Un catalyseur de compétences au cœur du littoral congolais
À l’ombre des torchères qui rythment la zone pétrolière de Pointe-Noire, la remise des diplômes du premier cru « On Job Training » a matérialisé, le 27 juin, une ambition bien plus large qu’un simple rite de passage. Porté par TotalEnergies EP Congo, en synergie avec le Centre d’éducation, de formation et d’apprentissage aux métiers de maintenance industrielle (CEFA-MMI) et la société de maintenance Dietsmann, le dispositif veut répondre à une équation : transformer la proximité géographique des sites d’hydrocarbures en opportunité socio-économique pour la jeunesse riveraine. En sélectionnant douze candidats, dont quatre jeunes femmes, sur soixante-dix postulants, les organisateurs ont manifesté une volonté d’équité territoriale et de promotion du genre, deux marqueurs désormais inscrits dans les standards internationaux de gouvernance d’entreprise.
Une pédagogie hybride pour coller aux exigences industrielles
Le curriculum, scindé entre neuf mois de théorie au CEFA-MMI et des immersions pratiques sur les chantiers de Dietsmann à Djeno, épouse la logique de la formation duale défendue par l’Organisation internationale du travail. Les modules couvrant le froid et la climatisation, l’électricité industrielle et la mécanique générale ont été calibrés pour répondre aux chaînes de valeur de la zone pétrolière, où la rigueur normative impose une compétence immédiatement opérationnelle. L’approche project-based learning retenue permet aux apprenants d’aborder, dès les premières semaines, des problématiques de terrain : calibration de compresseurs, entretien de tableaux basse tension ou diagnostic vibratoire sur moto-pompes. Ce réalisme pédagogique, salué par le directeur du CEFA-MMI, Hugues Antoine Manzambi, confère aux néo-diplômés une employabilité que l’on sait décisive dans un marché où chaque mois de productivité compte.
Partenariat public-privé : symbiose vertueuse et ancrage territorial
Le financement intégral du programme par TotalEnergies EP Congo, adossé à l’expertise technique de Dietsmann et à l’agrément pédagogique du ministère de l’Enseignement technique, illustre la dynamique de partenariat public-privé encouragée par le Plan national de développement 2022-2026. Cette articulation permet au secteur privé de soutenir l’effort de diversification économique tout en garantissant un retour d’image positif auprès des communautés. Pour l’administrateur-maire de Ngoyo, présent à la cérémonie, l’initiative revêt une dimension de cohésion sociale : en stabilisant les attentes des jeunes, on limite les tensions liées aux enjeux fonciers et environnementaux autour des installations.
Capital humain et gouvernance énergétique : une convergence stratégique
Dans un contexte où l’économie congolaise reste exposée aux cycles des matières premières, la montée en compétences du capital humain se fait levier de résilience. En internalisant des compétences techniques auparavant importées, les opérateurs réduisent leurs coûts de rotation du personnel tout en sécurisant la continuité de leurs opérations en zone offshore. Pour le chef de division support aux opérations de TotalEnergies EP Congo, Lionnel Petyth, la remise de diplômes symbolise « l’aboutissement d’un parcours exigeant et porteur d’avenir ». L’entreprise conforte ainsi sa licence sociale d’exploitation, gage d’une gouvernance énergétique pacifiée et alignée sur les objectifs de développement durable (Nations unies, 2015).
Témoignages : de la théorie aux premiers gestes professionnels
Parmi les lauréats, la voix de Ngolo Lenvo Sephora résonne tout particulièrement. « La mécanique intimide au début, surtout pour une femme, mais je termine avec mention très bien », confie-t-elle sous le regard ému de ses proches. Son parcours illustre la dynamique d’inclusion recherchée par le programme : casser les stéréotypes de genre et ouvrir l’industrie à des talents encore sous-représentés. De leur côté, les formateurs ont reçu des attestations d’encouragement, signe que la transmission reste au cœur du dispositif. Plusieurs entreprises sous-traitantes du secteur pétrolier se sont déjà manifestées pour anticiper leurs besoins en main-d’œuvre locale, confirmant l’attractivité d’un label de compétence forgé in situ.
Perspectives : vers une démultiplication des cohortes et des filières
L’édition inaugurale laisse entrevoir un élargissement des filières de formation, du contrôle-commande numérique à la soudure sous atmosphère contrôlée, compétences stratégiques pour les futurs projets gaziers du pays. À moyen terme, TotalEnergies EP Congo envisage de doubler le nombre de bénéficiaires et de renforcer la composante entrepreneuriale, afin que certains diplômés puissent créer des micro-prestations de maintenance au service du tissu industriel local. Cette trajectoire s’inscrit dans l’ambition nationale de faire émerger, d’ici 2030, une classe moyenne technique capable de soutenir la diversification hors-pétrole, ambition réaffirmée lors des dernières assises gouvernementales sur l’emploi des jeunes.