Ce qu’il faut retenir
Le 10 octobre, Brazzaville a entériné une analyse inédite du paysage climatique pour les enfants, pilotée par le ministère de l’Environnement et l’Unicef. Le document révèle l’exposition accrue des 0-18 ans aux vagues de chaleur, inondations et maladies hydriques, et propose une palette de solutions concrètes.
Les auteurs insistent sur l’intégration systématique de la jeunesse dans la planification nationale, objectif soutenu par la ministre Arlette Soudan-Nonault. Des appels à financement et à innovation sont lancés pour moderniser écoles et centres de santé, afin qu’ils résistent aux chocs climatiques tout en éduquant à la protection de la biodiversité.
Contexte institutionnel et scientifique
Le Congo-Brazzaville possède 65 % de couvert forestier, mais subit déjà l’irrégularité des pluies et la montée des eaux côtières. Les travaux de recherche menés depuis 2021 ont croisé données météorologiques, enquêtes sanitaires et cartographie de vulnérabilité pour aboutir au rapport validé en atelier multipartite.
La démarche répond à l’article 6 de l’Accord de Paris, qui encourage l’éducation climatique. Elle s’inscrit dans la stratégie nationale de lutte contre les changements climatiques, document-cadre adopté en 2022 avec l’appui de la CEMAC, rappelant l’engagement du pays à conjuguer croissance verte et protection sociale.
Risques climatiques identifiés
Chez les mineurs, la malnutrition liée aux sécheresses figure parmi les menaces majeures, exacerbée par les pertes agricoles dans la cuvette centre-nord. Les inondations récurrentes à Brazzaville et Pointe-Noire compromettent l’accès à l’eau potable, dégradent les latrines scolaires et favorisent les maladies diarrhéiques.
Le rapport pointe aussi l’augmentation des épisodes de chaleur extrême. À Owando, la température moyenne a gagné 1,2 °C en trente ans, accroissant la fatigue thermique et les abandons scolaires saisonniers. Sans adaptation, près d’un million d’enfants pourraient connaître un stress hydrique sévère d’ici 2030.
Stratégies de résilience proposées
Les experts recommandent la construction de salles de classe ventilées, l’installation de toits réfléchissants et la création de bassins de rétention d’eau autour des établissements. Ces mesures simples réduiraient de 40 % les risques sanitaires lors des crues, selon la modélisation réalisée avec l’Université Marien-Ngouabi.
Le texte promeut l’agriculture scolaire climato-intelligente : jardins pédagogiques sur buttes, variétés tolérantes à la sécheresse, et compostage. À la clé, un double dividende : sécuriser la cantine et inculquer des pratiques régénératrices. Les centres de santé, eux, pourraient être dotés de panneaux solaires pour garantir la chaîne du froid vaccinal.
Voix des acteurs
« L’inclusion des jeunes n’est pas un slogan ; c’est la condition d’un Congo plus robuste », résume Arlette Soudan-Nonault. James Mugavu, représentant adjoint de l’Unicef, rappelle que chaque franc investi dans la prévention « épargne jusqu’à six francs de réponse d’urgence ».
Des enseignants de Makoua saluent déjà l’initiative pilote de clôtures végétales contre l’érosion des cours d’école. Des lycéennes engagées dans le club climat de Mfilou disent avoir « gagné confiance » à force de débattre de solutions locales, preuve que l’appropriation communautaire est en marche.
Scénarios d’évolution d’ici 2030
Le scénario d’inertie prévoit un accroissement de 15 % des cas de paludisme infantile liés aux inondations, grevant les budgets de santé. Le scénario d’adaptation modérée, avec 50 % des recommandations appliquées, stabiliserait cette tendance. Le scénario ambitieux, intégralement financé, pourrait réduire la morbidité de 25 %.
Les projections financières estiment le coût total des actions prioritaires à 120 millions de dollars sur sept ans. Les climatologues anticipent un retour sur investissement sociétal au triple, grâce à la baisse de l’absentéisme scolaire et à la productivité agricole accrue dans les zones périurbaines.
Le point économique et juridique
Le Congo peut mobiliser le Fonds vert pour le climat via un guichet d’adaptation, en complément du mécanisme régional CAFEI mis en place par la Banque de développement des États d’Afrique centrale. Fiscalement, la récente loi de finances introduit un crédit d’impôt pour les équipements scolaires écologiques.
Sur le plan normatif, un décret d’application de la loi 2019 sur la gestion des risques de catastrophe est attendu pour harmoniser les standards de résilience des infrastructures publiques. Les opérateurs privés, encouragés par des exonérations douanières temporaires, pourraient accélérer l’importation de matériaux bas-carbone.
Et après ?
Une task-force interministerielle doit finaliser d’ici six mois un plan d’action détaillé, assorti d’indicateurs de suivi accessibles en ligne. La création d’observatoires climat-enfance dans chaque département est envisagée, afin de collecter des données en temps réel et d’alimenter les futures cartes de vulnérabilité.
Les ménages seront sensibilisés par des programmes audiovisuels en langues nationales, tandis que les start-ups congolaises du numérique proposeront des applications d’alerte précoce adaptées aux téléphones basiques. Cette dynamique inclusive contribue à l’image d’un Congo résolument tourné vers un développement responsable, conforme aux orientations du président Denis Sassou Nguesso.