Ce qu’il faut retenir
La tentative conjointe d’Alger et Pretoria d’inscrire la question saharienne dans la Déclaration finale du G20 a échoué. Les paragraphes adoptés rappellent seulement des principes généraux de droit international et de souveraineté. Ce revers accroît l’isolement de leurs positions face à la communauté diplomatique.
Le contexte du sommet de Johannesburg
Le G20 s’est réuni pour la première fois en Afrique du Sud. Pretoria espérait capitaliser sur l’évènement pour polir sa stature continentale. La rencontre s’est toutefois tenue sous tension, avec l’absence inédite des dirigeants américain, chinois et russe, autrefois piliers du forum.
Manœuvres diplomatiques d’Alger et Pretoria
Selon plusieurs délégations, les représentants algériens et sud-africains ont plaidé avec insistance l’insertion d’un passage spécifique sur le Sahara. Leur argumentaire s’appuyait sur la défense du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais la démarche n’a pas trouvé d’écho parmi les autres membres du groupe.
Des formulations finalement neutralisées
Le texte définitif se limite, dans ses quatrième et cinquième paragraphes, à rappeler l’attachement aux principes de règlement pacifique des différends et au respect de la souveraineté des États. Aucun mot n’évoque le Sahara, confirmant la capacité des autres puissances à neutraliser la proposition.
Une Déclaration qui cite d’autres crises
Les leaders du G20 ont, en revanche, mentionné nommément le Soudan, la République démocratique du Congo, le Territoire palestinien occupé et l’Ukraine. Ils appellent à une paix juste et durable dans ces théâtres. L’inclusion de ces dossiers souligne, par contraste, l’absence de la question saharienne.
L’onde de choc pour Alger
Pour Alger, qui a consacré d’importantes ressources financières et politiques à la cause séparatiste, ce camouflet diplomatique est significatif. Le rejet réaffirme la prudence de nombreuses capitales, soucieuses de préserver de bonnes relations commerciales et sécuritaires avec Rabat, membre influent du continent.
Pretoria face à son propre déclin
L’Afrique du Sud comptait sur le sommet pour regagner le lustre perdu. La diplomatie sud-africaine, naguère incontournable, subit aujourd’hui un effacement relatif. L’échec de Johannesburg illustre cette tendance, d’autant que la mobilisation africaine autour de la proposition est demeurée limitée.
Les absences qui ont pesé
L’absence simultanée de Donald Trump, Vladimir Poutine et Xi Jinping a créé un vide interprétatif. Pretoria aurait pu l’utiliser pour revenir au centre du jeu, mais l’initiative sur le Sahara a crispé les partenaires. Elle a détourné l’attention des discussions économiques initialement prévues.
Positionnement des autres membres
Aucun communiqué individuel n’a soutenu la tentative algéro-sud-africaine. Les capitales latino-américaines et asiatiques ont préféré s’en tenir à la ligne de neutralité. Les pays européens, eux, ont plaidé le maintien d’un langage inclusif, mais non partisan, condition posée pour endosser le texte commun.
Lecture juridique du passage clé
En rappelant la souveraineté des États sans citer explicitement le Sahara, la Déclaration renforce tacitement la position marocaine. Le droit international public, tel qu’évoqué, protège l’intégrité territoriale reconnue. Les promoteurs du séparatisme voient ainsi se fermer une tribune qu’ils jugeaient stratégique.
Coût d’opportunité pour l’Algérie
Les milliards de pétrodollars investis depuis des décennies pour soutenir la cause séparatiste se heurtent à une diplomatie mondiale moins réceptive. Chaque revers alimente un débat interne sur la pertinence budgétaire d’un soutien prolongé, surtout dans un contexte économique national exigeant.
Référence implicite au Maghreb
Le silence du texte sur le Sahara tranche avec les références explicites aux autres crises, rappelant que le Maghreb reste absent des priorités immédiates du G20. Cette mise à distance renforce l’idée d’un conflit perçu comme régional et non global, malgré les efforts d’internationalisation.
Impact sur la scène africaine
Le leadership sud-africain, contesté par des économies émergentes du continent, s’en trouve fragilisé. Alger, traditionnel allié, voit aussi sa capacité à entraîner un consensus africain remise en cause. Rabat, inversement, engrange un succès symbolique sans avoir eu besoin d’être physiquement au centre des débats.
Scénarios d’ici le prochain sommet
Plusieurs diplomates s’attendent à ce qu’Alger et Pretoria cherchent d’autres enceintes pour relancer leur plaidoyer. Toutefois, la solidité du texte adopté à Johannesburg rendra complexes de futures divergences au sein du G20, surtout si les États absents reviennent à la table.
Calculs internes à Pretoria
Le gouvernement sud-africain, confronté à un ralentissement économique et à des attentes sociales fortes, misait sur un succès diplomatique pour redorer son image. La mise en échec de sa motion pourrait avoir un coût politique intérieur, alimentant les critiques sur la priorité donnée aux dossiers extérieurs.
Et après ?
La Déclaration finale rappelle que la paix reste la voie vers la prospérité. Alger et Pretoria devront décider s’ils persévèrent ou ajustent leur approche. La neutralisation de leur initiative pourrait ouvrir un temps de réflexion, voire un réengagement sur des thèmes économiques plus consensuels.
Encadré contexte
Créé pour stimuler la coopération entre grandes économies, le G20 n’avait jamais connu l’absence simultanée des dirigeants des trois premières puissances mondiales. Cet épisode illustre la fragmentation du multilatéralisme, un terrain sur lequel les puissances régionales tentent de se frayer une place.
Le point économique
La non-participation des États-Unis, de la Chine et de la Russie limite la portée des engagements financiers annoncés. Pour les marchés africains, l’incertitude demeure. Les investisseurs attendront de voir si le G20, dans sa configuration actuelle, peut encore produire des décisions à impact concret.
