Une injonction à la rigueur administrative
La levée de couleurs organisée devant la préfecture d’Impfondo, cette semaine, a pris des airs d’adresse solennelle. Face à un parterre d’agents publics clairsemé, le préfet Jean Pascal Koumba a rappelé « la responsabilité particulière qui échoit à chaque cadre de l’État dans la concrétisation des ambitions nationales ». Son propos, ferme mais mesuré, vise un objectif précis : enrayer l’absentéisme qui fragilise l’action publique dans un territoire grand comme la Hongrie et pourtant peu densément peuplé.
Un département à la géographie exigeante
La Likouala, vaste couloir forestier et fluvial, impose des contraintes logistiques que peu d’administrations provinciales connaissent. La saison des pluies rend parfois inaccessibles des bassins entiers, tandis que la frontière fluviale avec la République démocratique du Congo accroît les enjeux de contrôle. Pour le sociologue Béni Amougou, spécialiste des territoires enclavés, « l’assiduité n’est pas qu’une question morale ; elle devient un impératif fonctionnel dès lors qu’une absence de deux jours peut retarder une décision de plusieurs semaines ».
Assiduité et efficacité : le levier de la modernisation
L’insistance du préfet s’inscrit dans la ligne de la réforme administrative impulsée par Brazzaville, laquelle promeut la culture du résultat et la reddition de comptes. Dans sa dernière allocution, le premier ministre a rappelé que la déconcentration efficiente passe par « des hommes présents à leur poste, formés et responsabilisés ». Dans la pratique, la Likouala entend instaurer un relevé biométrique des présences et un tableau de bord trimestriel qui sera transmis au ministère de tutelle. Selon une source préfectorale, ces outils devraient être opérationnels avant la fin de l’année, « sans esprit de sanction, mais avec la volonté de stimuler la performance ».
Portefeuille de projets structurants
Le rappel à l’ordre intervient alors que plusieurs chantiers majeurs s’échelonnent dans le département. La reprise annoncée du complexe sportif d’Impfondo, confiée à un groupe de BTP chinois, ambitionne d’offrir un pôle omnisport moderne à la jeunesse locale. Sur le plan routier, la réhabilitation du corridor Dongou–Impfondo–Épena, sur près de 300 kilomètres, figure au rang des priorités du ministère de l’Équipement ; elle facilitera la mise en marché des produits agricoles et halieutiques. Deux ponts stratégiques, Sambala sur la Motaba et Bissambi sur l’Ibenga, doivent consolider la résilience du réseau. Enfin, l’hôpital général d’Impfondo bénéficiera d’une seconde équipe d’ingénieurs afin d’accélérer les travaux de son plateau technique de référence.
Partenariats et financement : la touche chinoise
L’implication croissante d’entreprises chinoises dans les grands travaux répond à une diplomatie économique que Brazzaville assume. Dans un entretien accordé à notre rédaction, un diplomate congolais souligne que « la coopération sino-congolaise allie financement préférentiel et transfert de compétences, un tandem qui colle aux besoins immédiats d’infrastructures ». À l’heure où la Likouala renforce son attractivité forestière et touristique, ces partenariats sont perçus comme des catalyseurs, à condition que la gouvernance locale reste vigilante sur les clauses sociales et environnementales.
Perspectives d’une administration au rendez-vous
Au-delà de la mise en garde, la démarche préfectorale se veut fédératrice. La mise en service de nouveaux équipements publics exigera une administration exemplaire, capable d’assurer maintenance, suivi budgétaire et dialogue avec les communautés. À moyen terme, les gains de productivité attendus devraient nourrir la compétitivité du département au sein de la zone Cémac. La conjugaison d’une présence active des agents et d’un investissement soutenu pourrait ainsi faire de la Likouala un laboratoire de gouvernance territoriale, illustrant la vision du président Denis Sassou Nguesso d’un État efficace jusque dans ses confins septentrionaux.