Ce qu’il faut retenir
Kinshasa table sur un décaissement de près de 400 millions USD une fois la deuxième revue du programme FEC et l’accord RST validés en décembre. L’appui combine soutien budgétaire et renforcement de la balance des paiements, consolidant la trajectoire de réformes engagées depuis 2024.
Contexte régional et partenariat avec le FMI
Depuis la relance du dialogue avec le FMI en 2024, la République démocratique du Congo a multiplié les signaux de sérieux budgétaire. La première revue du programme FEC avait ouvert la voie à une assistance accrue, tandis que l’environnement régional restait marqué par des chocs exogènes sur les matières premières.
Le mécanisme FEC et RST expliqué
La Facilité Élargie de Crédit offre un financement concessionnel assorti de conditions de réforme. Le nouveau pilier RST, plus récent, cible la résilience climatique et la durabilité. Ensemble, ils forment une ligne de défense financière et technique destinée à sécuriser la stabilité macroéconomique congolaise.
Le FMI souligne que l’alignement des deux instruments maximise l’effet de levier. « La RDC dispose désormais d’un cadre complet pour absorber les chocs et poursuivre ses ambitions de diversification », confie un membre de la mission séjournant à Kinshasa.
Chiffres clés du décaissement
Le volet FEC devrait libérer environ 280 millions USD, dont une part consacrée directement au budget de l’État. En combinant ce montant au tirage permis par le RST, les autorités s’attendent à un flux total proche de 400 millions USD, essentiel pour atteindre la couverture de trois mois d’importations.
Priorités budgétaires et salariales
Réunie le 4 novembre 2025, la Troïka politique, présidée par le ministre des Finances Doudou Fwamba Likunde, a réaffirmé la discipline budgétaire. L’accent est mis sur la soutenabilité de la masse salariale, un poste qui absorbe plus de 45 % des dépenses courantes selon la Banque centrale.
« Nous devons contenir les engagements nouveaux et garantir la qualité des recrutements », a rappelé le vice-ministre du Budget devant les experts du FMI, insistant sur un suivi mensuel des dépenses par un tableau de bord partagé entre Trésor et BCC.
Réformes fiscales et gouvernance
Au menu des recommandations figure l’élargissement de l’assiette fiscale. Les exemptions sectorielles seront passées au crible pour renforcer le rendement non pétrolier, objectif jugé compatible avec la dynamique de développement du secteur privé.
Kinshasa veut aussi moderniser la chaîne de dépense via une plateforme intégrée de gestion financière. Le FMI salue la création d’un code de conduite pour les établissements publics, considéré comme un pas vers plus de redevabilité.
Impact sur les réserves et la monnaie
Le renforcement des réserves devrait atténuer la volatilité du franc congolais observée en 2023. La Banque centrale prévoit de porter le stock de devises à quatre milliards de dollars, soit l’équivalent de treize semaines d’importations, seuil jugé prudent sans freiner la reprise du crédit à l’économie.
Scénarios et après ?
À court terme, le décaissement pourrait calmer les tensions sur le marché des changes, incitant les opérateurs miniers à rapatrier davantage de recettes d’exportation. Un scénario de référence anticipe une croissance de 6,5 % en 2026, si le calendrier de réformes est respecté.
En cas de dérapage budgétaire ou de choc sur les cours des métaux, le programme serait renégocié, mais l’existence du RST offre un coussin additionnel. Les autorités tablent sur la mise en œuvre d’une stratégie d’endettement prudent, orientée vers des projets à fort impact social.
