Un partenariat stratégique pour l’écosystème PME congolais
La signature, le 22 août, d’une convention entre le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement et l’Organisation de développement des entreprises locales a captivé l’attention des acteurs économiques présents au Forum horizon initiative et créativité de Pointe-Noire.
Cette étape consacre la volonté des autorités de densifier un tissu de petites et moyennes entreprises capable d’absorber la jeunesse diplômée tout en diversifiant la base productive, conformément à l’axe prioritaire du Plan national de développement 2022-2026.
Mécanismes de garantie et rôle du Figa
Créé en 2021, le Figa ne se substitue pas aux banques ; il sert de catalyseur en apportant sa signature souveraine à hauteur de cinq milliards de francs CFA, rassurant ainsi la finance traditionnelle sur la viabilité d’unités souvent considérées trop petites.
Son directeur général, Dayi Allaire Branham Kintombo, résume la philosophie : « Notre mission est de créer la confiance nécessaire pour que les établissements de crédit accompagnent artisans et PME ». Le message souligne l’importance du risque partagé dans les économies émergentes.
Les ambitions chiffrées de l’Odel
Face à la presse, le président de l’Odel, Ebeh Deschagrains, a salué un aboutissement de six mois de négociations et annoncé une ligne de garantie dédiée à ses soixante-quinze entreprises membres, pouvant s’étendre ensuite à mille structures.
L’organisation ambitionne de générer près de huit mille emplois directs, ce qui représenterait, selon ses estimations, un apport annuel d’environ cinq milliards de francs CFA en masse salariale, renforçant le marché intérieur et la consommation nationale.
Kolisa, un crédit inclusif
Symbole concret du dispositif, le crédit Kolisa a remis à dix bénéficiaires, en séance publique, la première tranche d’une enveloppe totale destinée à cinq cents entrepreneurs issus de la restauration, du e-commerce, de la cosmétique, de l’habillement ou encore de la coiffure.
Le montant global, 63,8 millions de francs CFA, sera réparti sur des tickets variant entre cent mille et un million, en fonction de la solidité des business plans vérifiés par le Figa, les experts terrain et les institutions de microfinance partenaires.
Parmi les lauréats, Ricci El Louemba a confié « sa joie de faire avancer son activité d’habillement », tandis que Doriane Mayoukou ou Prince Jospin Sitou se disent prêts à élargir leurs réseaux d’approvisionnement, signe d’un écosystème commercial plus intégré.
Processus de sélection et gouvernance financière
Le directeur adjoint du Figa, Brice Makaya, rappelle que chaque dossier suit un parcours strict : dépôt, enquête terrain, contre-expertise puis décaissement en deux semaines, un rythme salué par les observateurs comme un progrès notable dans la célérité administrative.
Selon une source bancaire présente au forum, la mutualisation du risque via la garantie souveraine abaisse de 40 % le ratio de provisions exigé, ouvrant la voie à un volume de crédit plus important sans menacer la solidité des bilans.
Pointe-Noire, laboratoire d’une diversification
Capitale économique et portuaire stratégique, Pointe-Noire tire avantage de ses infrastructures logistiques pour attirer les initiatives privées ; la convention Figa-Odel s’ajoute aux zones industrielles en développement autour du terminal minéralier et du corridor Pointe-Noire-Brazzaville-Ouesso.
Les autorités locales voient dans cet afflux de projets un relais de croissance non pétrolière, compatible avec l’engagement climatique du Congo et la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine, dont les premiers effets tarifaires se profile d’ici 2025.
Enjeux macroéconomiques et diplomatiques
À l’échelle nationale, l’accès au financement demeure l’un des sept piliers analysés par la Banque africaine de développement pour son indice de compétitivité ; renforcer ce pilier pourrait améliorer la position du Congo, classé 22ᵉ en Afrique centrale en 2022.
Plusieurs ambassades présentes à Brazzaville observent ces dispositifs, y voyant un environnement plus sûr pour les co-investissements et la délégation de fonds climatiques, thème abordé lors de la visite récente de la ministre française Chrysoula Zacharopoulou.
Afin de consolider la confiance, le ministère des Finances envisage de publier, chaque trimestre, un tableau de bord public recensant taux de remboursement, emplois créés et empreinte fiscale, une mesure jugée « transparente et incitative » par le cabinet d’audit Ernest & Young.
Perspectives pour 2024-2025
Le Fhic prévoit, lors de sa sixième édition, d’intégrer un village des investisseurs étrangers et des formations sur la gouvernance environnementale, sociale et de gouvernance, afin d’aligner les porteurs de projets sur les exigences ESG croissantes des marchés internationaux.
Les partenaires techniques, dont le Programme des Nations unies pour le développement, envisagent d’appuyer la digitalisation du guichet unique et la mise en place d’outils de suivi en temps réel, renforçant ainsi l’arsenal d’accompagnement à l’entrepreneuriat local.
Voix des entrepreneurs sur le terrain
Dans les couloirs du forum, Marina Bopaka, restauratrice, souligne que l’accès à une ligne de crédit de 500 000 FCFA lui permettra de remplacer ses réfrigérateurs par des modèles à faible consommation, réduisant ses coûts énergétiques et son empreinte carbone.
Pour Chadrac Mavoungou, expert en commerce numérique, la montée en puissance de plateformes locales de paiement mobile, couplée à ces financements, « ouvre enfin aux start-up congolaises la possibilité d’exporter des services digitaux dans toute la sous-région ».