba y voit l’opportunité d’accélérer la libre-circulation des personnes, l’interconnexion énergétique et la mise en place d’instruments financiers communs.
L’Assemblée se dit prête à harmoniser les cadres législatifs nécessaires au renforcement du marché intérieur sous-régional. Les commissions ad hoc promettent de proposer rapidement des textes adaptés aux directives communautaires.
Partenaires financiers : FMI, BAD, Banque mondiale
Les remerciements du président de l’Assemblée vont au FMI, à la BAD et à la Banque mondiale pour leur appui technique et financier. Le projet de transport d’énergie entre Pointe-Noire et Brazzaville est cité comme exemple emblématique d’un partenariat gagnant-gagnant.
Le financement mixte fédère ressources concessionnelles et capitaux privés, réduisant le coût moyen du kilowatt-heure. À terme, l’initiative doit soutenir l’industrialisation de la zone économique spéciale de Pointe-Noire et l’électrification des quartiers périphériques de Brazzaville.
Focus santé : octobre rose
Octobre, mois de sensibilisation au cancer du sein, offre une digression citoyenne. Mvouba exprime sa solidarité à « toutes les femmes engagées dans ce combat » et encourage les députés à promouvoir le dépistage précoce dans leurs circonscriptions.
Le ministère de la Santé prévoit d’étendre le programme de mammographie mobile à six départements supplémentaires d’ici fin 2026, avec l’appui de la Fondation congolaise pour la recherche médicale.
Mobilisation électorale et cohésion sociale
La poursuite de l’enrôlement sur les listes électorales est présentée comme un impératif démocratique. Le président de l’Assemblée exhorte les citoyens à s’inscrire massivement, gage de scrutins apaisés et représentatifs.
Dans le même élan, il salue l’action conjointe de la Direction générale de la sécurité présidentielle et de la Garde républicaine contre la violence urbaine. Les opérations de proximité menées dans les arrondissements sensibles de Brazzaville auraient permis de réduire les incidents de 30 % depuis juillet.
Le point économique
L’inflation demeure maîtrisée autour de 3,5 % grâce à une politique monétaire prudente de la BEAC et à la normalisation progressive des chaînes d’approvisionnement. Le gouvernement continue de soutenir les PME par des facilités de crédit et un fonds de garantie sectoriel.
Les parlementaires entendent renforcer le dispositif légal de l’entrepreneuriat jeune, notamment en simplifiant la création d’entreprise et en favorisant le recours aux plateformes numériques nationales.
Scénarios budgétaires pour 2026
Trois trajectoires se dessinent. Un scénario de base prévoit une croissance de 4,2 %, portée par l’agro-industrie et les télécoms. Un scénario optimiste, misant sur une remontée du baril, pousserait le PIB à 5 %.
Le scénario prudent intègre une éventuelle rechute des cours, maintenant la croissance à 3 %. Quelle que soit la conjoncture, la diversification reste la clef. Les députés se disent déterminés à légiférer pour sécuriser l’investissement et améliorer la gouvernance.
Et après ?
La session budgétaire 2025 devrait aboutir à un vote dès la mi-décembre. Les groupes parlementaires multiplient déjà les auditions pour ajuster les lignes de crédit aux priorités sociales.
Dans la foulée, une mission parlementaire se déplacera à Pointe-Noire pour évaluer l’avancement du corridor énergétique. Le rapport attendu en janvier servira de base à un débat sur la politique industrielle nationale, avant la reprise de la session ordinaire de mars.
