Un crime politique aux répercussions internationales
Le meurtre de Yaya Dillo, leader du Parti Socialiste Sans Frontières (PSF), survenu le 24 février 2024 à N’Djamena, dépasse les frontières du Tchad. Le recours à la justice française par son frère, Ousmane Dillo, met en relief l’inaction inquiétante des autorités locales. Dans un contexte où la roulette judiciaire tchadienne semble immobilisée, cette initiative constitue un pavé dans la mare diplomatique et judiciaire.
Les fondements juridiques de l’initiative française
La plainte, déposée à Paris par le cabinet d’avocats Kimia, repose sur l’article 113-6 du code pénal français, permettant de poursuivre les ressortissants français impliqués dans des crimes à l’étranger. Charles Stéphane Marchiani, avocat de la partie civile, souligne l’absence d’application de la compétence universelle dans ce cadre, mais rappelle sa pertinence pour des chefs d’accusation de torture. Cette démarche souligne, paradoxalement, la force des lois françaises à transcender les frontières face à des injustices criantes.
Le choix du recours français par Ousmane Dillo s’explique par la possibilité de la présence de nationaux franco-tchadiens parmi les suspects. L’appui affiché par le ministre français des Affaires étrangères renforce la légitimité de cette quête juridique internationale face à une justice tchadienne décrite comme défaillante.
L’inaction persistante du système judiciaire tchadien
En dépit des promesses de l’ancien président tchadien et de son Premier ministre, aucune enquête indépendante n’a été initiée. Les appels répétés des ONG, telles que Human Rights Watch, mettent à nu un état de droit inexistant au Tchad, où les lieux du crime ont été détruits, empêchant toute investigation sérieuse. Robert Gam, secrétaire général du PSF, a été récemment libéré, non sans des pressions internationales, après son enlèvement par les services de renseignement suite à sa plainte pour meurtre.
Implications de l’initiative onusienne
La famille Dillo a également saisi les rapporteurs spéciaux de l’ONU, espérant qu’ils aideront à faire la lumière sur l’affaire. L’ONU pourrait jouer un rôle similaire à celui qu’elle a joué dans d’autres cas emblématiques de violations des droits de l’homme. Cette étape illustre une volonté ferme de voir la justice triompher, au-delà des pressions politiques et des frontières nationales.
Vers une jurisprudence internationale ?
En cherchant la reconnaissance de leur lutte sur la scène internationale, la famille Dillo espère que cela dissuadera d’autres crimes de cette nature. Bien que l’affaire soit loin de poser un précédent juridique immédiat au Tchad, elle pourrait avoir des effets de long terme sur la manière dont les injustices sont abordées, exploitant pleinement les mécanismes internationaux de justice.