Close Menu
    Derniers Articles

    Kabila revient dans les Kivu : simple pèlerin de paix ou futur faiseur de roi ?

    Pointe-Noire séduit les investisseurs : 300 décideurs explorent le hub congolais

    À 185 millions, Luanda mise sur l’AFC : coup d’éclat ou pari calculé ?

    Facebook X (Twitter) Instagram
    centrafrique.news
    • Accueil
    • Politique
    • Économie
    • Éducation
    • Environnement
    • Santé
    • Culture
    • Sport
    Facebook X (Twitter) Instagram
    Abonnez-vous !
    centrafrique.news
    • Accueil
    • Politique
    • Économie
    • Éducation
    • Environnement
    • Santé
    • Culture
    • Sport
    Politique

    Tchad : le jeûne de Succès Masra embarrasse un pouvoir déjà sous pression

    Rédaction Centrafrique NewsBy Rédaction Centrafrique Newsjuin 25, 2025Aucun commentaire6 Mins Read
    Share Facebook Twitter Pinterest Copy Link Telegram LinkedIn Tumblr Email
    Share
    Facebook Twitter LinkedIn Pinterest Email

    Une grève de la faim à haute portée symbolique

    Depuis la maison d’arrêt de Klessoum, dans la périphérie de N’Djamena, Succès Masra a choisi le silence du jeûne pour faire entendre sa voix. L’ancien Premier ministre, devenu opposant déclaré au régime de transition, réclame sans ambiguïté son élargissement immédiat et fustige des « injustices imméritées ». Dans une lettre lue au siège des Transformateurs, il exhorte ses partisans à « garder la tête haute », rappelant une rhétorique de résistance qui traverse l’histoire politique tchadienne depuis l’ère Tombalbaye.

    La grève de la faim demeure, dans l’imaginaire militant africain, l’arme des acteurs qui se savent minoritaires dans le rapport de force physique mais majoritaires dans la bataille de l’opinion. « C’est un acte de persuasion morale, pas un calcul nutritionnel », résume un chercheur de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire à Paris. En d’autres termes, l’enjeu dépasse la seule condition carcérale de Masra : il s’agit de tester la résilience d’un pouvoir en quête de légitimité après une présidentielle contestée.

    Justice et accusations : opacité d’un dossier explosif

    Arrêté le 16 mai, quelques jours après avoir perdu l’élection présidentielle face à Mahamat Idriss Déby, Masra fait face à une cascade de chefs d’inculpation : incitation à la haine, constitution de bandes armées, complicité d’assassinat, incendie volontaire et profanation de sépultures. Au cœur du réquisitoire, un message audio diffusé en 2023 dans lequel il invite des habitants du Sud à s’armer pour se défendre. Pour la chambre d’accusation, ce signalement suffirait à établir un lien de causalité avec le massacre de Mandakao (42 morts).

    Ses avocats dénoncent une « procédure recyclée » : le mandat d’arrêt avait déjà été levé en novembre 2023, avant d’être opportunément réactivé au lendemain du scrutin. Ils rappellent que la défense n’a jamais eu accès, in extenso, aux procès-verbaux d’enquête. « Nous sommes devant un procès politique déguisé en dossier criminel », martèle Me Vincent Brengarth, qui a saisi le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Le pouvoir, lui, avance la thèse d’un simple respect du « principe d’égalité de tous devant la loi », quitte à ignorer les questions qui fâchent : pourquoi la justice tchadienne s’empresse-t-elle lorsqu’il s’agit d’opposants et tergiverse quand des militaires sont mis en cause ?

    Le spectre ethno-régional, ressort persistant du jeu tchadien

    Le Tchad est souvent décrit comme une mosaïque fissurée par une ligne Nord-Sud, doublée d’un clivage confessionnel. Succès Masra, natif de Moundou et issu de l’ethnie Ngambaye, incarne politiquement un Sud majoritairement chrétien et animiste qui se sent relégué depuis la prise de pouvoir d’Idriss Déby père en 1990. À chaque alternance manquée, la suspicion d’une domination nordiste ressurgit. L’incarcération prolongée de Masra a mécaniquement réactivé cette fracture.

    Dans la zone méridionale, des responsables religieux évoquent « l’humiliation de trop » tandis que, dans les officines du palais présidentiel, on dénonce un « discours victimaire ». La tension est d’autant plus palpable que la transition devait, en théorie, retisser le pacte national après les violences d’octobre 2022 qui avaient fait plus d’une centaine de morts. Or, loin d’apaiser, le dossier Masra cristallise la méfiance, notamment au sein d’une jeunesse qui a grandi sous état d’urgence quasi-permanent.

    Pression internationale et diplomatie des droits humains

    Si la scène intérieure agitée constitue le premier cercle de la crise, le deuxième est résolument diplomatique. L’Union africaine, pourtant prompte à exiger la libération de figures emblématiques au Niger ou au Sénégal, observe un silence que certains analystes jugent « prudent mais coupable ». Du côté de l’Union européenne, plusieurs eurodéputés socialistes et verts réclament « un accès sans délai » de la Croix-Rouge à Masra, arguant que la grève de la faim pourrait rapidement engager le pronostic vital.

