Un bilan national à la veille du 15 août
Annoncés la veille de la fête nationale, les résultats du Brevet d’Études du Premier Cycle 2025 confirment la montée en puissance du système scolaire congolais. Sur 123 515 candidats, 84 111 décrochent le précieux sésame, établissant un taux de réussite national de 68,10 %.
Jean Luc Mouthou, ministre en charge du secteur, salue un bilan « encourageant » tout en rappelant l’exigence de rigueur. Pour lui, les chiffres démontrent que les réformes engagées gagnent en efficacité et qu’il faut maintenant transformer ce succès statistique en excellence pérenne.
Des départements qui tirent le classement vers le haut
Le département de la Sangha crée la surprise avec 78,09 %, devant les Plateaux à 77,40 % et la Cuvette à 75,81 %. Cette performance, attribuée à un suivi pédagogique rapproché, repositionne le Nord comme laboratoire des bonnes pratiques éducatives nationales.
À Brazzaville et Pointe-Noire, où la densité scolaire est la plus élevée, les taux frôlent respectivement 69,26 % et 65,28 %. Les autorités locales se réjouissent d’avoir contenu les effets de l’urbanisation rapide sur l’encadrement, grâce à des plans de recrutements d’enseignants contractuels.
Hors frontières, la diaspora scolaire se distingue: la Chine enregistre un sans-faute, tandis que le centre du Cabinda en Angola atteint 99,26 %. Ces chiffres illustrent, selon l’Unesco, la vitalité linguistique et académique des communautés congolaises établies à l’étranger.
Politiques éducatives sous Sassou Nguesso
Depuis le lancement du Plan Décennal d’Éducation 2015-2025, le gouvernement a construit près de 3 000 salles de classe, modernisé des internats et introduit progressivement le numérique pédagogique. Les partenaires techniques, dont la Banque mondiale, soulignent la cohérence d’investissements estimés à 4 % du PIB.
L’accent mis sur la formation continue des enseignants s’est traduit par la création des Écoles normales supérieures régionales. « Nous disposons enfin d’une masse critique de formateurs », explique Paul-Gaston Mabiala, inspecteur général, mettant en avant la professionnalisation du corps professoral comme principale clé des progrès.
À côté des infrastructures, le gouvernement a subventionné plus de 400 000 manuels cette année. Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso rappelle que « la gratuité de l’éducation de base n’a de sens que si le matériel suit », insistant sur l’accès équitable aux ressources didactiques.
Les voix du terrain et des partenaires
Dans les établissements, la réussite s’explique aussi par la mobilisation parentale. À Ouesso, l’Association des parents d’élèves indique avoir financé des cours de soutien du soir. « L’implication communautaire change le rapport à l’école », observe la sociologue Mireille Okemba, auteure d’une étude sur les cercles d’entraide.
Les organisations internationales saluent la stabilité institutionnelle qui permet l’aboutissement des examens nationaux. Le représentant de l’Unicef à Brazzaville insiste sur la « résilience administrative » de l’État congolais, capable de maintenir un calendrier scolaire complet malgré les aléas économiques et climatiques de la sous-région.
Du côté des élèves, le sentiment dominant est celui d’une confiance retrouvée. « Nous avons senti que la correction était sérieuse », témoigne Josiane, 16 ans, admise dans le Kouilou. Cette crédibilité renforcée du diplôme devrait, selon les économistes, améliorer l’employabilité des futurs bacheliers.
Cap sur une excellence inclusive et durable
Si les résultats 2025 marquent une étape, le défi reste l’excellence globale. Le ministère veut porter le taux national au-delà de 75 % d’ici 2027, en ciblant particulièrement les zones forestières enclavées où l’absence de connexion internet limite l’usage des plates-formes d’apprentissage à distance.
Un autre axe concerne l’orientation. L’introduction de modules de découverte des métiers en classe de troisième devrait aligner l’offre éducative sur les besoins de la diversification économique, qu’il s’agisse de l’agro-industrie, de la logistique fluviale ou des filières numériques en plein essor.
Enfin, la généralisation du sport-études et des clubs scientifiques vise à développer des compétences transversales. « L’excellence n’est pas que scolaire, elle est aussi citoyenne », résume un conseiller à la présidence, évoquant la future génération capable de défendre les intérêts du Congo dans les enceintes internationales.
La dimension stratégique pour la diplomatie
Pour les diplomates en poste à Brazzaville, ce taux de réussite consolide l’image d’un pays misant sur son capital humain. En période de reconfiguration géopolitique en Afrique centrale, l’éducation donne au Congo un avantage comparatif dans l’attraction des investissements à haute valeur technologique.
Le cabinet Oxford Business Group note que les multinationales examinent désormais le critère éducatif avant toute implantation. Les récents succès académiques, combinés à la stabilité politique, créent, selon ses analystes, un écosystème propice à l’implantation de centres de recherche régionaux et d’usines de production pharmaceutique.
En définitive, le BEPC 2025 agit comme un baromètre sociétal et diplomatique. Son signal est clair : investir dans l’école congolaise, c’est miser sur un partenaire fiable et une jeunesse ambitieuse. Reste désormais à transformer cette dynamique en chaîne de valeur pour l’ensemble du continent.
À court terme, les observateurs s’attendent à une consolidation du partenariat Congo-Union africaine sur la mobilité étudiante. Brazzaville pourrait accueillir dès 2026 un Forum panafricain de l’éducation, initiative destinée à promouvoir la reconnaissance mutuelle des diplômes et à stimuler la circulation des chercheurs.
