Ce qu’il faut retenir
À Brazzaville, la 44ᵉ session de l’UEAC a fixé à 85,9 milliards FCFA le budget 2026, soit 2,42 % de plus qu’en 2025. L’accent est mis sur la discipline fiscale, l’audit, l’opérationnalisation du Fodec et la finalisation du Free Roaming pour galvaniser l’intégration.
Contexte régional sous pression
La relance post-pandémie, la volatilité des matières premières et les impératifs de convergence macroéconomique placent les six États membres devant des choix difficiles. Le Congo, hôte de la session, mise sur une CÉMAC plus solide pour soutenir ses propres réformes et attirer les investisseurs dans la zone.
Le point budgétaire 2026
Le budget passe de 83,89 milliards FCFA à 85,92 milliards. Près de 21,5 % des crédits iront au Fonds de développement de la communauté, appelé à devenir un véhicule d’investissement. Les dépenses de fonctionnement sont contenues afin de dégager des marges pour les programmes prioritaires.
Discipline autour de la TCI
La Taxe communautaire d’intégration reste la première source de financement, mais son recouvrement demeure inégal. « Chaque retard compromet nos projets structurants », a alerté Baltasar Engonga Edjo’o. Les ministres promettent des mécanismes incitatifs et des pénalités graduées pour sécuriser la ressource.
Gouvernance financière renforcée
Un comité d’audit communautaire verra le jour, adossé à des manuels de procédures qui feront référence commune. La République gabonaise est chargée de proposer l’architecture de cette instance. L’objectif est double : rassurer les partenaires au développement et accélérer l’exécution des recommandations.
Focus sur les projets structurants
Prélèvement d’interconnexion énergétique, modernisation des corridors routiers et digitalisation des douanes figurent sur la short-list soutenue par le Fodec. « Nous voulons des projets visibles, dès 2026 », a insisté Ludovic Ngatsé, rappelant que l’intégration se juge sur le terrain, non dans les communiqués.
Free Roaming : la bataille technologique
L’initiative de téléphonie à coût réduit dans l’espace CÉMAC doit être finalisée. Les États reconnaissent les défis techniques, mais un cadre tarifaire progressif est déjà dessiné. Les régulateurs nationaux doivent désormais harmoniser la gestion du spectre et la portabilité des numéros.
Surveillance multilatérale 2024
Le dernier rapport de convergence relève des progrès sur l’inflation et la dette publique, mais pointe la persistance des arriérés intérieurs. Les ministres appellent à maintenir le cap des réformes pour préserver la crédibilité de la zone franc CFA, pilier de stabilité régionale.
Le rôle moteur du Congo
En abritant la session, Brazzaville consolide sa réputation de capitale diplomatique d’Afrique centrale. Les autorités congolaises entendent traduire les résolutions communautaires dans leur budget national 2026 pour capter davantage de flux commerciaux depuis les pays voisins enclavés.
Regards des bailleurs
Banque mondiale, Banque africaine de développement et Union européenne suivent de près la capacité de la CÉMAC à mutualiser les risques. La création du comité d’audit est perçue comme un signal positif, susceptible de débloquer de nouvelles lignes de crédit concessionnelles.
Impacts attendus pour le secteur privé
Les opérateurs de la zone espèrent une réduction des coûts logistiques et une meilleure lisibilité fiscale. La Chambre de commerce de Pointe-Noire estime qu’une collecte intégrale de la TCI générerait, dès 2027, un gain de compétitivité pouvant atteindre deux points de marge pour les PME exportatrices.
Scénarios 2026
Si la TCI est recouvrée à 95 %, les investissements régionaux pourraient se hisser à 500 milliards FCFA sur trois ans, selon les projections de la Commission. À l’inverse, un maintien des retards réduirait la capacité d’action à moins de la moitié, retardant l’agenda d’intégration.
Le point juridique et éco
La bascule vers le budget-programme impose une reddition trimestrielle des comptes. Cette exigence est adossée à de nouvelles directives communautaires transposables dans les États. Les entreprises qui bénéficient de fonds communautaires devront publier un reporting extra-financier dès la phase pilote.
Voix de la société civile
Des plateformes citoyennes, réunies en marge de la session, saluent l’ouverture accordée aux Ong pour suivre l’exécution des projets. Elles réclament toutefois la publication en ligne des rapports d’audit afin de consolider la confiance, notamment auprès des jeunes entrepreneurs du numérique.
Cartes et data en soutien
Un atlas régional, en chantier à l’Institut sous-régional de statistique, géolocalisera les projets financés. Les ministres y voient un outil pédagogique pour rendre compte des progrès et aiguiller les investisseurs vers les zones à fort potentiel, des bassins forestiers aux ports atlantiques.
Photographie des finances publiques
Les recettes propres n’assurent que 60 % des besoins de fonctionnement de la Communauté. D’où l’intérêt accru pour le Fodec. Celui-ci pourrait évoluer vers un fonds doté de produits d’épargne régionaux, afin d’élargir la base de souscripteurs au-delà de la TCI.
Témoignage d’expert
Pour l’économiste camerounais Daniel Eko’o, « la CÉMAC franchit un palier de maturité. Reste à prouver que la culture du résultat peut s’enraciner durablement. Les nouveaux outils d’audit sont indispensables, mais c’est la volonté politique qui fera la différence ».
Et après ?
Une session extraordinaire est annoncée dans les mois qui viennent pour entériner les procédures financières. D’ici là, la Commission mènera une mission de terrain dans chaque capitale. Les conclusions devraient baliser la mise en œuvre du budget dès le premier trimestre 2026.