    Cette mobilisation graduelle gêne les partenaires sécuritaires du Tchad. Paris, dont la relation stratégique repose sur la base aérienne de N’Djamena et les opérations contre les groupes jihadistes sahéliens, navigue entre fidélité à un allié militaire et rappel des principes démocratiques. « Notre coopération ne doit pas être un blanc-seing », confie un diplomate français, tout en admettant que la chute du régime Déby fils ouvrirait une zone d’incertitude aux portes de la Libye et du Soudan. Washington, plus discret, fait savoir que « la stabilité durable passe par des institutions crédibles ». Traduction : la transition doit paraître inclusive pour continuer de bénéficier du partenariat sécuritaire.

    La transition de Mahamat Idriss Déby à l’épreuve de la légitimité

    Élu officiellement avec 61 % des suffrages, Mahamat Idriss Déby cherche depuis son investiture à consolider une autorité héritée du Conseil militaire de transition. Le maintien en détention de Masra est perçu par ses conseillers comme la démonstration qu’« aucun citoyen n’est au-dessus de la loi ». Toutefois, chaque jour de grève de la faim alimente le récit d’un pouvoir anxieux face à l’opposition civile.

    Les partenaires extérieurs avaient salué l’organisation, certes imparfaite, du scrutin de mai, y voyant un premier pas vers un ordre constitutionnel. Mais l’affaire Masra, conjuguée à la faiblesse des contre-pouvoirs parlementaires, ravive les doutes. À N’Djamena, des diplomates africains glissent qu’un geste d’apaisement – libération conditionnelle, mise sous contrôle judiciaire – éviterait au régime de se retrouver acculé dans les forums internationaux de septembre prochain, notamment lors de l’Assemblée générale de l’ONU.

    Opposition fragilisée, société mobilisée : les scénarios possibles

    Le sort de Succès Masra dépasse sa personne : il cristallise l’avenir de l’opposition organisée. Si son état de santé se dégrade, la rue pourrait s’embraser, comme en 2022. En revanche, une libération sous caution, assortie d’une interdiction de sortie du territoire, lui offrirait un espace politique certes rétréci mais toujours audible.

    Dans le camp présidentiel, certains redoutent un « syndrome Navalny sahélien », c’est-à-dire la transformation d’un détenu en icône planétaire. Pour l’éviter, le pouvoir devra arbitrer entre la tentation de la fermeté et la nécessité de paraître réformateur. Le choix pèsera sur l’image du Tchad auprès des bailleurs internationaux, déjà fatigués d’un Sahel en crise permanente.

    La grève de la faim, enfin, est une ligne de crête : elle peut forcer le dialogue ou précipiter la rupture. Quelque part entre ces deux issues, se joue la crédibilité d’une transition vendue comme inclusive mais perçue comme exclusive. Dans une région où les coups d’État s’enchaînent, la diplomatie tchadienne ne peut ignorer que la vigilance des partenaires s’aiguise lorsque la rue se sent privée d’oxygène politique.

    Follow on Google News Follow on Flipboard
    Share. Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Tumblr Email Copy Link
    Previous ArticleFibre sahélienne: le grand pari Tchad-Niger pour sortir du désert numérique
    Next Article Dans la fournaise de Kakuma, la diplomatie verte cultive des chaises en espoir
    Rédaction Centrafrique News

    Related Posts

    Kabila revient dans les Kivu : simple pèlerin de paix ou futur faiseur de roi ?

    juin 25, 2025

    Fibre sahélienne: le grand pari Tchad-Niger pour sortir du désert numérique

    juin 25, 2025

    Centrafrique-Soudan : un Casque bleu tué, l’ONU redécouvre la géopolitique

    juin 25, 2025

    Comments are closed.

    Publicité
    Derniers Articles

    Kabila revient dans les Kivu : simple pèlerin de paix ou futur faiseur de roi ?

    Pointe-Noire séduit les investisseurs : 300 décideurs explorent le hub congolais

    À 185 millions, Luanda mise sur l’AFC : coup d’éclat ou pari calculé ?

    Dans la fournaise de Kakuma, la diplomatie verte cultive des chaises en espoir

    Facebook X (Twitter) Instagram

    Actualités

    • Politique
    • Économie
    • Éducation
    • Environnement
    • Santé
    • Culture
    • Sport

    Articles Récents

    Kabila revient dans les Kivu : simple pèlerin de paix ou futur faiseur de roi ?
    Pointe-Noire séduit les investisseurs : 300 décideurs explorent le hub congolais
    À 185 millions, Luanda mise sur l’AFC : coup d’éclat ou pari calculé ?

    Abonnez-vous !

    Recevez les dernières actualités créatives de centrafrique.news sur la culture, le design et l’innovation en Afrique centrale.

    Centrafrique News 2025 – Tous Droits réservés.

    • Données Personnelles
    • Conditions Générales d'Utilisation
    • Accessibilité

    Type above and press Enter to search. Press Esc to cancel.