Clôture des sessions ordinaires 2025
Le 13 août 2025, les présidents Isidore Mvouba et Pierre Ngolo ont levé simultanément le rideau sur les sessions ordinaires de l’Assemblée nationale et du Sénat, soulignant la densité d’un calendrier parlementaire qui a conjugué contrôle gouvernemental, planification budgétaire et initiatives d’accompagnement des sinistrés victimes des récents déluges.
Dans l’hémicycle de Brazzaville, le président de l’Assemblée a salué la « dextérité du Gouvernement » dans la relocalisation des familles touchées par les inondations de juin, y voyant l’illustration d’une gouvernance pragmatique, attentive aux urgences humanitaires et porteuse d’un message d’empathie institutionnelle envers les populations plus fragiles.
En clôture, Pierre Ngolo a rappelé qu’« être parlementaire, c’est porter les aspirations de la nation », exhortant les élus à préserver l’unité avant la fête nationale du 15 août, moment symbolique où la résilience d’un peuple se conjugue avec des ambitions économiques désormais mieux balisées et partagées collectivement.
La priorité à la cohésion nationale
Les présidents des deux chambres convergent sur une constante : la cohésion sociale constitue le socle des réformes attendues, qu’il s’agisse de moderniser l’administration, d’élargir la couverture sanitaire ou d’accélérer les chantiers d’interconnexion régionale impératifs à l’attractivité du territoire congolais dans la zone CEMAC et au-delà des frontières maritimes.
Isidore Mvouba a appelé à bannir l’invective pour favoriser la critique constructive, écho fidèle aux orientations présidentielles visant à consolider un esprit républicain où le pluralisme n’équivaut pas à la discorde, mais instaure un débat axé sur l’efficacité des politiques et le partage des responsabilités entre tous acteurs.
Le gouvernement, appuyé par la Première Dame, a multiplié les initiatives sociales, du soutien aux filières agricoles à la formation des jeunes entrepreneurs, signes qu’une cohésion tangible naît d’actions concrètes et mesurables plutôt que de slogans, soulignent plusieurs analystes rencontrés à Brazzaville en marge de la session parlementaire.
Vers une présidentielle 2026 pacifique
L’approche de l’élection présidentielle de 2026 place les institutions congolaises sous le regard attentif des partenaires africains et internationaux, désireux de voir se confirmer les avancées observées en matière de consolidation démocratique depuis les réformes électorales de 2021 et l’adoption du nouveau code de transparence et intégrité publique.
Pierre Ngolo a exhorté l’ensemble des acteurs à créer un environnement préélectoral serein, insistant sur la responsabilité partagée de protéger les droits fondamentaux, garantir l’impartialité des organes techniques et prévenir les discours susceptibles d’alimenter la méfiance, condition indispensable à l’attractivité économique que recherchent investisseurs et bailleurs multilatéraux étrangers.
Les chancelleries présentes à Brazzaville rappellent que les scrutins apaisés constituent l’un des prérequis pour la mobilisation des ressources climatiques promises lors du sommet d’Abou Dhabi, élément capital pour un pays régulièrement confronté aux crues du fleuve Congo et à la volatilité des cours pétroliers sur les marchés.
Liberté d’expression et responsabilité
Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, le Parlement se penche sur des mécanismes d’autorégulation visant à équilibrer liberté d’expression et préservation de la paix publique, sans restreindre l’espace civique, mais en instaurant des lignes rouges contre l’incitation à la haine, la désinformation ou l’atteinte à l’honneur.
Les débats, nourris par les retours d’expérience du Togo, du Rwanda et du Sénégal, mettent en avant des approches graduées : campagnes d’éducation citoyenne, partenariats avec les plateformes numériques et renforcement des capacités judiciaires pour traiter rapidement les contentieux, évitant ainsi que la rumeur ne supplante les données vérifiées.
Selon un diplomate européen, cette stratégie « illustre la volonté congolaise d’anticiper plutôt que de subir », évitant la spirale observée ailleurs où l’outrance numérique a cristallisé des tensions électorales ; une observation partagée par des universitaires de l’Université Marien-Ngouabi qui prônent un dialogue intergénérationnel renforcé dans les médias traditionnels.
Perspectives budgétaires et sociales
Au-delà du climat politique, les sessions ordinaires ont esquissé le cadre macroéconomique 2026-2028, prévoyant une croissance moyenne de 4,3 % grâce à la reprise pétrolière et à la diversification agro-industrielle, avec un accent particulier sur le transport fluvial pour réduire les coûts logistiques intérieurs toujours élevés selon les prévisions.
Les députés ont validé l’orientation consistant à plafonner le déficit à 3 % du PIB, mesure saluée par la Banque des États d’Afrique centrale comme « un signal crédible de discipline », tandis qu’un comité mixte surveillera l’exécution pour éviter les dérapages qui avaient marqué l’exercice 2019 et 2020 cumulés.
Parallèlement, un nouvel instrument de financement des PME, adossé au Fonds de solidarité africaine, doit mobiliser 150 millions de dollars sur trois ans, ciblant particulièrement les entrepreneures rurales, afin de transformer les chaînes de valeur vivrières et stabiliser les revenus en zone forestière au nord du pays d’ici 2028.
Pour le politologue Michel Ngakala, cette feuille de route budgétaire « allie prudence et volontarisme » : prudence parce qu’elle consolide la stabilité macrofinancière, volontarisme parce qu’elle ouvre un espace budgétaire pour l’investissement social, clef de la concorde nationale que le Parlement place désormais au centre du contrat civique congolais.
