Ce qu’il faut retenir
Le ministère congolais des Petites et moyennes entreprises et la Fédération des femmes entrepreneurs d’Afrique centrale préparent un accord qui fera de la Fofe-Ac un partenaire technique officiel. Objectif : consolider l’entrepreneuriat féminin, soutenir les PME nationales et dynamiser l’intégration économique sous-régionale.
Aux côtés de la ministre Jacqueline Lydia Mikolo, la présidente Jacqueline Tientcheu mise sur un incubateur national, des programmes de transfert de compétences et le forum Feciac pour transformer l’essai. Les deux responsables voient dans cette alliance un levier de croissance inclusive et durable.
Contexte sous-régional
Avec onze organisations membres, la Fofe-Ac couvre un marché potentiel de plus de 150 millions d’habitants entre Gabon, Cameroun, Tchad ou République centrafricaine. Depuis sa création en 2020, elle plaide pour des politiques publiques favorables aux cheffes d’entreprise et facilite l’accès aux financements régionaux.
Brazzaville s’impose progressivement comme carrefour d’affaires pour l’Afrique centrale. Les initiatives gouvernementales en faveur des corridors logistiques et des zones industrielles, appuyées par la CEEAC, créent une demande accrue de services, de produits et d’innovation, un terrain propice pour les entrepreneures.
Un incubateur national tourné vers les femmes
Annoncé pour décembre, le centre incubateur national vise à accompagner les porteurs de projets durant les premières années, étape cruciale où 60 % des micro-entreprises ferment faute de conseils ou de capitaux, selon le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement.
La ministre Mikolo assure que l’incubateur privilégiera les dossiers présentant un cofondateur féminin ou un impact social avéré. L’approche inclut mentorat, assistance juridique et accès à des marchés pilotes. Les associations comme la Fofe-Ac auront un bureau permanent pour orienter leurs membres.
Les missions élargies de la Fofe-Ac
Devant la presse, Jacqueline Tientcheu a rappelé que son organisation n’est « ni un club d’affaires, ni un réseau mondain », mais un instrument de plaidoyer économique. Ses délégations nationales travaillent avec les chambres de commerce et les banques pour négocier des lignes de crédit.
Depuis début 2023, la Fofe-Ac pilote un programme d’alphabétisation numérique jugé stratégique, car près de 70 % des sociétaires gèrent encore leur comptabilité sur papier. Des formations ciblent aussi la confection, l’agro-transformation et les services numériques à forte valeur ajoutée.
Feciac, vitrine de l’investissement inclusif
Prévu les trois et quatre novembre, le Forum économique pour la croissance et l’investissement en Afrique centrale portera sur l’industrialisation verte, la chaîne de valeur bois et le financement vert. Deux stylistes turques encadreront des ateliers dédiés à l’artisanat durable.
Scénarios de partenariat
Selon un projet de mémorandum consulté par des sources proches du dossier, trois domaines pilotes sont envisagés : accès aux financements via le Figa, partage de marchés publics dédiés aux PME dirigées par des femmes et mutualisation des bases de données sur les opportunités régionales.
Un second scénario, plus ambitieux, inclurait l’installation d’antennes provinciales conjointes pour épauler les entrepreneures rurales. Les autorités étudient une exonération fiscale de trois ans pour les start-up incubées, mesure déjà appliquée au Rwanda et saluée par la Banque africaine de développement.
En contrepartie, la Fofe-Ac proposerait un système de garantie solidaire. Chaque projet bénéficierait d’un tutorat et d’une évaluation trimestrielle. Ce mécanisme, expérimenté au Cameroun, a réduit le taux de défaut de 18 % à 5 %, selon des chiffres internes.
Et après ? Vers un écosystème pérenne
Si l’accord est signé avant la fin de l’année, le Congo rejoindra le cercle restreint des pays ayant formalisé un partenariat public-privé dédié à l’entrepreneuriat féminin en Afrique centrale. Les observateurs y voient un signal de stabilité et de sérieux pour les investisseurs.
Le ministère des Pmea prépare également une plateforme numérique unique reliant registre du commerce, fiscalité et micro-crédit. Cette dématérialisation devrait réduire de moitié les délais de création d’entreprise. Les développeurs congolais seront mis à contribution, renforçant ainsi la chaîne locale de valeur numérique.
Sur le plan académique, l’Université Marien-Ngouabi négocie un module sur l’entrepreneuriat féminin à intégrer dès la licence en sciences économiques. Des ponts pourraient être dressés avec l’incubateur, permettant aux étudiantes de tester leurs prototypes avant d’affronter le marché.
Pour Jacqueline Mikolo, « investir dans les initiatives féminines n’est pas une option, c’est un multiplicateur de richesses ». La présidente de la Fofe-Ac renchérit : « Nous voulons passer de la parole aux contrats signés ». Les prochains mois diront quelle architecture sera retenue.
En attendant, les entrepreneures affûtent leurs business plans pour le Feciac où se joueront de premières levées de fonds. Brazzaville pourrait bien se positionner comme hub régional, à la croisée d’une diplomatie économique et d’un leadership féminin assumé.