Paris met en scène la solennité francophone
Dès l’aube du 10 juillet, l’esplanade du Palais-Bourbon brillait de l’élégance discrète propre aux grands rendez-vous diplomatiques. Sous les regards conjugués de Gérard Larcher et de Yaël Braun-Pivet, la marche symbolique qui a relié l’hémicycle de l’Assemblée nationale à l’Institut de France a donné le ton d’une 50e Assemblée parlementaire de la Francophonie conçue comme un manifeste visuel. Bousculant le protocole sans le renier, les élus francophones ont redécouvert la Seine comme trait d’union culturel autant que géographique, rappelant que la langue se nourrit autant des pierres que des idées.
Un itinéraire révélateur de la méthode interparlementaire
Le choix d’une traversée piétonne entre deux hauts lieux de la République française ne relevait pas du simple folklore. En invitant les délégations à quitter la logistique feutrée des voitures officielles, les hôtes français ont proposé une expérience immersive où la convivialité se muait en outil de négociation. Xavier Darcos, chancelier de l’Institut, a résumé cet esprit de connivence institutionnelle en saluant « l’amour partagé du savoir, de la culture et de la langue ». Le symbole n’a pas échappé à des diplomates rompus à l’art des signaux faibles : la francophonie parlementaire s’affirme d’abord comme un réseau d’influences, avant d’être un simple forum discursif.
Isidore Mvouba, une présence stratégique pour Brazzaville
Au cœur de ce ballet protocolairo-culturel, la silhouette du président de l’Assemblée nationale congolaise tranchait par sa disponibilité à multiplier apartés et échanges informels. Entre deux arches du Pont des Arts, Isidore Mvouba confiait à un collègue africain que « la Francophonie demeure une scène où les petites puissances savent agrandir leur voix ». L’ancien ministre d’État, fort de son expérience dans l’exécutif congolais, mesure l’utilité d’un espace où se tissent alliances et solidarités susceptibles de soutenir les priorités nationales, qu’il s’agisse de financements climatiques ou de partenariats éducatifs. Sa participation active illustre la stratégie diplomatique du Congo-Brazzaville : exercer une influence proportionnée, mais continue, au sein des enceintes multilatérales.
La langue française comme levier de résilience globale
Placé sous le thème évocateur « La Francophonie, une ancre dans un monde en crise », le jubilé de l’APF n’a pas éludé les turbulences contemporaines. Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l’Académie française, a insisté sur la fonction d’universalité d’une langue portée par 321 millions de locuteurs, faisant ainsi du français un vecteur de stabilité cognitive face aux dérives de la désinformation. Gérard Larcher a, pour sa part, qualifié le français de « ciment communautaire », invitant à renouer les « épousailles de la langue avec le monde ». Ce discours trouve un écho particulier à Brazzaville, où la consolidation de l’État s’appuie sur la cohabitation harmonieuse des langues nationales et du français institutionnel.
Sécurité, climat, développement : un agenda denses et convergent
Au-delà des effusions oratoires, les commissions de l’APF ont inscrit à l’ordre du jour des chantiers d’une urgente actualité : lutte contre le terrorisme au Sahel, harmonisation des cadres juridiques face aux bouleversements climatiques, alliances technologiques pour l’intelligence artificielle éthique. La convergence avec les priorités congolaises est manifeste. Au Palais du Peuple de Brazzaville, plusieurs textes sur la résilience démocratique ou la transition énergétique sont en cours d’examen, et les échanges parisiens devraient accélérer leur maturation législative. L’admission du Ghana, de Sao Tomé-et-Principe, du Landtag de Sarre et de l’Assemblée parlementaire de la Commission de l’océan Indien élargit par ailleurs le champ d’influence où le Congo pourra nouer de nouvelles synergies.
Un capital relationnel réinvesti au service de la gouvernance congolaise
Isidore Mvouba n’a pas caché son intérêt pour la participation des jeunes et des femmes à la vie politique, un sujet qu’il défend depuis plusieurs législatures. Les ateliers consacrés à l’État de droit et aux processus électoraux devraient alimenter les réflexions du Parlement congolais sur la modernisation du cadre institutionnel, sans remettre en cause la stabilité recherchée par Brazzaville. L’enjeu est double : consolider les avancées démocratiques tout en garantissant la cohésion nationale, notamment dans un contexte régional où les transitions se font parfois chaotiques. De l’aveu d’un conseiller sénatorial français, « la parole congolaise est aujourd’hui écoutée parce qu’elle refuse l’outrance et préfère le pragmatisme ».
La marche, signe avant-coureur d’une diplomatie en mouvement
À l’issue de cinq jours de travaux, la photographie finale devant la coupole de l’Institut de France consignera sans doute la solidarité francophone. Mais dans les coulisses, l’essentiel résidera dans la somme de rendez-vous bilatéraux glanés par les délégations, à commencer par celle du Congo-Brazzaville. La marche inaugurale restera le symbole d’une diplomatie qui avance d’un pas sûr, tantôt discrète, tantôt flamboyante, toujours en alerte face aux recompositions d’un monde fracturé. À Paris, Isidore Mvouba aura rappelé que le Parlement congolais ne se contente plus d’accompagner le mouvement francophone ; il prétend désormais en être l’un des architectes attentifs et constants.