Des chiffres qui parlent
Brazzaville vient de publier les résultats des brevets techniques et professionnels de la session de juin 2025. Le tableau d’ensemble affiche une progression notable, culminant avec un taux historique de 100 % au Brevet de technicien forestier, résultat qui nourrit l’optimisme des décideurs.
Selon la délibération présidée par Rufin Mviri, 59 candidats du Btf ont tous franchi la barre de l’admission. Dans le même temps, le Bet enregistre 77,59 % de réussite sur 6 841 candidats, tandis que le Bep atteint 74,29 %.
Ces chiffres traduisent une amélioration sensible par rapport à la session précédente, confirmant la dynamique de progrès observée depuis trois ans dans l’enseignement technique et professionnel congolais.
Réformes pédagogiques en action
Depuis 2018, le ministère de l’Enseignement technique a initié une refonte des programmes, priorisant l’adéquation formation-emploi. Des ateliers curriculaires, soutenus par l’UNESCO, ont permis de décliner les référentiels de compétences selon les besoins des filières industrielles et agroforestières.
La généralisation de l’approche par compétences a aussi entraîné l’introduction de modules de culture numérique, testés d’abord dans trois centres pilotes avant leur extension à l’ensemble des écoles techniques publiques.
Cette modernisation s’appuie enfin sur la création d’un fonds d’équipement alimenté par le budget national et des partenaires multilatéraux, permettant de doter les ateliers de machines répondant aux standards régionaux.
Un accent particulier a été mis sur l’évaluation numérique des examens blancs, permettant aux apprenants de recevoir des retours individualisés en temps réel et aux inspecteurs de disposer de tableaux de bord pour ajuster les objectifs pédagogiques.
Engagement des enseignants
Les résultats de 2025 soulignent également l’implication accrue des enseignants, bénéficiaires d’un vaste programme de formation continue centré sur la pédagogie active et l’évaluation par projet.
« Nous avons privilégié les situations d’apprentissage concrètes, proches du milieu professionnel », explique un formateur du Centre d’excellence de Talangaï, saluant le soutien matériel octroyé par l’État et la régularité des ateliers pédagogiques.
La mise en place d’un système de tutorat entre enseignants chevronnés et jeunes recrues a, selon les chefs d’établissement, favorisé un partage rapide des bonnes pratiques et renforcé la cohésion professionnelle.
Dans plusieurs lycées techniques, des forums trimestriels réunissant entreprises, élèves et décideurs locaux servent désormais de plateformes d’orientation, éclairant les jeunes sur les compétences les plus recherchées et les possibilités d’entrepreneuriat.
Apport du secteur privé
Au-delà de l’engagement public, plusieurs entreprises locales ont multiplié les partenariats, ouvrant leurs ateliers à des stages certifiants. Dans la filière forestière, la société CongoTimber accueille désormais la moitié des stagiaires Btf durant six semaines, rapprochant théorie et pratique.
Les filières électrique et mécanique profitent, elles, du programme d’alternance signé avec la zone économique spéciale de Pointe-Noire, donnant accès à des chaînes de montage modernes et à des formateurs issus de l’industrie.
Le Conseil supérieur de la libre entreprise salue cette dynamique, y voyant un levier supplémentaire pour la compétitivité nationale et pour l’insertion professionnelle des jeunes diplômés.
Le gouvernement envisage de formaliser ces collaborations à travers un pacte national de l’apprentissage, prévoyant des incitations fiscales pour les entreprises offrant un quota minimum de places de stage agréé.
Enjeu régional et coopérations
Le succès de la session 2025 conforte la place du Congo-Brazzaville comme pôle de formation au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, un atout relevé dans le dernier rapport de la Banque africaine de développement.
Des accords bilatéraux, signés avec le Cameroun et le Gabon, prévoient dès 2026 un échange de formateurs et la reconnaissance mutuelle des brevets, ouvrant la voie à une mobilité accrue des techniciens.
Pour le professeur Émile Samba, expert de l’organisation africaine pour la formation professionnelle, « la standardisation des référentiels congolais facilite l’interopérabilité des compétences et renforce l’intégration sous-régionale ».
Cette reconnaissance internationale alimente les discussions autour d’une future accréditation ISO des centres d’examen, synonyme de visibilité accrue.
Cap sur l’avenir
Malgré les avancées, les autorités reconnaissent la nécessité de maintenir l’effort sur l’entretien des équipements et la modernisation des internats, afin de garantir une qualité d’accueil propice à la réussite durable.
Un nouveau plan stratégique 2025-2030, actuellement en consultation, mise sur la digitalisation des examens, l’implantation de fab-labs et la création d’incubateurs sectoriels pour transformer les établissements en véritables hubs d’innovation.
Le ministère table également sur une collaboration accrue avec la diaspora technicienne, invitée à contribuer à des cours magistraux en ligne et à des programmes de mentorat, renforçant ainsi les ponts entre formation nationale et exigences internationales.
Le chef de l’État a récemment évoqué, lors d’un conseil des ministres, l’idée d’exporter l’expertise congolaise vers les pays côtiers voisins, soulignant les retombées diplomatiques potentielles d’un corps de techniciens formés localement.
À l’issue de la proclamation des résultats, Rufin Mviri a salué « la convergence d’efforts entre élèves, parents, enseignants et partenaires ». Ce consensus conforte la volonté du Congo de s’appuyer sur le capital humain pour soutenir son agenda de développement.